Juriste, philanthrope et homme d’affaires ivoirien, ALFRED ZEBI fait partie de la classe élite africaine révoltée contre la pauvreté et le sous-développement du continent africain. Il milite pour le changement et l’épanouissement de la jeunesse africaine. Au cours d’un entretien, accordé à la presse congolaise devant les journalistes Béni KINKELA et Christian DIKADILA, cet homme d’affaire a dévoilé son projet celui d’aider les jeunes africains dans le domaine de l’entreprenariat. Pour lui, l’entreprenariat demeure le moyen par excellence de création d’emploi et de lutte contre la pauvreté endémique en Afrique.
Ci-dessous l’interview :
Pouvez-vous nous faire une petite présentation de ce que vous êtes ?
Je suis Monsieur Boga Alfred Zebi, je suis ivoirien et j’ai dépassé la cinquantaine. Je suis avocat de formation et diplômé de l’Université de Montpelier ou j’ai enseigné à la faculté de droit pendant deux ans avant de travailler dans un grand cabinet d’avocats à Paris. Je suis spécialiste de privatisation, nous étions notamment les conseillers de France Telecoms lorsqu’ils ont racheté Cote d’Ivoire Télécom. Et grâce à ce type de dossiers, j’ai été repéré par –Tidjane Thiam — , un africain connu mondialement dans le milieu des affaires, puisqu’il a occupé le poste prestigieux du D.G du CREDIT SUISSE. A l’époque il était D.G des Grands travaux et Conseiller Spécial du Président de la République ivoirienne. Il m’a demandé de rentrer pour devenir son conseiller juridique et après un an, je suis parti à la BAD comme juriste supérieur avant de rejoindre les Nations Unies à New York, puis en Afrique du Sud comme un investigateur senior. J’étais en charge de regarder l’usage fait des fonds des Nations Unies, particulièrement le PNUD. Ça m’a permis un peu de parcourir l’Afrique, en long, en large en travers.
En 2012, j’ai décidé de démissionner pour rentrer à Cote d’Ivoire afin de me lancer dans les Affaires. J’estime qu’être salarié c’est bien, Haut fonctionnaire c’est même très bien, on gagne bien sa vie mais j’avais besoin de tenter cette aventure entrepreneuriale. J’ai eu le courage de se lancer dans l’entreprenariat puisqu’à un moment donné quand on ne le fait plus, ça devient trop tard. On ne peut plus prendre de risque et on pense à sa retraite.
Je me suis décidé de rentrer en Côte d’Ivoire pour faire des choses que j’aime en dehors de mon métier de juriste et d’enquêteur. Je me suis lancé dans le marketing sportif ; j’ai géré la fondation du footballeur Didier Drogba et j’ai monté quelques structures dans la culture, Arts et cinéma puis dans l’accompagnement des entrepreneurs. Aujourd’hui, je gère trois structures principales, OSACO AFRICA, filiale de OSACO groupe. C’est une société qui fait de la formation, conduite d’enquêtes dans le domaine de la lutte contre la corruption. Tout ce qui est protection contre les violences faites aux femmes, de l’abus et de l’exploitation sexuelle.
Je suis Co-gérant de COZBAZ&CO est une structure basée en Côte d’Ivoire dont le rôle est d’accompagner et de conseiller les institutions qui veulent s’installer en Afrique de l’Ouest ou en Afrique Centrale. On accompagne aussi des start-up. C’est ça qui me tient à cœur ; accompagner les jeunes talents africains et les start-up tant de point de vue stratégique que financier.
Et troisièmement de Sol Prodd Consulting qui fait l’accompagnement de tout ce qui est Art. On a fait des grandes productions des séries, certaines sont assez connues et sont passées sur TV5 MONDE comme MELODIE, le film comme « le ticket à tout prix » qui est allé à Los Angeles pour un festival. Et des artistes peintres qu’on accompagne puisque on se rend compte que nos artistes connaissent l’aspect « show » mais ils ne connaissent pas l’aspect « business » du Show Business. C’est donc pour les aider à être rentable.
Qu’est-ce que vous a motivé à vous lancer dans l’entreprenariat ?
J’ai toujours aimé l’entrepreneuriat. Quand j’étais jeune, j’ai financé mes études en partie en produisant des concerts de Gospels. J’ai vendu des cacahouètes dans la plage. Parce que j’avais besoin de gagner un plus d’argent pour m’en sortir en étant étudiant. Et quand j’ai commencé à travailler, j’ai très vite crée une société qui s’appelle AfriqueSearch qui consistait à préparer le retour des cadres africains en Afrique.
Depuis longtemps j’ai eu envie d’accompagner les entrepreneurs. J’ai accompagné Constat Nemale qui avait créé 3A télé sud qui est maintenant le patron de Africa 24. J’accompagne souvent en tant que juriste puisque les juristes accompagnent toujours les projets. Et j’ai continué toujours à accompagner des gens et quand j’étais en train de travailler. Mais j’ai voulu moi-même être à la tête de ce que je faisais. Ce pour cela que j’ai décidé moi-même de se lancer, de laisser le confort de fonctionnaire international pour devenir entrepreneur. Je pense que l’Afrique ne pourra que s’en sortir qu’avec l’entreprenariat. Je crois que l’Afrique a des jeunes qui ont du talent et il faut mettre à leur disposition ce qu’il faut pour leur permettre à exprimer leur talent. On ne peut pas réussir sans entreprenariat en Afrique. On ne peut continuer à absorber des fonctionnaires de façon pléthorique ; ça ne marche pas. Donc il faut créer de l’emploi.
Parlons des actions, quels sont les pays ou le pays dans lequel vous avez initié les actions ?
D’abord la Cote d’Ivoire, mais j’ai une vision panafricaine. Je crois qu’on peut créer une force de proposition et impacter ce monde-là. Mon ambition est vraiment panafricaine. On va commencer des projets, là j’ai commencé à me faire un peu connaitre sur les réseaux sociaux parce que pendant très longtemps j’étais un peu caché. Mais maintenant je me fais connaitre via ma page Facebook Officielle et j’invite les gens à me rejoindre pour qu’ensemble on puisse réfléchir à des solutions pour l’Afrique. Le but c’est d’impacter l’Afrique. Avec des idées qu’on a et les envies qu’on a, on va y arriver. Je suis très optimiste.
L’entreprenariat étant un champ vaste, quel est votre cible, soit les domaines précis ?
Dans les start-up on est dans tout ce qui est digital. Mais on veut aussi accompagner tout ce qui a un impact positif sur l’Afrique. Tout ce qui est la promotion pour la culture africaine. Là je discute avec ce qui ont le market place. Le market place sont les sites de vente en ligne des produits africains ; ça m’intéresse. Je plaide pour qu’on soit nous-même des consommateurs de nos produits. Dans certaines communautés, l’argent fait le tour 13 fois avant de sortir de leur communauté. Chez nous dès qu’on a un peu d’argent, il faut acheter du Gucci ou Louis Vuitton. Non il faut qu’on consomme Africain. Et donc je plaide aujourd’hui pour qu’on revienne vers une consommation plus africaine. C’est important qu’on consomme nos produits, nos consultants et nos services et on pourra se développer.
Aujourd’hui, il y a crise mondiale, on se rend compte qu’on n’a pas de blé. Ce grave. Un pays comme la RDC, c’est anormal qu’elle n’ait pas l’autosuffisance alimentaire. Vous avez tellement des richesses, vous avez des terres ici. On néglige la terre. Il faut que les gens reviennent à la terre comme moyen de gagner leur vie. Il faut revenir dans certaines régions tout en ayant un impact sur l’environnement. Je crois beaucoup à l’agro business, donc il faut transformer les choses.
Parlons des revenus, est ce que derrière vous, il existe des institutions à caractère financières qui vous soutiennent ?
Aujourd’hui on peut financer des projets de 200 millions de dollars comme des projets de 200 000 FCFA équivalent à 300 ou 400 dollars. Je suis aussi intéressé par les 300 ou 400 dollars de la dame qui veut monter son petit commerce de vente, que par la multinationale. On couvre donc de la multinationale jusqu’aux petits entrepreneurs analphabète qui veulent se lancer dans l’entreprenariat. Vraiment on a besoin de l’un comme de l’autre.
Vous avez dit avoir une vision panafricaine, combien des jeunes africains avez-vous déjà accompagné financièrement ?
Pour l’instant on a accompagné 5 ou 6 jeunes. Le projet sera lancé en Côte d’Ivoire en juillet, on compte lancer une centaine des jeunes en phase pilote. Si le pilote se passe bien, on aura des fonds par des fondations qui nous accompagnent. Et là, on pourra même accompagner 1000 ou 10 000 jeunes. Mais au-delàs de ça c’est un concept qu’on veut mettre en place. Le concept est dédié vraiment aux petits entrepreneurs. C’est accompagner les petits entrepreneurs et permettre aux étudiants de se former à l’entrepreneuriat. C’est-à-dire mettre en place des juniors entreprises dans des universités et des écoles.
Des juniors entreprises sont des entreprises créées par des étudiants qui décident ensemble et monte une boite de conseil. Donc qu’il y a un comptable, un juriste, un marqueteur ensemble, ils décident ensemble de faire une petite structure. Et nous on va encourager la mise en place des juniors entreprises sous l’égide des écoles. Maintenant, on va sélectionner des projets de personnes qui veulent être financées. Ça peut être une personne qui veut monter un petit coin de vente de fruits, soit une dame qui veut vendre du poisson, donc de petit projet 300, 400 ou 1000 dollars. Souvent ils échouent parce qu’ils n’ont pas l’accompagnement. Ils n’ont pas le business plan et gèrent très mal les fonds. Les étudiants vont pouvoir accompagner le business de cette personne. Et tout se fait sous l’égide d’un mentor. Un mentor c’est quelqu’un qui a de l’expertise qui va être un mentor de ce groupe. Et nous on va financer. Ce n’est pas du don mais du prêt. Mais néanmoins le prêt est accompagné par l’expertise. Et si ça se passe bien, l’étudiant va pouvoir apprendre concrètement, en espérant que la boite grandisse, l’étudiant pourra travailler là-bas plus tard. Il aura une première expérience entrepreneuriale. Et un contact avec un mentor qui va l’aider à trouver du boulot. Donc c’est ça qu’on veut mettre en place, des juniors entreprises partout qui pourront être demain des outils pour accompagner l’entreprenariat.
Et l’autre aspect ce qu’on a c’est des projets panafricains, nous devons avoir des représentants localement pour développer ces activités-là. Donc voilà pourquoi nous disons que nous avons une vision panafricaine.
Quels sont les critères retenus pour avoir accès au financement ?
Alors les jeunes vont eux-mêmes évaluer les projets. On va mettre les critères en place pour ça. Il faut que les projets puissent marcher et soient pilotés par quelqu’un de sérieux et de motivé. Il faut des projets fiables et on va faire d’études de viabilité des projets. On ne va pas accompagner l’échec mais on veut aider quelqu’un qui veut entamer et mieux structurer son projet. Après il y aura des demandes à faire, certains projets seront examinés puis sélectionnés. Mais l’idée c’est que lorsque ça marche, d’autres personnes puissent accompagner. A l’époque ça intéressait même les micro finances. Les gens ne sont pas accompagnés, ils échouent et ont du mal à récupérer leurs fonds.
Vous avez souligné qu’il ne s’agit pas de dons mais de prêts. En cas d’insolvabilité, est ce qu’il y des mesures contraignantes ?
Non, c’est comme tout prêt, il y a des garanties, mais très peu. Nous on compte sur les projets pour réussir. Le remboursement qui doit être rapide. C’est-à-dire, on ne va pas faire un remboursement mensuel par rapport aux projets. Il y aura de remboursement toutes les semaines, soit tous les jours. C’est-à-dire avec ton téléphone, tu peux rembourser chaque jour par exemple 1000 FC et c’est mieux que de cumuler les impayés. Donc cette recette on peut sortir 500 FC pour payer. Si on rembourse 500 FC par jour, cela fait 15 000 FC dans le mois. Soit si tu rembourser 1 dollars par jour et ça fera 30 dollars dans le mois. Dans dix mois fera 300 dollars du remboursement.
A quand le début pour la RDC ?
Bientôt on espère. On fait un test en juillet en Côte d’Ivoire. Dès que ça marche, on va chercher des écoles dans pays désireux de nous suivre dans le système. Et on va aussi faire un test ici si ça marche on passer à plus grand. Passer à l’échelle comme on dit.
Avez-vous déjà pris contact avec les gouvernements ?
Non, pour l’instant ce qui m’intéresse ce sont des jeunes motivés dans des écoles. Je vais revenir en août en RDC pour développer les contacts. Les gouvernements eux-mêmes viendront vers nous quand les choses marcheront.
Votre dernier mot ?
Je crois beaucoup à la jeunesse africaine, et au talent si on croit en nous. Si nous ne croyons pas en nous même, personne ne croira en nous. Il faut que nous puissions croire en nous. On dit que la foi fait bouger les montagnes. Moi je pense qu’il n’y a pas de montagne assez grand pour nous empêcher de bouger les choses. Nous devons croire à nos possibilités et travailler dur pour y arriver. Il ne suffit pas seulement à prier mais plutôt de travailler dur pour y arriver. Si on se met au travail et on a des convictions on pourra faire les choses ensemble et bien. Donc je vous invite à rejoindre ma page Facebook et l’aimer. Donc venez et rejoindrez la page pour qu’ensemble qu’on puisse impacter l’Afrique, https://www.facebook.com/zebialfred/ . Je ne crois pas à boire le champagne et être heureux mais je crois à investir dans la jeunesse. Et qu’on puisse ensemble demain faire face à l’avenir ; qu’il soit autre que celui qui nous attend s’il n’y a pas cet impact-là. s’il n y a pas ce changement, on ne pourra pas continuer avoir des étudiants et des jeunes chômeurs à la fin de leur cycle d’étude parce qu’on n’a pas de d’emplois. Et consommons africains. Il y a un problème en Afrique, donc nous devons changer des mentalités.
Combien d’emplois à termes des perspectives que vous comptez créer d’ici 2030 ?
Si le concept marche, nous comptons crées 200 000 ou 1 million d’emploi. Si cela marche bien, alors plus que ça même. Nous avons un projet dans une ville en Côte d’Ivoire, si on nous autorise, on va créer cent mille emplois. On a écrit au gouvernement avec un partenaire, si et seulement si on nous donne le Ok, on va créer cent mille emplois durables.
Quand on y croit il n’y a rien qui puisse nous arrêter. C’est mon message aux jeunes congolais. Croyez en vous, car vous avez un pays magnifique qui a un potentiel énorme. Devenez des industriels de l’agriculture. Il y a tellement à faire chez vous. Donc vous êtes bénis.