Kinshasa s’apprête à franchir une étape significative dans la lutte contre la corruption avec la prochaine mise en service d’une ligne téléphonique dédiée à la réception de plaintes relatives aux élections. L’initiative, présentée par l’Agence de prévention et de lutte contre la corruption, vise à renforcer l’intégrité du processus électoral des sénateurs, gouverneurs et vice-gouverneurs en République démocratique du Congo.
Le 10 avril marquera le démarrage de cette « Ligne bleue anti-corruption », offrant aux citoyens le numéro 158 comme point de contact pour signaler des comportements frauduleux et contribuer ainsi à l’assainissement des pratiques électorales. Comme l’a souligné le coordonnateur de l’agence, Michel-victor Lessay, dans un communiqué, cette ligne constitue un outil concret dans la réponse aux défis actuels et dans la collecte de données indispensables aux investigations futures.
Cela étant dit, la question se pose sur l’efficacité réelle de cette mesure dans un contexte où les allégations de corruption électorale remontent déjà aux élections des députés provinciaux. Les critiques pointent du doigt un système déjà corrompu où des votes ont été achetés, où les futurs sénateurs et gouverneurs ont pu préfinancer des députés en amont pour s’assurer de leur soutien lors des scrutins.
Face à cette réalité, le lancement de la « Ligne bleue anti-corruption » soulève des interrogations légitimes quant à sa capacité à contrer les stratégies d’influence et les arrangements préélectoraux profondément ancrés. De même, la mesure apparaît comme un défi devant l’imposition des choix politiques par les partis et les regroupements, une pratique autant questionnée pour son impact anti-démocratique.
À la veille de cette initiative gouvernementale, la population congolaise et les observateurs politiques semblent divisés sur son potentiel succès. Si l’intention de protéger l’intégrité des élections est claire, la mise en application et l’adhésion citoyenne à cette « Ligne bleue » seront des indicateurs clés de son efficacité face aux pratiques de corruption bien établies dans le système électoral de la RDC.