Ce jeudi 24 Janvier 2019 est un jour historique.
C’est un jour rêvé par tous les acteurs qui ont
porté notre beau pays dans ce qu’il avait de
noble, tout en éveillant nos consciences. Un grand
jour pour notre volonté commune de franchir
ensemble les rivages de notre destin.
Nous ne célébrons pas la victoire d’un camp
contre un autre. Nous honorons un Congo
réconcilié. La République Démocratique du Congo
que nous formons ne sera pas un Congo de la
division, de la haine ou du tribalisme.
Nous voulons construire un Congo fort dans sa
diversité culturelle et son attachement à la mère
patrie. Un Congo tourné vers son développement
dans la paix et la sécurité. Un Congo pour tous
dans lequel chacun mérite sa place.
Si cette étape de la transition démocratique peut
être considérée comme l’aboutissement d’un
combat, nous devons aussi y voir l’horizon d’une
ère nouvelle. Sans aucun doute le commencement
d’un autre combat dans lequel nous voulons
engager tout le peuple congolais, le combat pour
le mieux-être de chaque citoyenne et citoyen de
ce beau pays.
Chers Compatriotes,
Cinquante-neuf ans après notre indépendance, le
peuple congolais réalise par son engagement
démocratique, une transition du pouvoir entre un
Président élu sortant et un Président élu entrant.
Nous tenons à exprimer pour la première fois
devant vous, notre reconnaissance au peuple
congolais de nous avoir accordé à travers son
suffrage, ce grand honneur. Cette confiance sera
pour nous un soutien indispensable dans
l’exercice de nos hautes responsabilités.
Nous nous engageons donc à nous conformer
scrupuleusement à nos obligations
constitutionnelles susdites.
Excellences Messieurs les Présidents, Distingués
invités
Excellences, Mesdames et Messieurs
Chers compatriotes,
Le peuple Congolais a fait de chacun d’entre nous
des citoyens fiers de leur histoire et dignes dans
la souffrance de leur combat quotidien.
A cet instant où une partie de l’aboutissement de
ce combat prend toute sa dimension historique,
notre peuple, ce vaillant peuple combatif n’a
jamais perdu espoir. Notre force collective réside
dans notre attachement aux valeurs universelles
de paix, d’un Etat de droit au service de chaque
citoyen.
Nous tenons à rendre hommage à tous nos héros,
tous nos martyrs, à nos compatriotes qui sont
tombés sur le champ d’honneur pour la cause de
la démocratie et de l’alternance.
Par reconnaissance à leur sacrifice, nous vous
prions de vous lever et d’observer une minute de
silence en leur mémoire.
Nous vous remercions.
Chers compatriotes,
Ce moment inédit de notre histoire est aussi un
instant privilégié pour célébrer différents acteurs
présents et passés, qui ont contribué à
l’avènement de cette transition démocratique.
Nous pensons tout d’abord au Président Joseph
KASA-VUBU, réputé pour sa droiture et sa gestion
saine des deniers publics.
Ensuite, au Premier Ministre Patrice EMERY
LUMUMBA qui déclara je le cite « Pour la dignité
de l’Afrique, j’accepte la mort ».
Puis, au Président Joseph-Désiré MOBUTU,
déterminé dans la recherche de l’unité du peuple
congolais et l’affirmation de notre authenticité.
Enfin, au Président Laurent-Désiré Kabila
particulièrement attaché à l’idéologie de « Ne
jamais trahir le Congo ».
Pour ces architectes de notre souveraineté, la
noblesse de leur combat demeurera à jamais dans
notre conscience collective nationale. Elle est une
exigence qui nous impose de réussir dans notre
mission au service de notre peuple.
Nos pensées se dirigent également vers tous les
candidats qui ont participé à l’élection
présidentielle du 30 décembre 2018.
Nous saluons la participation importante des
femmes comme candidates aux différents scrutins
du récent processus électoral. Nous les
encourageons à s’engager davantage lors des
prochaines échéances électorales afin de
promouvoir la parité homme-femme prônée par
l’article 14 de notre constitution.
C’est ici également l’occasion de témoigner notre
profond respect et sincère admiration à l’endroit
de notre frère Martin Fayulu Madidi, avec lequel
nous avons mené ce combat politique depuis
plusieurs années. L’engagement de ce véritable
« soldat du peuple » est un exemple pour la
vitalité de notre démocratie et la responsabilité
civique de chaque congolais.
Nous partageons aussi un sentiment patriotique
commun avec le Camarade Emmanuel Ramazani
Shadary et tous les autres citoyens qui ont su
apporter engagements et contributions par leurs
idées pour un Congo meilleur.
A tous ces compatriotes émérites, la patrie leur
est reconnaissante.
Par la consultation, le dialogue et la prise en
considération de leurs idées, nous sommes enclins
à les associer à la gouvernance de notre pays.
Chers compatriotes,
L’animation de notre processus démocratique a
bénéficié de l’apport déterminant de plusieurs
institutions, organismes et acteurs de la société
civile.
Nous voulons aussi mettre en exergue l’important
rôle de la Commission Nationale Electorale
Indépendante CENI, des Confessions religieuses
dans toute leur diversité, des organisations civiles
et mouvements citoyens.
En effet, pour la première fois, notre pays a
organisé sur fonds propres, sans la moindre
contribution financière extérieure, une triple
consultation électorale.
Néanmoins, notre dispositif électoral mérite des
ajustements appropriés.
Nous saluons la contribution de différentes
Confessions religieuses de notre pays dans la
consolidation du processus électoral, avec une
mention particulière à l’Eglise Catholique dont
l’Accord de Saint Sylvestre a été déterminant.
Chers compatriotes,
Cette campagne a été aussi pour nous l’occasion
de valider le patriotisme de certains de nos
concitoyens disposés à surpasser toute ambition
individuelle pour privilégier l’intérêt supérieur de la
nation. Nous avons une pensée émue pour notre
frère, ami et colistier de la coalition « Cap pour le
changement », en sigle CACH, nous citons
Monsieur Vital Kamerhe.
Ancien Président de notre assemblée nationale,
Vital Kamerhe, président du parti « Union pour la
Nation Congolaise » (UNC), bien qu’initialement
candidat à la présidentielle de 2018, a su mettre
les intérêts du peuple congolais au-dessus de ses
ambitions personnelles en formant avec nous-
même et notre formation politique UDPS, le ticket
gagnant.
Chers compatriotes,
La force et l’unité d’un peuple repose sur la
solidarité et la réconciliation nationale.
Aussi, dans le cadre d’une action concertée, nous
entendons engager le Gouvernement et toutes les
autorités coutumières de notre pays à œuvrer
pour la paix et la tolérance en vue d’une
cohabitation pacifique entre nos différentes
communautés.
Par ces vertus, l’épisode douloureux des conflits
tribaux et locaux qui ont endeuillé notre pays, ne
sera qu’un lointain et triste souvenir.
Outre nos citoyens civils, les premiers garants de
notre cohésion nationale sont nos forces de
défense et de sécurité qui assurent un rôle
primordial dans la protection et l’intégrité du
territoire ainsi que dans celle des personnes et de
leurs biens.
Nous leur offrirons un cadre de travail digne de
leur mission pour en faire une institution
véritablement républicaine.
Nos forces de défense et de sécurité doivent être
porteuses du dialogue entre civils et leurs
différents corps de métiers. La gestion de nos
forces de défense et de sécurité doit se faire sans
la moindre discrimination ethnique ou sociale. A
compter de ce jour, elles doivent se sentir
pleinement intégrés dans la nation par leurs
actes.
Nous voulons valoriser par une plus forte
responsabilité l’attachement de nos compatriotes
aux valeurs républicaines qui régissent notre
nation.
Chers compatriotes,
Nous appelons les détenteurs de l’autorité, à tous
les échelons de notre pays, au respect strict et
infaillible des droits des personnes et de leurs
biens conformément à la Déclaration Universelle
des Droits de l’Homme, en leur demandant de
réaliser leur mission dans le cadre légal.
Dans ce contexte, le Gouvernement initiera une
campagne de sensibilisation de tous les agents
de l’Etat sur leurs responsabilités vis-à-vis de
nos populations.
Ainsi, le Ministre de la Justice sera chargé de
recenser tous les prisonniers politiques, d’opinion
ou assimilés sur l’ensemble du territoire national
en vue de leur prochaine libération.
Sous notre mandat, nous veillerons à garantir à
chaque citoyen le respect de l’exercice de ses
droits fondamentaux. Nous nous engageons à
bannir toutes formes de discriminations.
Nous bénéficions à chaque étape de l’inspiration
de ceux qui orientent notre vision. A ce titre, nous
voulons rendre un hommage héroïque à celui qui a
orienté et façonné notre lutte politique durant
quatre décennies avant de nous quitter au cœur
du combat le 1 er février 2017. Nous avons cité le
Président Etienne Tshisekedi Wa Mulumba.
Cet Homme d’exception, dont le sort personnel
est indéniablement lié à l’histoire contemporaine
de notre pays, a su par son charisme, sa rigueur
morale, sa ténacité et son dévouement, incarner
les profondes aspirations du peuple congolais
pour la démocratie et le progrès social.
Nous voudrions ici lui témoigner toute notre
affection et la reconnaissance de la Nation toute
entière.
Le Président Etienne Tshisekedi nous a inculqué
les valeurs de la lutte politique au service de
chaque congolais quelle que soit son opinion, son
origine et son parcours. Nous allons appliquer ces
enseignements dans nos actes au service de notre
peuple.
Chers compatriotes,
Dans le plus grand respect de la tradition
républicaine, nous rendons hommage à celui qui
aura été l’un des acteurs de la matérialisation de
l’alternance démocratique et pacifique.
Monsieur le Président Joseph Kabila Kabange,
Nous portons dans notre tradition le long combat
pour l’émancipation et la souveraineté du peuple
congolais par l’instauration d’un véritable Etat de
droit. A ce titre, nous avons été votre fervent
adversaire politique, Monsieur le Président.
Nous n’oublions rien de nos combats politiques,
des moments difficiles traversés. Nous avons
vécu au cours des décennies des périodes
d’incertitudes et d’extrêmes tensions dans un
climat politique non apaisé.
Dans votre exercice du pouvoir, vous avez pu
engager le pays dans une transition qui avait
abouti à la réunification du Territoire national
alors divisé.
Mais aucun de ces moments n’a pu altérer votre
détermination à permettre au peuple congolais de
se choisir librement ses dirigeants.
Votre action s’inscrit ainsi dans l’héritage de vos
prédécesseurs et autres dirigeants historiques.
Veuillez accepter, Monsieur le Président, toutes
nos félicitations.
Chers compatriotes,
Par sa situation géographique et en considération
des enjeux géostratégiques de ses richesses
naturelles et de son capital humain, la République
Démocratique du Congo porte une espérance pour
l’Afrique et le monde.
En effet, avec ses quatre-vingts millions
d’habitants, ses diverses et innombrables
ressources naturelles, son bassin hydrographique
riche, sa forêt équatoriale dense ; capable
d’apporter une solution aux enjeux climatiques,
notre pays est un véritable atout pour les pays de
la région, pour l’Afrique et pour notre planète.
A titre d’exemple, différentes études d’organismes
internationaux de référence démontrent que le
potentiel de notre pays peut éradiquer la faim
dans le monde.
Avec ses 80 millions d’hectares de terres arables
accessibles et ses 40 millions d’hectares de terres
irrigables, doté d’un programme agricole innovant,
le Congo peut atteindre l’autosuffisance
alimentaire et nourrir deux milliards de personnes
en résorbant ainsi deux fois le déficit alimentaire
mondial.
Dans le cadre de l’industrie automobile, la
production mondiale des voitures électriques
dépassera dans un futur proche celle des voitures
à moteur polluant.
Or comme vous le savez tous, les matières
premières essentielles pour cette industrie sont le
Cobalt et le Lithium, dont le Congo est la
première réserve mondiale.
Plusieurs industries de technologie de pointe
dépendent de notre sous-sol. Le bien-être de
chaque congolais est le garant d’une bonne
gestion de nos ressources naturelles.
En considération de ces éléments, nous sommes
conscients des attentes du monde entier sur
l’utilisation rationnelle de nos réserves en
matières premières, notamment face aux enjeux
des énergies renouvelables et des changements
climatiques.
C’est pourquoi, conscient de cet immense défi, en
accédant à la plus haute charge de mon pays, le
sentiment qui m’anime est celui d’une grande
humilité face aux lourdes responsabilités qui sont
les miennes.
Ainsi, j’invite chaque citoyen congolais à
concrétiser les piliers de notre projet de société
dans la sphère de ses activités, de ses actions ou
de ses responsabilités.
Chers compatriotes,
Nous nous engageons à ériger un Etat moderne,
pacifique, démocratique et soucieux de chaque
citoyen. Un Etat où chaque institution va jouer
son rôle dans le cadre du principe de séparation
des pouvoirs. Un Etat qui garantira le bonheur de
tous.
En communion avec nos pères fondateurs, nous
pouvons valablement formuler pour les
générations futures les promesses qui inspirent
notre engagement.
Le Gouvernement que nous allons nommer
prochainement et qui sera investi par le parlement
va décliner son action politique sur plusieurs
priorités.
· La pacification de tout le territoire
national en accélérant la lutte contre
l’éradication des groupes armés qui
sévissent et sèment la désolation auprès
de nos populations ;
· La lutte contre la pauvreté par des
actions sociales et une politique
novatrice de cohésion nationale ;
· La réhabilitation et la consolidation
d’un état de droit à travers des
institutions solides, de proximité et
équitables au service de l’emploi, de la
jeunesse, de l’éducation, de la santé et de
tous nos enjeux économiques et sociaux ;
· Une lutte efficace et déterminée
contre la corruption et les anti-valeurs
notamment l’impunité, la mauvaise
gouvernance, le tribalisme et autres ;
· La promotion de la presse et des
médias pour en faire véritablement un
quatrième pouvoir ;
· La valorisation de notre capital
humain par la promotion des jeunes et
des femmes ;
· Le développement des milieux
ruraux par la construction des
infrastructures sociales de base pour
mieux maîtriser l’exode rural ;
· La simplification des procédures
administratives dans les secteurs clé de
la vie nationale pour favoriser le climat
des affaires, le développement du
tourisme, la libre circulation des biens et
des personnes et l’accessibilité du
citoyen à tous les services de l’Etat.
Chers compatriotes,
La réalisation de ces engagements se traduit par
la mise en place d’un plan coordonné de
gouvernance avec des actions immédiates et
déterminantes sur le plan militaire, politique,
diplomatique, socio-économique, humanitaire et
environnemental.
Nous ferons de la réconciliation nationale l’une de
nos priorités. Nous sommes convaincus de
l’urgence de mettre en place rapidement une
véritable procédure d’écoute et de dialogue dans
l’ensemble du pays en prélude à un Forum de
réconciliation qui réunira toutes nos forces vives.
Chers compatriotes,
La Paix repose aussi sur la capacité de chaque
citoyen à être le pilier de notre système
démocratique basé sur un fonctionnement sain et
efficace des institutions.
Nous sommes favorables à une véritable
modernisation de notre système politique.
Les formations politiques doivent transcender les
clivages ethniques et sociologiques. Les modes de
scrutin doivent mieux s’adapter à nos réalités
tout en préservant nos capacités financières. Le
financement public des partis politiques doit être
appliqué.
Nous souhaitons que ces objectifs se traduisent
par l’adoption d’une nouvelle loi électorale
garante de l’équité pour tous les citoyens.
Chers compatriotes,
A cet instant de célébration de notre engagement
démocratique, notre pensée profonde va vers les
populations de BENI, BUTEMBO dans le Nord Kivu,
et du Kasaï Central qui continuent à subir des
pertes en vie humaines.
Nous avons la forte détermination d’éradiquer
tous les groupes armés nationaux et étrangers qui
continuent à sévir cette partie de la République,
plus particulièrement à l’Est de notre territoire.
Que nos compatriotes de Beni, Butembo et Yumbi,
soient assurés de notre détermination de les voir
remplir leur devoir civique comme prévu par la
CENI.
Nous devons également l’admettre : l’absence
prolongée de l’autorité locale légitimée par des
élections constitue un véritable frein à la mise en
œuvre de nos politiques publiques, notamment en
matière d’état-civil, d’éducation, de santé,
d’assainissement et d’environnement.
Le dernier recensement de la population date de
34 ans. Nous avons accepté une situation dans
laquelle plusieurs de nos compatriotes ne
disposent pas de carte d’identité ou d’état civil.
Nous comptons engager le Gouvernement à
réaliser très rapidement un recensement sur tout
le territoire. L’information démographique fiable
est nécessaire à la planification de notre
développement dans l’ensemble du pays, province
par province.
Nos provinces souffrent car notre système de
transfert des recettes fiscales est inégalitaire.
L’alinéa 2 de l’article 175 de la Constitution
relatif au principe de la rétrocession à la source
de 40% des recettes fiscales aux provinces
constitue une source de déséquilibre.
Un rééquilibrage est donc nécessaire sur base de
critères objectifs applicables à l’ensemble des
provinces. Parmi ces critères figurent la
démographie, le niveau de développement et la
capacité de gestion et d’absorption des
allocations financières.
Renforcer les moyens de nos provinces pourra
garantir l’accès du citoyen à une justice équitable
et de proximité. Notre pays compte un magistrat
pour environ 26.000 habitants.
Ce déficit fragilise l’équité et l’efficacité de la
justice de notre pays tout en légitimant la
défiance des citoyens congolais.
Les actes de procédures judiciaires sont parfois
rendus en contrepartie de divers paiements pour
certains, en dehors de toutes règles établies. La
grande majorité des justiciables est désemparée.
Un cadre juridique efficace permet de renforcer en
premier lieu la lutte contre la corruption, fléau qui
dévaste notre pays, ses institutions et ne
protègent pas les créateurs de richesse.
Nous allons initier une stratégie de lutte contre la
corruption dans l’ensemble des rouages de
l’Administration publique. Un accent particulier
sera porté sur la lutte contre la délinquance
fiscale.
Afin de valoriser l’Etat de droit, nous allons
procéder au renforcement de la sensibilisation au
civisme fiscal.
Chaque année, nous subissons entre 16 et 20
milliards de dollars d’évasion fiscale, soit quatre
fois notre budget annuel. Nous devons inverser
cette tendance.
Un mécanisme de guichet unique attrayant, une
simplification des procédures fiscales et
douanières seront institués afin de permettre à
l’ensemble de nos acteurs nationaux et étrangers
de s’inscrire dans une démarche légale bénéfique
pour toutes les parties.
Nous comptons ouvrir des perspectives nouvelles
afin de renforcer la dynamique du développement
économique et social de notre nation.
Suivant des critères établis par les organismes
internationaux, le Congolais est indexé dans la
catégorie des citoyens vivant avec un revenu
annuel moyen par habitant de moins de 400
Dollars, soit un des revenus les plus faibles de la
planète. Nous devons faire évoluer favorablement
ce paramètre pour nos concitoyens.
Nous devons renforcer et augmenter la
productivité de notre secteur privé, encourager
l’entrepreneuriat par les congolais, mobiliser nos
efforts dans des secteurs à forte valeur ajoutée et
créateurs d’emplois pour la jeunesse de notre
pays, particulièrement l’agriculture, les nouvelles
technologies, l’innovation, les industries de
transformation et la protection de
l’environnement.
Nous ferons appliquer avec rigueur sur l’ensemble
du territoire, la loi sur le petit commerce réservé
aux nationaux dans le cadre du principe du
privilège national.
Afin de combler son retard en rapport au
standard des pays en voie de développement, le
Congo doit consacrer 6 milliards de dollars
annuellement sur dix ans aux infrastructures, dont
1 milliard de dollars seulement pour la
maintenance. En réalisant cet objectif, le
gouvernement consolidera, notre croissance
économique.
Ces infrastructures, base de notre développement,
sont nécessaires pour garantir la reconquête de
notre économie, particulièrement les
infrastructures routières, les ports, les aéroports,
l’accès à l’eau et à l’électricité, les nouvelles
technologies sous toutes leurs formes.
Nous demanderons au Gouvernement de réaliser
un plan d’investissement des plus ambitieux avec
les partenaires nationaux et internationaux en
usant de toutes les techniques financières
sécurisées possibles, y compris les Partenariats
Publics Privé et des financements innovants.
Notre pays dispose du potentiel hydroélectrique le
plus élevé au monde. Plus de cent mille
Mégawatts sont disponibles sur 217 sites de
production d’Hydroélectricité pouvant permettre
aussi bien la construction des micro-barrages à
de plus grandes infrastructures.
Pourtant, Seul 2,6% de ce potentiel est exploité.
Nous devons atteindre les 50% en une décennie.
Le taux d’accès de la population congolaise à
l’énergie électrique est de moins de 9% contre une
moyenne de 30% en Afrique et de 80% dans le
monde. Pourtant, des études du PNUD
démontrent que 76 000 villages du Congo peuvent
s’auto-suffire en énergie grâce à leurs cours
d’eau. Nous devons agir et innover.
Notre déficit énergétique impacte sur la
productivité dans tous les secteurs de notre
économie. Suivant les normes modernes, nous
allons initier, toutes les gammes de projets
d’hydroélectricité dans toutes les provinces du
pays.
Par ailleurs, les projets Inga III et Grand Inga
seront réalisés avec une ouverture plus
transparente vers les partenaires en tenant
compte de l’importance stratégique et mondiale
de ce site.
Ce mouvement de production électrique sera
renforcé par toutes les formes de production de
nouvelles énergies. Une nouvelle loi sur
l’électricité sera instaurée.
L’accès à l’eau potable est aussi un important
défi. Nous devons tous réaliser que le Congo
dispose de 53% des réserves d’eau du continent
africain.
Pourtant, moins de 10% de nos concitoyens ont
accès à l’eau potable. Ce secteur bénéficiera
d’une véritable stratégie d’investissement
d’urgence pour augmenter drastiquement le taux
d’accès à l’eau potable de nos populations.
Notre système éducatif doit être en phase avec
nos grands défis économiques et humains. Nous
devons offrir une meilleure formation technique et
professionnelle à notre jeunesse pour faire de
notre pays un solide pôle d’attractivité et
d’implémentation technologique.
Aussi, il est injuste d’exiger aux familles le
paiement d’une « prime des parents » consistant
à les voir payer le salaire des enseignants. Nous
devons trouver rapidement une alternative à cette
situation injuste.
Conformément à notre constitution, la gratuité de
l’enseignement fondamental doit être une réalité.
Nous allons veiller à améliorer les conditions des
enseignants du primaire, secondaire et
universitaire.
S’agissant des étudiants, des universités et des
instituts supérieurs, nous sommes conscients des
difficultés dans lesquelles ils évoluent, notamment
les coûts élevés des frais d’inscription,
l’insuffisance des frais de fonctionnement des
établissements publics de l’Etat et la détérioration
des infrastructures.
Nous appliquerons des mesures urgentes de
modernisation des infrastructures, d’allégement
des frais académiques, d’actualisation des
programmes et d’amélioration des conditions de
vie des étudiants et enseignants.
Nous entendons aussi améliorer les conditions de
travail des fonctionnaires et agents de l’Etat.
Dans cette optique, nous souhaitons initier des
échanges avec les différents syndicats socio
professionnels afin de trouver des solutions à
toutes ces préoccupations.
Chers Compatriotes,
L’implication des Femmes dans l’ensemble des
activités de la vie de notre nation mérite une
politique plus volontariste d’encadrement,
d’encouragement et de meilleure visibilité.
Outre l’impact indéniable des femmes dans notre
vie sociale et dans plusieurs pôles économiques, il
est essentiel de réaliser la promotion véritable de
nos talents féminins à des postes de décision
dans notre pays.
Nos jeunes diplômés doivent disposer de tous les
atouts pour rejoindre le marché du travail ou celui
de l’entrepreneuriat. Nous allons demander au
gouvernement d’innover dans l’accès aux
marchés publics pour les jeunes diplômés.
Le Gouvernement initiera un partenariat entre
l’Etat, les provinces, le secteur privé, la société
civile et nos partenaires au développement en vue
d’engager un vaste programme national de
promotion de l’entrepreneuriat pour les jeunes.
La réussite de ces engagements sera soutenue
par un financement ambitieux et maîtrisé garant
de notre développement. Cette démarche implique
une politique monétaire volontariste, un cadre
d’investissement des entreprises plus élaboré, un
accès aux crédits pour les entreprises et les
particuliers moins contraignants.
Le gouvernement devra réaménager le code des
investissements afin de favoriser de nouveaux
projets ayant un impact sur des zones
géographiques ou des secteurs d’activités cibles
définis en fonction des priorités nationales.
Nous travaillerons pour rendre le climat des
affaires plus attractif et compétitif notamment par
l’aménagement de la fiscalité en faveur du
développement.
Nous engagerons une véritable concertation avec
l’ensemble des composantes de notre tissu
économique pour redéfinir un environnement
propice.
Cet engagement se traduira par une profonde
restructuration de l’ANAPI. Notre agence
nationale de la promotion de l’investissement doit
véritablement jouer un rôle de leadership dans ce
domaine.
Chers Compatriotes,
Garant de l’exemplarité, le gouvernement
adoptera une politique de stabilité
macroéconomique s’appuyant sur une gestion
rigoureuse de la dépense publique assortie d’une
politique budgétaire prudente.
Notre stratégie d’endettement à moyen et long
terme verra notre pays bannir toute dette publique
ayant comme contrepartie le gage d’actifs miniers
ou d’actifs publics. Nous devons nous protéger et
épargner pour les générations futures.
Nous allons privilégier la dette concessionnelle à
long terme orientée vers le financement des
infrastructures et le renforcement du capital
humain. Cette rigueur financière doit nous
permettre de mieux sécuriser la gestion des
revenus de nos matières premières.
Dans le secteur des mines, la rente minière
devrait participer à hauteur de 45% de nos
recettes. Ce qui est la norme dans les pays
situation identique.
En République Démocratique du Congo ce taux
n’est que de 10%. Dans notre intérêt et celui des
opérateurs du secteur, nous appliquerons une
politique concertée pour neutraliser ce
déséquilibre.
Nous comptons renforcer la traçabilité dans
l’exploitation des minerais, redéfinir le cadre de
fonctionnement du secteur et promouvoir avec
tous les acteurs une nouvelle politique de
développement et d’environnement de notre
industrie extractive. Il est impératif d’avoir une
politique extractive qui soit source de
développement pour nos territoires et nos
concitoyens.
Eradiquer les minerais du sang est une nécessité,
notamment à L’Est de notre pays. Nous allons
structurer toutes les chaînes de valeur de notre
industrie extractive.
Notre objectif est de doubler en une décennie la
part de la valeur ajoutée générée sur le territoire
congolais par plus de transformation au niveau
provincial et national.
A ce titre, nous allons initier une rencontre avec
les leaders mondiaux dont la réussite industrielle
dépend de notre sous-sol, afin d’adopter un plan
d’implémentation et de transformation de nos
minerais qui servent de matière de base à leurs
industries.
Cet engagement favorisera l’émergence d’acteurs
nationaux d’envergure tout en renforçant la
création d’emplois. Cette démarche favorisera
l’émergence d’une classe moyenne.
Chers compatriotes,
La lutte contre le chômage est un immense défi
national. Sur 80 millions de citoyens, plus de 43
millions sont en âge de travailler. Pourtant notre
pays ne compte que 4 millions 9 cent mille de
salariés ayant un emploi formel et de type
moderne.
Trente-deux millions de congolais en âge de
travailler disposent d’emplois précaires ou sont
en sous-emploi, tandis que plus de 6 millions
sont des chômeurs en situation de détresse.
Nous devons réhabiliter le secteur formel, réformer
le plafonnement de l’Impôt professionnel sur les
rémunérations et promouvoir le respect dans
toutes les branches du SMIG, dont le salaire
minimum est établi à 5 dollars par jour.
Environ 50 millions de congolais représentant 60%
de la population n’ont pas accès au système de
santé. La vaillance et la bravoure de notre
personnel du secteur mérite le renforcement des
moyens humains et matériels adéquats.
Nous demanderons au gouvernement de prendre
des mesures rapides pour la réhabilitation des
hôpitaux de référence, la construction de
plateforme de santé et la mise en place d’un
système de couverture sanitaire à travers des
mutuelles de santé. Nous ne pouvons pas
accepter un système de santé défaillant au péril
de la vie de nos concitoyens.
Le gouvernement aura pour mission d’accroître de
10 % par an le taux de couverture des populations
par un système d’assurance maladie abordable et
efficace jusqu’à l’atteinte de la couverture
maladie universelle.
Nous réformerons en ce sens la Caisse Nationale
de Sécurité Sociale et allons promouvoir la mise
en place d’un écosystème de couverture santé
adapté couvrant l’ensemble des catégories
sociales.
Les défis que nous devons mener sont nombreux.
Aucun secteur n’échappe à une véritable politique
d’urgence. Le Gouvernement devra adopter une
démarche novatrice pour résorber le déficit en
logements sociaux, renforcer l’artisanat,
développer le tourisme, la culture, les sports, créer
des centres d’invention et d’innovation et
renforcer la protection de l’environnement.
Cette projection de notre action vise surtout à
mettre en valeur le génie créatif de la jeunesse
congolaise. Son dynamisme montre que notre
pays est en pleine transformation.
Excellences Messieurs les Présidents, Distingués
invités
Excellences, Mesdames et Messieurs
Chers compatriotes,
Le monde entier a les yeux rivés sur la
République démocratique du Congo. Pour notre
développement harmonieux, nous allons mener
une politique de coopération économique basée
sur l’investissement et l’amélioration de l’image
de notre pays.
Notre meilleur ambassadeur est la diaspora
dynamique car elle est dotée de compétences et
de ressources diverses. En effet nos compatriotes
de l’étranger disposent d’expériences diverses.
Nous connaissons leur patriotisme et entendons
les associer plus fortement à notre vision du
Congo par une série d’initiatives.
Notre pays est un carrefour au cœur de l’Afrique.
A ce titre, il fait la jonction entre toutes les zones
géographiques du continent
L’intégration régionale est l’une des premières
sources de diversification de notre économie.
Cette intégration sera renforcée au cours de notre
mandat dans le plus grand respect des intérêts de
nos pays respectifs.
Nous comptons apporter une innovation dans le
cadre de projets communs en coopérant avec
tous les pays de la région, en commençant par
nos voisins.
Le développement de l’industrie minière,
manufacturière et agro-alimentaire de notre pays
ne peut se concevoir que dans le cadre d’un
programme gouvernemental qui intègre les
aspects liés à la protection de l’environnement
dans un contexte régional.
Dans cette optique, nous envisageons
l’intégration de la République démocratique du
Congo à la Communauté des États d’Afrique de
l’Est – la CEA- dont la majorité des pays
membres sont frontaliers et avec lesquels nos
citoyens, à l’Est du pays, engagent des échanges
économiques importants depuis plusieurs
décennies.
En effet, ces opérateurs économiques de l’Est
exportent et importent leurs marchandises à partir
du port de Mombassa au Kenya et de Dar-es-
Salaam en Tanzanie. La Communauté
économique de l’Afrique de l’Est offre des
avantages tarifaires et douaniers. Nous devons
désormais en faire un atout pour notre
développement.
Excellences Messieurs les Présidents, Distingués
invités
Excellences, Mesdames et Messieurs
Congolaises et Congolais
Chers compatriotes,
Notre politique étrangère sera désormais axée sur
une véritable approche de partenariat stratégique
au bénéficie de la population congolaise.
A l’Union Africaine, à tous ses Etats membres
nous disons merci d’avoir toujours été à nos
côtés. Qu’il s’agisse de la pacification de notre
pays ou des différents dialogues pour nous
réconcilier, notre organisation continentale a
toujours su nous accompagner.
Nous engagerons une politique plus ambitieuse au
sein de l’Union Africaine afin que le Congo puisse
contribuer au développement de l’Afrique à la
hauteur de l’indéfectible soutien que nous avons
toujours reçu.
Je souhaite bénéficier de l’expérience et de la
sagesse individuelle et collective des collègues
Chefs d’Etat présents ou représentés afin de
matérialiser notre engagement commun pour la
Renaissance africaine.
Je suis déterminé par ailleurs à soutenir les
récentes réformes engagées au sein de l’Union
Africaine pour rendre notre organisation plus forte
et autonome.
Excellences Messieurs les Présidents, Distingués
invités,
Excellences, Mesdames et Messieurs,
Chers compatriotes,
Je souhaite impulser une meilleure présence de
notre pays dans les instances internationales, à la
hauteur de notre vocation naturelle.
A la communauté internationale, nous tenons à
dire que dans le respect de notre souveraineté,
nous sommes un membre actif de l’organisation
des Nations Unies.
Nous sommes disposés à entretenir des relations
étroites de coopération avec tous les pays du
monde en commençant par nos partenaires
traditionnels. Nous allons redynamiser notre
présence dans les organismes multilatéraux.
La République démocratique du Congo, soucieuse
d’une non-ingérence dans sa politique interne,
doit devenir un exemple de coopération
internationale équilibrée, plus particulièrement
avec les Etats et les organisations disposant avec
nous d’une relation historique.
Pour symboliser cette vision, nous aimerions que
des discussions déjà entamées avec l’Union
Européenne, l’un de nos partenaires majeurs, qui
tiennent compte de nos intérêts, puissent aboutir
et favoriser la réouverture de la Maison Schengen.
Sous ce chapitre de coopération internationale,
nous saluons le rôle joué par la Mission des
Nations Unies pour la stabilisation du Congo
(MONUSCO) en termes de pacification.
Nous prenons ici l’engagement de favoriser une
coopération étroite, entre les Forces armées de la
République Démocratique du Congo et la
MONUSCO en vue d’éradiquer toutes les forces
négatives actives dans notre pays.
Car l’important travail de développement que
nous entendons entreprendre avec tous les
acteurs ne peut avoir de sens ni d’effet escompté
sans la paix et la sécurité.
La République Démocratique du Congo commence
une nouvelle ère de son histoire politique, en
adéquation avec ses attentes et son potentiel.
C’est une œuvre grandiose de servir son pays. Je
le mesure encore plus à cet instant précis.
J’invite chaque congolaise et chaque congolais à
contribuer à l’édification et au développement de
notre pays. Le chantier de construction de la
République est immense. Votre implication en fera
une réussite collective.
Mesdames et Messieurs les Chefs d’Etat et de
Gouvernement,
Distingués Invités, en vos rangs et qualités,
Au nom du Peuple Congolais que je représente en
ma qualité de Président de la République, Je tiens
à vous réitérer toute ma gratitude pour avoir
rehaussé de votre présence cette cérémonie
d’investiture.
Que Dieu bénisse notre Nation.
Vive la République démocratique du Congo.
Vive la Renaissance africaine.
Je vous remercie.