IL Y A DIX ANS, LE CRASH DE L’AVION DE HEWA BORA A GOMA
CHRONIQUE D’UN SOUVENIR DE MAGLOIRE PALUKU
Mardi 15 Avril 2008- Dimanche 15 Avril 2018, il y a dix ans un avion Douglas DC-9-51 de la défunte compagnie d’aviation HEWA BORA faisait un crash sur l’avenue du commerce à Goma. 34 cadavres furent enterrés deux jours après mais le bilan avancé par différentes sources faisait état de 47 ou 48 morts. Dix ans après, les souvenirs de ce drame unique qui avait secoué la ville volcanique, juste après la conférence sur la paix et le développement du 6 au 23 Janvier 2008 sont encore éloquents.
C’est en plein Programme Amani que la ville de Goma sombra dans une histoire de crash d’avion qui avait créé un cycle de traumatisme chez beaucoup de passagers en Rdc. Si le signe Indien avait poursuivi la compagnie aérienne Hewa Bora, jusques à sa disparition après un autre dramatique crash le 11 Juillet 2011 à l’aéroport de Kisangani, des nombreuses familles sont restées orphelines et même la province du Nord-Kivu a perdu des grands commerçants et hommes de valeurs dans ce deuxième crash. Personne n’a oublié le millionnaire de Butembo, Paluku Lokwako Sylvain dit Palos, le commerçant Mahembe ou encore le jeune philanthrope et homme de culture de Goma Eva Bahati…
Pour le crash de Hewa Bora de ce mardi 15 Avril 2008, c’était entre 15h et 16h45 que le Boeing avec le numéro d’identification 9Q-CHN rate son décollage et va finir sa course sur les habitations et boutiques de l’avenue du commerce, l’une des plus mouvementées et de bizness de Goma. Le directeur de la Régie des Voies Aériennes(RVA) de l’époque, Thomas Eleko avait révélé que ‘’le moteur 1 de cet Boeing avait explosé après 300m du départ de l’avion. C’est en maîtrisant cet engin après avoir soudainement freiné que un pneu avait explosé dans cette vitesse et le Boeing alla finir sa course à la hauteur des boutiques, dépassant la piste 36 qui donne vers le quartier dit Birere. ‘’
On se souvient encore de ces flammes sortant de la carlingue, du feu dans une fumée noir. Des cris des victimes calcinées dans l’avion et morts au sol. On se souvient toujours de ces images évocatrices de la population venant au secours en tentant de stopper, désespérément, le feu avec des pierres et des bidons d’eau…
Le 16 Avril 2008, le PDG de la compagnie Hewa Bora, STAVROS PAPAIOANNO, avait dit que la boite noire de cet avion était déjà aux mains de la Monuc devenue Monusco aujourd’hui, avant de confirmer que Hewa Bora allait indemniser les victimes. Pour sa part, la Société Nationale d’Assurance (Sonas) avait récusé toute responsabilité, accusant Hewa Bora dans une correspondance au collectif des victimes le 25 Avril 2008, d’avoir utilisé un avion qui n’était pas en bon état.
C’est Zoé Kabila, le jeune frère du chef de l’Etat qui était arrivé à Goma avec 10 tonnes de médicaments et avait rendu visite aux rescapés internés à Heal Africa et l’hôpital General de Goma. Apres c’est sa belle sœur, Olive Lembe qui arriva pour reconstruire les boutiques détruites sur cette place historique de Goma où à son époque de femme commerçante, les camions chargés des sacs de haricots, maïs, pommes de terre, arachides, riz… venaient décharger leurs cargaisons en provenance des territoires de Rutshuru, de Lubero ou encore de Masisi. Le 17 Avril 2008, c’est le président de l’Assemblée Nationale Vital Kamerhe avec une grande délégation de députés étaient allés enterrer les 34 corps. Le ministre de l’intérieur, sécurité et décentralisation, Denis Kalume avaient représenté le gouvernement à ces obsèques.
Mais que sont devenues les victimes rescapées de ce crash ? Après la mort de la compagnie Hewa Bora, c’est du ‘’résolue-non-accompli » !
Il y a trois ans, une jeune fille de moins de 16 ans, victime de ce crash, vivait toujours avec un traumatisme psychologique qu’elle avait peur de toute sorte de bruit. Elle était restée, avec toute sa famille, à la même place où les avions décollent et atterrissent tous les jour à Goma en traversant la toiture de leur maison. !
L’avion Douglas DC-9-51, avec numéro d’identification 9Q-CHN qui avait fait 48 morts en tout avec 146 blessés ce mardi 15 Avril 2008 entre 15h et 16h45 à Goma, avait placé la ville sur la liste noire des endroits les plus dangereux, avec ses avions ‘’blacklistés » quelques années avant ce drame. Heureusement que depuis 2008 plusieurs projets de réhabilitation de l’aéroport International de Goma sont encours. La piste a été refaite et balisée, des compagnies internationales s’invitent dans la ville volcanique faisant oublier cette tragédie d’il y a dix ans.
Magloire Paluku.
