Accueil Diplomatie SADC-EAC : Un sommet aux allures de capitulation pour la RDC ?

SADC-EAC : Un sommet aux allures de capitulation pour la RDC ?

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Le sommet conjoint de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) et de la Communauté d’Afrique de l’Est (EAC), tenu samedi en Tanzanie, laisse un goût amer à Kinshasa. Contre la volonté du gouvernement congolais, les dirigeants régionaux ont acté la fusion des processus de paix de Luanda et de Nairobi, ouvrant ainsi la porte à un dialogue direct entre la RDC et la rébellion du M23. Une pilule difficile à avaler pour Kinshasa, qui a toujours refusé de négocier avec ce mouvement armé soutenu par Kigali.

Un dialogue imposé avec les bourreaux ?

Loin d’adopter une position ferme contre l’agression rwandaise, les chefs d’État réunis au sommet se sont gardés de pointer du doigt Kigali. Aucune condamnation explicite des violations du territoire congolais, aucune exigence de retrait immédiat des troupes rwandaises. Au lieu de cela, la déclaration finale appelle à la mise en place de « modalités de retrait des forces armées étrangères non invitées », sans calendrier précis ni contraintes claires. Une formulation vague qui pourrait bien profiter au M23 et à ses parrains.

Pire encore, le sommet a ordonné la reprise des négociations directes avec « toutes les parties étatiques et non étatiques », y compris le M23. Une décision qui risque d’être perçue comme une tentative d’imposer à Kinshasa un dialogue avec ceux qu’elle considère comme des terroristes. La gestion de ce processus fusionné a été confiée aux co-présidents João Lourenço et Uhuru Kenyatta, en consultation avec l’Union africaine. De nouveaux facilitateurs, issus d’autres régions d’Afrique, seront également nommés pour élargir l’assise diplomatique du processus.

Un piège diplomatique pour la RDC ?

La RDC espérait une condamnation ferme de l’agression dont elle se dit victime, mais se retrouve face à une injonction de négocier avec ses bourreaux. Ce revirement met Kinshasa dans une position délicate : refuser le dialogue, au risque d’être isolé sur la scène diplomatique, ou s’y plier et donner une légitimité à un mouvement armé qui continue d’occuper de vastes territoires dans le Nord-Kivu.

Un camouflet pour la souveraineté congolaise ?

Si la SADC et l’EAC réaffirment leur « engagement aux côtés de la RDC » et leur volonté de l’aider à préserver son intégrité territoriale, les décisions prises au sommet sont loin de refléter cette solidarité. En réalité, elles ressemblent davantage à une capitulation diplomatique qui risque de renforcer la position du Rwanda et du M23 sur la scène régionale.

Quelle sera la réaction officielle de Kinshasa ? Le gouvernement acceptera-t-il de se soumettre à cette nouvelle feuille de route, ou cherchera-t-il à la contourner ? Une chose est sûre : la crise sécuritaire dans l’Est du pays vient d’entrer dans une phase aux conséquences imprévisibles.

Bayélengué Iréngué

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