Accueil Politique PAS D’ALTERNANCE DÉMOCRATIQUE LE 23 DÉCEMBRE 2018. LES OPPOSITIONS À JOSEPH KABILA...

PAS D’ALTERNANCE DÉMOCRATIQUE LE 23 DÉCEMBRE 2018. LES OPPOSITIONS À JOSEPH KABILA N’ONT AUCUN PROJET ALTERNATIF À VENDRE AU PEUPLE

0

EN QUOI L’ALTERNANCE CONSISTE-ELLE ?

Les sciences politiques modernes définissent l’alternance démocratique comme étant la garantie offerte dans un régime politique où des tendances, des partis ou des formations politiques d’option différente peuvent se succéder au pouvoir suite aux choix démocratiques du peuple souverain en connaissance de ses aspirations légitimes. C’est le cas lorsque la majorité est renversée par l’opposition, dans le respect des règles constitutionnelles, lors d’une élection législative ou présidentielle.

A l’opposé d’un régime monolithique, la possibilité qu’il y ait une alternance politique est l’une des conditions nécessaires à l’existence d’une démocratie digne de ce nom. Elle témoigne en effet de l’exercice affectif des libertés politiques dans un contexte pluraliste où le parti ou la coalition au pouvoir accepte de passer le flambeau en cas de défaite électorale, conséquence du rejet par la majorité de la population de sa gestion et de son bilan, au profit des promesses électorales des vainqueurs, jugées porteuses.

L’EXEMPLE FRANÇAIS DU 10 MAIS 1981

Le cas le plus emblématique de l’alternance survenue en France est sans nul doute l’avènement de François Mitterrand à l’Élysée le 10 Mai 1981. Ce jour-là, la France vécut une expérience inédite de la consécration d’une alternance démocratique, conduite par un leadership combatif autour d’un programme de gouvernement fondé sur les aspirations du peuple français au changement.
Cette première expérience a permis l’alternance politique au bénéfice de la gauche rassemblée, conduite par le socialiste François Mitterrand, après deux échecs précédents en 1965 et 1974. Valéry Giscard d’Estaing est battu en 1981 suite à une politique économique impopulaire dans un contexte de crise pétrolière, doublé de plusieurs scandales, dont l’affaire Bokassa.
Pendant la première partie du mandat de François Mitterrand (1981-1983) le gouvernement de la gauche a par voie de conséquence initié et adopté plusieurs réformes sociales, politiques, économiques et culturelles, conformément au projet de changement proposé au français.

LE CAS SPÉCIFIQUE DE LA RDC

Le concept d’alternance est expressément évoqué dans le préambule de la constitution du 18 février 2006 au point 3.7, comme l’une des préoccupations qui président à l’organisation des nouvelles institutions de la république.
À première vue à la lecture du préambule, le constituant s’est plus soucié de donner une réponse à la lutte contre les abus dus à l’usure du pouvoir, se référant à la sinistre expérience de la période du régime Mobutu. Une approche aussi minimaliste laisse l’impression de circonscrire l’alternance dans son seul aspect mécanique de succession au pouvoir d’État, sans en donner un vrai contour idéologique opposable aux acteurs politiques concourant aux hautes charges de la république.
Certes, l’alternance devrait avoir pour conséquence de renforcer la légitimité de la Constitution et l’adhésion des citoyens au régime politique du 18 février 2006, qui est la suite logique de la dynamique du changement et de redressement revendiqué depuis 1990. Il ne s’agirait donc pas d’un simple jeu de chaise musicale.
Cependant, une opinion fait croire que la limitation de nombre de mandat autorisé à un chef d’État dans la constitution du 18 février 2006 procède du principe de l’alternance politique. Ce point de vue est fondamentalement erroné pour des raisons suivantes. De un, un président élu peut échouer d’être réélu à l’issue de son premier mandat. Dans ce cas de figure, il y a bel et bien alternance dès lors que le victorieux est issue de l’opposition. De deux, la coalition qui soutient le président sortant, ayant à son actif deux mandats consécutifs, peut bien conserver le pouvoir, par l’élection d’un des leurs qui le succède démocratiquement à la présidence. De trois, la vraie alternance se joue au parlement. C’est là où la configuration de la majorité a ses appuis réels. La non-limitation de nombre de mandat des Députés et des sénateurs n’a aucune incidence sur la garantie de changement de majorité parlementaire à l’issue d’une élection. Comme il n’est pas exclu le schéma d’une cohabitation entre un président d’une coalition de gauche avec un parlement de droite ou vice-versa.
En RDC, L’usage du concept alternance est abusivement exploité par la CENCO, dont le devoir de neutralité a volé en éclat, dans l’optique de pousser les électeurs à voter le 23 décembre prochain pour les candidats de l’opposition, soutenue par les puissances impérialistes et néocolonialistes.

LE CONTENU IDÉOLOGIQUE D’UNE ALTERNANCE DÉMOCRATIQUE

Pourtant, dans les vieilles démocraties, l’alternance démocratique a nécessairement un contenu politique et idéologique clair. En français facile, cela s’appelle changement de vision et de programme politique au profit de celle qui a échoué.
Pour la RDC également, l’alternance ne peut signifier un pouvoir tournant, ni ne peut se confondre à la seule ambition politique d’un individu ou d’un groupe d’individu en quête de pouvoir d’État. Elle doit refléter pour cet individu ou ce groupe d’individu un contenu politique à impact perceptible, conduit par un leadership national exemplaire, fondamentalement rassembleur et non conflictuel, qui mette en première ligne de son projet les valeurs essentielles de notre nation, à savoir la recherche de la paix, de la cohésion nationale, de la défense des intérêts vitaux du pays et du progrès social, tel que tout projet d’alternance doit obligatoirement s’assoir sur des propositions en phase avec les aspirations et les besoins de l’opinion majoritaire.
Un projet d’alternance conforme au prescrit de notre constitution est celui qui ne peut s’imposer que par les voies démocratiques et non par la violence, aux voies de faits, à l’insurrection et à toutes autres méthodes déloyales, notamment celles qui s’appliquent en dehors des cadres institutionnelles. Il doit émerger et se faire accepter dans l’opinion par le débat contradictoire, la tolérance et l’esprit républicain.
Au regard des critères définis ci-haut, une alternance s’impose comme un choix incontournable par rapport à la gestion et le bilan de l’équipe en place. Ces exigences ci-dessus sont toutes interactives, incontournables et obligatoires pour faire un projet d’alternance crédible.
On ne peut comprendre une alternance démocratique qui ne soit assise sur un projet d’alternance politique crédible, une vision et un programme de gouvernement encadré par une équipe sociologiquement représentative et soudée qui la défende.

APRÈS LE CONTRAT CHINOIS, VOICI LE NOUVEAU CODE MINIER

À ce jour, force est de constater l’absence manifeste dans les débats, l’émergence d’un projet d’alternance crédible, en tant qu’alternative élaborée, qui s’imposerait face aux actions du pouvoir actuel. Pour rappel, C’est un décor d’enfer que croise le destin de Joseph Kabila en janvier 2001 arrivé au pouvoir dans les conditions dramatiques et dans un contexte de guerre que personne ne peut feindre d’ignorer. Le jour où il prête serment, tous se demandons par où ce jeune homme va-t-il commencer.
Le pays est carrément en lambeau dans tous les domaines de la vie nationale. Mettre fin à la guerre et à la division du pays en plusieurs « républiquettes », relancer le dialogue politique interrompu depuis lors, rétablir l’autorité de l’État dans sa dimension constitutionnelle, reconstruire les principaux équilibres macroéconomiques, renouer avec les institutions financières internationales, dont la coopération est interrompue depuis plus 10 ans suite à l’embargo diplomatique hérité du régime précédent. Remettre les congolais au travail, alors que le social, qui est un attribut incontournable de l’économie, doit encore attendre. Tout était donc prioritaire et à recommencer à zéro, après 32 ans de chaos qu’aucun pays africain n’avait connu, hormis la Somalie. Dans le souci d’y faire face, il n’y avait pas de recette magique.
Après des sacrifices ayant abouti à l’effacement de la dette de 12 milliards laissée par Mobutu, il fallait prendre le taureau par les cornes. Solution : recourir au contrat chinois, version congolaise du Plan Marshal.
Ce programme de tous les espoirs a été ouvertement combattu par les forces impérialistes, au point que des officiels des pays néocolonialistes et impérialistes ont, sans vergogne, fait des visites d’État en Chine pour dissuader les autorités à coopérer avec la RDC. Sur les neuf milliards de dollars de départ, juste moins d’un dixième a été débloqué à ce jour. En dépit de cela, les avancées sur le programme de reconstruction sur tous les plans sont palpables, telles que Joseph Kabila a su construire une légitimité politique sans équivoque, contre des discours déstabilisateurs de l’opposition.

JOSEPH KABILA A UN BILAN A DEFENDRE PAR RAPPORT À CELUI DE LA DEUXIEME REPUBLIQUE

Sous Joseph Kabila, le pays a amorcé d’importantes réformes, lesquels ont induit une dynamique de croissance jamais connu sous le règne de Mobutu. Le PIB par habitant est passé de 100 $ US par habitant en 2001 à 600 $US aujourd’hui alors que sous Mobutu, c’est plutôt la courbe descendante qui a caractérisé sa gestion, passant de 600 en 1965 à 170 $ US à la fin du régime. Signe d’une certaine santé économique par rapport au passé, Il est dénombré aujourd’hui par dizaine plusieurs sociétés créées suite à la stabilité macroéconomique retrouvée, des établissements bancaires et financiers par dizaine, plusieurs surfaces d’alimentation, un système de transport en commun très abordable et disponible, contrairement aux calvaires endurés pendant la deuxième république. Des sociétés de communication en plein essor. Autant que les routes sont construites ou réhabilitées, les barrages sont inaugurés, les stations de fourniture d’eau potable sont mises en service, des infrastructures portuaires et aéroportuaires en plein phase de réalisation etc….
En tout état de cause, la poursuite des efforts de reconstruction du Congo par une politique des grands travaux passe aujourd’hui par la mise en œuvre du nouveau code minier et l’utilisation rationnellement efficiente de ses effets financiers, en vue d’assurer la continuité des réformes en cours, la sauvegarde des acquis de la troisième république et la poursuite du combat pour le social du congolais. Pour ce faire, la politique de décentralisation doit aller jusqu’au bout de son application.

EN FACE, À LA VEILLE DES ÉLECTIONS DU 23 DÉCEMBRE 2018, TOUJOURS PAS D’ALTERNATIVE AU LEADERSHIP DE JOSEPH KABILA

Que nous proposent les oppositions au régime de Joseph Kabila ? Zéro intégral. Ce vide s’explique. Parce qu’en face du leadership du pouvoir en place, ces oppositions hétéroclites n’ont pas su s’assumer comme force des propositions constructives et alternatives, mais plutôt se sont illustrées par des luttes internes de positionnements politiques au point qu’elles n’ont pu se choisir un porte-parole conformément à la constitution, d’une part, mais surtout en raison d’une ligne de combat politique maladroitement radicale, basée sur l’intox, la diabolisation gratuite des dirigeants, la désinformation, la victimisation et la démagogie à outrance. Au lieu de rechercher la légitimité auprès du peuple, les opposants parcourent les capitales occidentales pour quémander l’appui des puissances impérialistes et néocolonialistes. En somme, une opposition acharnée contre la personne de Joseph Kabila, qu’à ses actions ou sa politique de gouvernance.
Ainsi, le combat politique de l’opposition, en ordre dispersé, s’est appuyé uniquement sur le principe de «ôte-toi de là que je m’y mette» ou des slogans du type «Kabila dégage», «transition sans Kabila», autrement dit, l’espoir d’obtenir à vil prix le pouvoir rotatif, tentant de faire passer l’idée que le 23 décembre 2018, le peuple doit voter pour l’opposition au titre d’un principe, du reste inexistant, de pouvoir tournant.
Comment ne pas redouter un tel discours lorsque l’on sait que les méthodes de lutte politique des opposants congolais se résument dans l’exploitation machiavélique et déloyale des frustrations des populations consécutives aux méfaits encore visibles de la mal gouvernance des années Mobutu. Oui, la misère est présente dans notre société.
Prenons le cas de la ville de Kinshasa aujourd’hui peuplée d’environ 15 millions d’habitants disséminés dans une extension urbanistique anarchique. Le constat est désolant. La grande majorité de la population est constituée de désœuvrés, à la suite de l’exode rural massif de ces 40 dernières années, conséquences des politiques irrationnelles du régime Mobutu. En particulier, les mesures de zaïrianisation de triste mémoire ayant détruit la grande partie des activités agroindustrielles dans l’arrière-pays, mais aussi des pillages successifs et des guerres récurrentes de ces dernières années.
Ainsi, la capitale a connu une croissance démographique exponentielle, sans que son urbanisation et les couteuses infrastructures fournissant les services sociaux de base, aient suivi la même courbe pendant la longue période de crise économique depuis la zaïrianisation.
C’est incontestablement suite à la faillite du régime de la deuxième république, qu’il soit aujourd’hui complexe de remonter du gouffre dans lequel la gestion de ce régime nous a laissé, sans y mettre, en comptant avec le temps, des investissements astronomiques à rechercher dans tous les domaines. C’est là que l’opposition fonde son discours démagogique, en exploitant de manière déloyale, les frustrations légitimes des populations en difficultés, faute de lui vendre un vari projet d’alternance.

Daniel MAKILA K.

Analyste politique

AUCUN COMMENTAIRE

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

Quitter la version mobile