Kinshasa, 15 mai 2025 – C’est une intervention qui a électrisé l’hémicycle de l’Assemblée nationale. Très attendue à la suite d’une question avec débat adressée au ministre de la Santé publique, Dr Roger Kamba, la députée nationale Hermione Bolumbe Bakando, élue de Mont-Amba, n’a pas mâché ses mots. Du haut de la tribune, elle a dénoncé avec véhémence les failles criantes dans la gestion de la politique de gratuité de la maternité et des soins aux nouveau-nés, programme phare du président Félix Antoine Tshisekedi.
Accusant le ministre de manquements graves dans la mise en œuvre de cette politique ambitieuse lancée officiellement en septembre 2023, Hermione Bolumbe a parlé d’une gestion opaque, sans mécanismes de suivi clairs, qui a déjà coûté la vie à de nombreuses mères dans les structures sanitaires publiques.
« Aujourd’hui, au 21e siècle, je trouve ça anormal qu’une maman qui part pour donner naissance perde sa propre vie. Il y a un souci, Monsieur le Ministre ! », a-t-elle lancé, rappelant des cas tragiques de décès récents, y compris ceux touchant des familles de médecins et de parlementaires.
La députée a enfoncé le clou en évoquant le manque d’infrastructures essentielles dans les hôpitaux censés bénéficier du programme. Elle a notamment cité la clinique Ngaliema, dépourvue de scanner, où les échographies restent payantes malgré l’annonce de la gratuité.
« Comment faites-vous le dispatching de votre paquet ? Expliquez-nous ! », a-t-elle interrogé, visiblement outrée.
Forte de résultats d’enquêtes de terrain, aussi bien à Kinshasa qu’en province – notamment dans l’Équateur – elle a déploré le fait que des femmes enceintes n’accèdent aux consultations prénatales qu’au huitième mois, souvent sans échographies préalables, exposant ainsi leur vie et celle de leurs enfants à des risques évitables.
Devant une salle conquise, Hermione Bolumbe a exigé du ministre des données chiffrées fiables sur la situation sanitaire dans chaque établissement impliqué dans le programme. Elle a rappelé que l’Objectif de Développement Durable (ODD) en matière de santé vise moins de 100 décès pour 1 000 naissances vivantes d’ici 2030.
« La médecine est une science exacte. Donnez-nous les chiffres ! », a-t-elle martelé, soulevant une salve d’ovations dans l’enceinte de la Chambre basse.
L’intervention de la députée nationale a été saluée comme l’une des plus percutantes de la séance, plusieurs de ses collègues ayant reconnu son courage et la pertinence de ses observations.
Ce coup de gueule parlementaire remet en question l’efficacité du programme de Couverture Santé Universelle (CSU), pourtant présenté comme l’une des plus grandes réformes sociales du quinquennat du président Tshisekedi. Reste à savoir si le ministre Roger Kamba apportera des réponses concrètes aux nombreuses inquiétudes soulevées par l’élue de Mont-Amba.