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RDC : Interdiction de la couverture médiatique de Joseph Kabila, un recul inquiétant des libertés fondamentales d’après Human Rights Watch

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En imposant une interdiction de 90 jours à toute couverture médiatique de l’ancien président Joseph Kabila et de son parti, les autorités congolaises ont déclenché une vague d’inquiétude au sein de la société civile et des défenseurs des droits humains. Une décision prise après le retour très médiatisé de Kabila en République démocratique du Congo, au terme de deux années d’exil volontaire.

Cette mesure, qui vise à « préserver la stabilité nationale » selon les autorités, survient dans un contexte de tensions accrues dans l’est du pays, où Joseph Kabila mène depuis fin mai une série de consultations à Goma, ville aujourd’hui sous contrôle du M23, groupe armé appuyé par le Rwanda et accusé de nombreux crimes de guerre. Ce retour s’est accompagné d’un discours diffusé sur YouTube dans lequel l’ex-président critiquait ouvertement la gouvernance de Félix Tshisekedi et présentait un plan de paix pour l’est du pays.

Mais loin d’apaiser les esprits, cette intervention a attisé la polémique. Le Sénat congolais l’a récemment déchu de son immunité parlementaire, une première depuis sa nomination en 2019 au poste de sénateur à vie, ouvrant la voie à des poursuites judiciaires pour trahison, Kabila étant soupçonné de collusions avec les rebelles.

Dans une analyse publiée par Human Rights Watch, l’organisation de défense des droits humains dénonce la gravité de la situation :

« Ce dont la RDC a désespérément besoin en cette période difficile, c’est d’un plus grand respect des droits humains, et non l’inverse. »

Human Rights Watch alerte également sur le climat de répression croissante contre la presse. Depuis la fin de l’année 2024, des journalistes nationaux et internationaux ont vu leurs accréditations suspendues, certains étant menacés de poursuites pénales – voire de peine de mort – pour avoir couvert les actions du M23 ou évoqué la présence de l’armée rwandaise.

« Les autorités congolaises toléraient autrefois les critiques publiques, même si elles le faisaient sans joie. Aujourd’hui, les restrictions imposées aux médias se durcissent. » — Human Rights Watch

Une censure contre-productive ?

L’interdiction visant Kabila suscite aussi des critiques stratégiques. À vouloir faire taire l’ancien président, les autorités risquent de provoquer l’effet inverse : relancer l’attention nationale et internationale autour de sa personne.

« Une façon d’attirer l’attention des gens sur l’ancien président est de leur interdire d’entendre parler de lui. » — HRW

En République démocratique du Congo, la liberté de la presse et d’expression est consacrée par la Constitution. La censure à l’égard d’un ancien chef d’État – aussi controversé soit-il – soulève donc des questions de légalité et de légitimité, surtout dans un climat déjà tendu où le pays affronte sa plus grave crise sécuritaire depuis des années.

Entre les exactions du M23la répression des journalistesles soupçons de complicité entre acteurs politiques et groupes armés, et maintenant le musellement de figures politiques, la démocratie congolaise donne l’image d’un équilibre de plus en plus fragile, menaçant de basculer dans une dérive autoritaire.

La RDC a besoin de débats, pas de silence imposé.

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