Le fondateur du Magazine JeuneAfrique, le journaliste et homme d’affaires franco-tunisien Béchir Ben Yahmed, est décédé ce lundi 3 mai à l’hôpital Lariboisière, à Paris, à l’âge de 93 ans, a annoncé lundi le magazine à l’Agence France-Presse.
L’homme de presse était hospitalisé depuis la fin du mois de mars après avoir été contaminé par le coronavirus, précise le mensuel fondé il y a soixante ans dans un communiqué.
L’homme dit « BBY », un témoin clé des soubresauts de l’histoire panafricaine.
Né en avril 1928 sur l’île de Djerba, alors protectorat français, ce fils de commerçant, diplômé de HEC, avait œuvré pour l’indépendance et fait partie du gouvernement de Habib Bourguiba en tant que secrétaire d’Etat à l’Information en 1956-1957. Après avoir créé un premier magazine, L’action, en 1956, il lance en 1960 à Tunis Afrique Action, il sera rebaptisé l’année suivante Jeune Afrique. En effet, « après avoir mené de front ses carrières ministérielle et journalistique, il avait finalement opté pour la seconde et, pour se donner les moyens de son indépendance, avait décidé en 1962 de quitter Tunis pour Rome », puis, deux ans plus tard, « pour Paris, où le groupe est toujours installé », rappelle Jeune Afrique.
C’est donc depuis la capitale française qu’il a développé le magazine, devenu au fil des ans un média de référence sur l’Afrique francophone, parfois surnommé le « 55e État d’Afrique ».
« Fondé pour accompagner le mouvement d’émancipation des peuples qui, à l’orée des années 1960, accèdent à l’indépendance, Jeune Afrique a pris une part active dans tous les combats qui ont depuis rythmé l’histoire du continent », rappelle le média que « BBY », comme on le surnommait, avait longtemps dirigé.
Signalons que sous son impulsion, des géants de la littérature sont passés par « JA », comme Frantz Fanon, Kateb Yacine et, plus récemment, les prix Goncourt Amin Maalouf et Leïla Slimani. Le magazine a également marqué des générations de lecteurs.
Delphin TAMBWE