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Procès Bukanga-Lonzo : La Cour constitutionnelle relance l’affaire Matata Ponyo ce 3 mars

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Après plusieurs reports, le procès du présumé détournement des fonds alloués au projet du parc agro-industriel de Bukanga-Lonzo reprend ce lundi 3 mars 2025 devant la Cour constitutionnelle. Cette reprise intervient après une longue attente et coïncide avec l’entrée en fonction du nouveau procureur général près la Cour constitutionnelle, John-Prospère Moke Mayele.

Un dossier relancé après de multiples reports

Initialement prévue pour le 11 novembre 2024, l’audience n’avait finalement pas eu lieu. Quelques mois plus tard, la Haute Cour décide de rouvrir ce dossier emblématique de la lutte contre la corruption en RDC. L’annonce a été faite le 28 février dernier à travers un extrait de rôle publié par la Cour constitutionnelle.

Jusqu’ici, c’était Jean-Paul Mukolo Nkokesha qui occupait le poste de procureur général près la Cour constitutionnelle. Après deux mandats, il a été nommé au Conseil d’État, ouvrant ainsi la voie à son successeur John-Prospère Moke Mayele, qui devra désormais assurer le suivi du dossier.

Matata Ponyo et ses coaccusés face à de lourdes charges

L’ancien Premier ministre Matata Ponyo, accompagné de l’homme d’affaires sud-africain Christof Grobler et de l’ex-gouverneur de la Banque Centrale du Congo (BCC), Déogratias Mutombo, sont accusés de détournement de plus de 115 millions de dollars dans la gestion du parc agro-industriel de Bukanga-Lonzo.

Les chefs d’accusation portent notamment sur :

  • Des avantages financiers indus,
  • Des surfacturations,
  • La création de sociétés écrans,
  • Des irrégularités administratives.

En plus de ces accusations, Matata Ponyo et Déogratias Mutombo sont également poursuivis pour ne pas avoir versé 89 millions de dollars destinés à la construction du marché international de Kinshasa.

Des montages financiers suspects mis en lumière par l’IGF

L’Inspection Générale des Finances (IGF) a mené une enquête approfondie sur le dossier de Bukanga-Lonzo, révélant des transactions suspectes impliquant AFRICOM, la société sud-africaine chargée de la gestion du projet. Selon le rapport de l’IGF, AFRICOM doit justifier un montant de 232 163 936,97 USD.

Un autre point troublant dans ce dossier est l’implication d’une société écran, Desticlox Pty Ltd, qui aurait servi à dissimuler des transactions douteuses.

Desticlox Pty Ltd : une société écran au cœur du scandale

L’IGF met en cause cette société enregistrée en octobre 2019 en Afrique du Sud sous le statut de commerce général, mais qui a rapidement élargi ses activités pour inclure la gestion de projets, précisément après la signature du contrat avec l’État congolais.

Les enquêteurs ont relevé plusieurs anomalies :

  • Desticlox Pty Ltd et Africom ont la même adresse physique en Afrique du Sud,
  • À Kinshasa, les deux sociétés partageaient les mêmes bureaux et le même personnel,
  • Desticlox Pty Ltd était à la fois fournisseur et gestionnaire du parc, une double fonction suspecte.

Des paiements douteux pour des infrastructures inexistantes

Les mêmes acteurs sud-africains impliqués dans Africom, Christof Grobler et Pieter Venter, ont également créé une autre société à Kinshasa en 2016, Agrivest, qui aurait reçu 11 069 300 USD du gouvernement congolais.

Les enquêteurs s’interrogent notamment sur un paiement de 4 941 600 USD pour le gravillonnage de la route menant à Bukanga-Lonzo, alors que cette dernière reste toujours en terre et sable.

Un procès attendu pour faire éclater la vérité

Ce procès est très attendu par l’opinion publique et les institutions de contrôle comme l’IGF, qui espèrent voir aboutir leur travail d’investigation et faire toute la lumière sur ce dossier.

La relance du procès intervient dans un contexte où le gouvernement congolais affiche une volonté accrue de lutter contre la corruption et le détournement des fonds publics. Toutefois, la complexité de l’affaire et l’implication de hauts responsables politiques et économiques en font un dossier sensible dont l’issue sera suivie de près tant au niveau national qu’international.

Reste à savoir si cette nouvelle audience permettra enfin d’avancer vers une justice effective et des sanctions appropriées contre les responsables de ce scandale financier.

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