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Kinshasa : Le CSAC interdit toute couverture médiatique du PPRD et de Joseph Kabila

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Coup de tonnerre dans le paysage médiatique congolais. Le président du Conseil supérieur de l’audiovisuel et de la communication (CSAC), Christian Bosembe, a annoncé ce mardi une interdiction formelle pour les médias de traiter toute information liée au Parti du Peuple pour la Reconstruction et la Démocratie (PPRD), ainsi que de relayer les propos ou apparitions publiques de l’ancien président Joseph Kabila.

« À partir d’aujourd’hui, il est formellement interdit aux journalistes et aux acteurs des médias, y compris sur les réseaux sociaux, de diffuser ou commenter les sujets en rapport avec le PPRD. Il leur est également interdit d’inviter ses représentants ou de diffuser les déclarations de l’ancien président Joseph Kabila », a-t-il déclaré au micro de Top Congo FM, précisant : « Cette décision, que j’ai jugé important d’annoncer ici, ne constitue pas une censure. Aucun droit n’a été bafoué. Les médias ne doivent pas devenir des vecteurs de subversion. »

Une annonce au goût de muselière médiatique, qui intervient dans un contexte politique de plus en plus électrique. Ces dernières semaines, Joseph Kabila s’est à nouveau exprimé publiquement, lors d’un discours à Goma, où il a dressé un tableau sévère de la situation nationale. L’ancien chef de l’État a appelé à un « pacte citoyen » pour « restaurer l’ordre démocratique » en République Démocratique du Congo.

Le gouvernement minimise, le CSAC sévit

Face à ce retour sur le devant de la scène, le gouvernement a rapidement réagi par la voix du ministre de la Communication et des Médias, Patrick Muyaya. Ce dernier a tenté de minimiser la portée de cette sortie en qualifiant Joseph Kabila d’homme « appartenant au passé ».

« Le peuple congolais a déjà exprimé sa position sur les réseaux sociaux. Le président Kabila, aujourd’hui, ne représente plus une option d’avenir », a-t-il déclaré, tout en réaffirmant la priorité du gouvernement sur les défis actuels : sécurité dans l’Est, ajustements budgétaires et relance économique.

Une interdiction sous fond de poursuites judiciaires

Cette mesure du CSAC intervient alors que le Sénat a récemment levé les immunités parlementaires de Joseph Kabila, ouvrant la voie à d’éventuelles poursuites judiciaires. L’ancien président est visé par un réquisitoire de l’auditeur général des FARDC pour complicité présumée avec la rébellion de l’AFC/M23, groupe armé soutenu par le Rwanda.

Dans ce climat de tensions et d’incertitudes, l’interdiction décrétée par le CSAC risque d’alimenter les accusations de dérive autoritaire et de musellement de la presse. Plusieurs observateurs y voient une tentative de faire taire une voix historique de la scène politique congolaise à l’approche d’échéances électorales sensibles.

Reste à voir si les médias, les organisations de défense de la liberté de la presse et la communauté internationale réagiront à ce qui s’apparente de plus en plus à une ligne rouge franchie.

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