Kinshasa, 1er mars 2025 – Après plusieurs mois derrière les barreaux de la prison de Makala, Seth Kikuni et Mike Mukebayi ont enfin recouvré la liberté. Leur détention, largement critiquée par la société civile et les organisations de défense des droits de l’homme, avait suscité de nombreuses interrogations sur l’indépendance du système judiciaire congolais. Aujourd’hui, leur libération soulève de nouvelles questions : simple manœuvre politique ou réel vent d’apaisement dans un climat politique tendu ?
Un emprisonnement controversé
Seth Kikuni, homme d’affaires et ancien candidat à la présidentielle, et Mike Mukebayi, journaliste et député provincial, avaient été arrêtés sous l’accusation d’incitation à la haine tribale, une charge souvent utilisée contre les figures contestataires du pouvoir. Leur arrestation avait immédiatement déclenché une vague d’indignation, leurs partisans dénonçant une persécution politique visant à museler les voix dissidentes.
Des organisations internationales et locales de défense des droits humains avaient dénoncé des violations des principes fondamentaux de la justice, estimant que les procédures judiciaires avaient été biaisées et que leur détention relevait plus d’un calcul politique que d’une réelle volonté d’appliquer la loi.
Une libération célébrée mais qui interroge
Le retour de Kikuni et Mukebayi à la liberté a été accueilli par une explosion de joie parmi leurs partisans. Des scènes de liesse ont été observées dans plusieurs quartiers de Kinshasa, où leurs soutiens y voient une victoire pour la démocratie et la liberté d’expression en RDC.
De nombreux leaders de l’opposition, à l’image de Martin Fayulu et de Moïse Katumbi, ont rapidement réagi pour saluer cette libération, tout en réitérant leurs critiques envers le système judiciaire congolais, accusé d’être instrumentalisé à des fins répressives. “Il est temps d’engager des réformes profondes pour éviter que la justice ne soit utilisée comme une arme contre les opposants politiques”, a déclaré un cadre de l’opposition.
Conséquences politiques : un nouvel élan pour l’opposition ?
Cette libération intervient dans un contexte où l’opposition peine à s’organiser face à un pouvoir qui a multiplié les arrestations et les interdictions de manifestations ces derniers mois. Avec le retour de deux figures influentes sur la scène politique, certains analystes estiment que cette dynamique pourrait redonner un souffle nouveau à l’opposition et relancer le débat sur les libertés fondamentales en RDC.
Cependant, d’autres voix plus sceptiques y voient une stratégie du pouvoir en place, qui chercherait à relâcher la pression internationale et à montrer des signes d’ouverture sans pour autant changer le fond du système.
Quel avenir pour Kikuni et Mukebayi ?
Alors que leurs partisans espèrent les voir reprendre activement leur rôle de contre-pouvoir, la question demeure : jusqu’où iront-ils ? Vont-ils intensifier leur combat politique ou adopter une posture plus prudente face à un régime qui ne tolère pas l’opposition frontale ?
Les prochains jours seront cruciaux pour observer l’évolution du rapport de force entre le pouvoir et l’opposition. Une chose est sûre : la libération de Seth Kikuni et Mike Mukebayi marque un tournant, mais reste à savoir si ce sera le début d’un changement véritable ou un simple épisode dans une longue série de tensions politiques en RDC.