La pluie torrentielle qui s’est abattue sur Kinshasa dans la nuit du vendredi 13 au samedi 14 juin 2025 a laissé derrière elle un lourd tribut humain et matériel. Les communes de Ngaliema et Mont-Ngafula figurent parmi les plus durement frappées : des maisons se sont effondrées, des routes ont été emportées, et plusieurs familles ont été décimées. Selon différentes sources locales, des dizaines de personnes ont péri, emportées par des glissements de terrain ou piégées par des ravins brutalement réactivés par la puissance des eaux.
Dans ce climat de deuil et d’indignation, la question de la qualité des travaux publics exécutés dans ces zones géologiquement fragiles revient avec insistance. Dans la commune de Ngaliema, les habitants ont vu débuter, en mai 2024, des travaux au croisement des avenues Molwa (direction Lalou) et Cheval. Le chantier a commencé par la démolition d’une ancienne canalisation, remplacée par un collecteur d’eau sur 450 mètres aménagé le long de l’avenue Cheval, détruisant au passage les passerelles de sortie parcellaires, sans aucune réparation jusque-là.
Mais sur le terrain, ces aménagements suscitent aujourd’hui plus de craintes que de soulagement. Pour de nombreux riverains, les travaux n’ont fait qu’aggraver les déséquilibres hydrologiques. Le ravin Bolikango, déjà redouté, se détériore encore davantage sous l’effet du nouveau système d’évacuation. Par ailleurs, une nouvelle tête de ravin est apparue sur l’avenue Kimbembo, parallèle à Cheval, menaçant les habitations voisines ; plus de 20 parcelles en face du collecteur sur Cheval ont été inondées par les eaux.
Au croisement des avenues Molwa et Kimafu, un début d’érosion a également été signalé, amplifié par les récentes pluies. Quant au chantier de Bolikango, censé stabiliser la zone, il semble tourner en rond. « Chaque pluie efface le travail accompli la veille. L’entreprise ne fait que du surplace », déplore un habitant.
Face à ces constats alarmants, les experts préconisent en urgence des corrections sur le collecteur construit et la bétonisation complète de l’avenue Cheval, du début au Conseil de la ville jusqu’à son raccordement avec Molwa, soit environ 1 km. La stabilisation immédiate de la tête d’érosion sur Kimbembo est aussi jugée cruciale pour éviter un nouveau désastre.
Concernant le site Bolikango, toujours en chantier, certains acteurs locaux préfèrent temporiser : « Tant que les travaux ne sont pas achevés, il serait prématuré d’émettre un jugement définitif », confie une source technique.
Mais pour les habitants de Ngaliema et Mont-Ngafula, qui continuent de vivre sous la menace des pluies et de l’instabilité du sol, le temps des réponses concrètes est venu. Sans intervention rapide et coordonnée, les drames du week-end risquent de se répéter, avec des conséquences encore plus lourdes, d’autant plus que la communication est inexistante : aucune maquette de l’ouvrage ni cahier des charges n’a été partagé avec les communautés concernées.