1. PROGRAMME DE GOUVERNEMENT QUI OCCULTE LES CAUSES OBJECTIVES DE LA SITUATION DU PAYS ET IGNORE LES ACQUIS DE LA TROISIEME REPUBLIQUE
En cette période préélectorales, des candidats présidents de la république aux scrutins du 23 Décembre 2018 publie chacun leur programme de gouvernement. À l’instar du candidat M. Martin FAYULU quelque jours auparavant, le Candidat Felix Tshisekedi a lui aussi rendu public le sien. Les programmes respectifs des candidats M. Martin FAYULU et Felix TSHISEKEDI se rejoignent dans un dénominateur commun, le messianisme et la non-prise en compte de manière délibérée de l’évolution de la situation politique, économique et sociale de la Rdc depuis avril 1990, pris comme point de déflagration de la crise qui couvait déjà au pays depuis son indépendance. On ne peut promouvoir le renouveau du Congo, et en même temps occulter les événements marquants de son histoire récente, lesquels ont vocation à afficher les repères importants sur les principales causes de son retard par rapport à d’autres nations. C’est pourtant les effets de ce développement des 58 dernières années qui justifient la nécessité de proposer des nouvelles politiques publiques en vue d’une requalification conséquente du bien-être collectif, en notant les avancées enregistrées par rapport à la situation d’avant Sun City.
Les deux programmes électoraux des opposants ci-haut indiqués pêchent par une absence grave de l’état de lieux et d’un diagnostic objectivement sincère des différents paramètres de la vie nationale. Cet état des lieux ne peut contourner les acquis indéniables de la gouvernance de deux mandats successifs du président sortant. Par ailleurs le programme du Candidat Felix Tshisekedi table sur la promotion de l’État de droit et sur la bonne gouvernance. Cependant, tous les acteurs de l’opposition radicale laissent croire dans les discours que l’État de droit et la bonne gouvernance constituent leur marque déposée, pour laquelle ils disposeraient du monopole de coeur pour les intérêts de la république. Au-delà de cet idéalisme démesuré, le réajustement de l’État de droit et de la bonne gouvernance ne saurait s’arrêter aux incantations et aux simples slogans. Il y a bien une batterie d’efforts à engager en terme de réflexions et de mise en ouvres des reformes, tant structurelles que conjoncturelles pour parvenir à des objectifs escomptés. Dans son programme, le candidat Felix Tshisekedi n’y a pas franchi l’étape d’énumération des bonnes intentions. Ce que tout le monde sait faire.
2. FRAUDE INTELLECTUELLE
PIB-H 1960 et 2017 en USD courants – source Banque Mondiale PAYS | PIB-H 1960 | PIB-H 2017 | PERFORMANCE |
RD CONGO | 220 | 458 | PIB-H X 2 |
BRÉSIL | 210 | 9.821 | PIB-H X 46 |
CORÉE DU SUD | 158 | 27.742 | PIB-H X 175 |
CHINE | 89 | 8.827 | PIB-H X 99 |
INDE | 81 | 1.939 | PIB-H X 24 |
Tableau repris dans le programme Du Candidat Felix Tshisekedi.
Au regard de son évolution depuis le 24 avril 1990, La Rdc est un pays post-conflit, dont les soubresauts et les conséquences multiformes crèvent les yeux et expliquent entre autre son retard dans tous les domaines de la vie nationale par rapport à d’autres États. Lorsqu’on examine l’histoire de notre nation, il y a bien eu un avant et un après 24 avril 1990. Le 24 avril 1990 explique indéniablement l’avant 24 avril 1990, période tout autant sombre de notre histoire récente ayant justifié, déjà en décembre 1980, le mémorandum de 52 pages écrit par 13 parlementaires, dont M. Etienne Tshisekedi, et adressé au Président Mobutu Sese Seko à son époque. Il est donc intellectuellement malhonnête d’affirmer dans le document sous examen que : Je cite Felix Tshisekedi : « Aux termes de ce Programme, la RDC sortira de la pauvreté qu’elle connaît d’une manière persistante depuis 1960 et qui s’est aggravée pendant les dix-sept ans de règne du pouvoir sortant. » P.13. Dans le document du candidat Felix Tshisekedi, le comble de la mauvaise foi se dégage dans la présentation sélective et scientifiquement erronée des indications du PIB de la RDC à la page 37-38. Ce tableau visiblement charcuté de ses données pertinentes ne renseigne pas sur la courbe de l’évolution du PIB depuis 1960, pourtant placé comme donnée de base.
En fait, cette présentation faussée des tableaux référencés Banque Mondiale et repris dans les documents du candidat Felix Tshisekedi a pour seul objectif d’occulter la réalité des faits connus de tous, qu’un politique honnête ne peut se permettre. De la même manière qu’on ne peut ignorer un avant et un après Sun City, l’on ne peut se passer de la période allant de l’après 24 avril 1990 à janvier 2001. Période qui a vu l’ex-Zaïre de l’époque sombrer par la destruction de son tissu économique suite aux pillages des années 91-93, agité par une transition de 10 ans politiquement contreproductive, troublé par des guerres à répétition et en faillite suite à l’interruption de la coopération structurelle, pour ne citer que ces faits néfastes, parmi tant d’autres. La crise socioéconomique que connait la Rdc aujourd’hui tire son origine et ses causes dans les effets destructeurs de la situation politique de cette période, sans oublier la mal-gouvernance de tout le régime de la deuxième république, dont M. Etienne Tshisekedi est l’un des fondateurs. Pourtant, contrairement à ce que le tableau ci-dessus cherche à cacher, la courbe de l’évolution du PIB de la Rdc est descendante de 1960 à 2001 (160 $us) et remonte depuis 2002 jusqu’à atteindre environ 500 $ us aujourd’hui sous le leadership du Président Joseph KABILA, à qui l’UDPS se refuse manifestement de jeter des fleurs. Le taux de performance de 2% indiqué dans le tableau n’est pas scientifiquement juste.
3. PROGRAMME ÉCONOMIQUE MESSIANIQUE SUR FOND DES CHIFFRES ERRONÉS
Voici ce que renseigne le programme de M. Felix Tshisekedi. Je cite : « Nous proposons au peuple congolais un «Pacte de Croissance». Le taux de croissance annuel moyen du PIB nominal (PIB-N) de 25%, tel que renseigné à l’annexe 2, que nous nous fixons, permet de réaliser sur la décennie $ 346,85 milliards avec à la clé, voir annexe 3, un PIB-H de $ 4. 288, niveau optimal qui nous fait entrer dans la zone des pays émergents. Pour assurer le coût de ce Programme, nous mobiliserons une enveloppe budgétaire de $ 86,71 milliards soit 25% du PIB-N, qui sera répartie sur dix ans ». Fin de citation. Vous lisez avec moi écrit noir sur blanc, une enveloppe budgétaire de $ 86,71 milliards soit 25% du PIB-N repartie sur 10 ans. Étant donné que le taux de croissance renseigné dans le document est miraculeusement constant, aucun autre chiffre n’a été donné pour définir l’enveloppe budgétaire
de la période de 10 ans. Nous considérons donc que celle de $ 86,71 milliards soit 25% du PIB-N comprend effectivement le budget de fonctionnement et celui d’investissements de l’ensemble de la période de 10 ans, soit une moyenne de 8,7 milliards l’an. Il représente 25 % du PIB, autrement dit, une pression fiscale de 25% également. Le constat relevé laisse penser que ce programme fait un amalgame regrettable entre le taux de croissance du PIB, celui de la part de recettes propres dans le PIB et le taux de la pression fiscale, qui sont des concepts différents les uns des autres.
PREMIÈRE OBSERVATION : À défaut d’élaborer un vrai programme de gouvernement par des experts, Felix Tshisekedi s’est fait émettre des projections spéculatives en imaginant un taux de croissance chimérique de 25% l’an. Un niveau de performance ambitieux, certes, mais ne s’appuie sur aucun facteurs objectif générateur de ladite croissance, tout autant qu’il ne renseigne sur des domaines clés de son dynamisme projeté pendant 10 années d’affilé. On peut comprendre par principe qu’à la suite des reformes réussies et rigoureusement appliquées dans les principaux leviers de la gouvernance institutionnelle et administrative, leurs retombées génèrent une valeur ajoutée monétaire et non monétaire lorsque ces reformes atteignent l’étape de pleine maturation. Cependant, imaginer que ces reformes à elles seules impactent sur le taux de croissance à hauteur de 25% de manière continue pendant 10 années relèvent de l’utopie pur et simple. Certes, la bonne gouvernance est un facteur de progrès. Mais au-delà, la croissance trouve ses racines dans la production des richesses, et en amont, à la suite des investissements conséquents qui inexorablement mise sur la durée et sur des prérequis incontournables, malheureusement non renseignés dans le programme du candidat. Prétendre être capable de catapulter la croissance de 4% à 25% dès 2019 est une chimère propre à un enfant de la maternelle et donne la mesure de l’amateurisme de celui qui prétend diriger demain la République démocratique du Congo. Du messianisme à l’état pur.
DEUXIÈME OBSERVATION : Quel que soit le gouvernement qui prendrait la conduite des affaires de l’État à l’issue des prochaines élections, avec un minimum de bonne gouvernance, de paix et d’effort d’investissement continu, le chiffre total de 87 milliards d’enveloppe budgétaire que prévoit le candidat Felix Tshisekedi pour les 10 prochaines années cumulées sera atteint sans difficulté et même dépassé. Ce postulat prend en compte les retombées à terme de la mise en application du nouveau code minier, auquel le programme de l’UPDS ne fait nullement allusion, l’augmentation de la production pétrolière, dont les efforts en cours sont à l’actif de la gouvernance sortante, autant que les retombées attendues du nouveau code forestier et du code de télécommunication, l’amélioration des voies de communication, des reformes en cours et autres amélioration du climat des affaires etc… Une fois aux affaires, l’UDPS n’aura pas de roue à réinventer quand bien même elle refuserait d’affronter la réalité en face qui veut que les innombrables et précieux acquis de la troisième république, sous le leadership de Joseph KABILA, constituent la base et les prérequis incontournables du décollage vers l’émergence de la RDC. Quel qu’en sera l’issue de l’alternance.
TROISIÈME OBSERVATION : Cependant, l’enveloppe globale de 87 milliards de dollars US sur 10 ans est en inadéquation totale avec le niveau ambitieux des reformes et des propositions d’investissements simplement listées dans le catalogue de bonnes intentions que comprend le programme du candidat Felix Tshisekedi. En fait, au-delà de l’énumération des voeux pieux, l’UDPS n’a pas élaboré un programme de gouvernement qui ait été techniquement structuré et chiffré selon les standards scientifiquement admis. Et même en tablant sur l’amélioration de la gouvernance de manière générale, elle-même devant se fonder sur des études techniques préalables et une
planification dans la mise en oeuvre, le candidat Felix Tshisekedi ne s’est visiblement pas donné la peine de réfléchir sur des vraies projets de réforme à mettre en place dans chaque secteur visé, ni sur leur faisabilité financière, encore moins sur l’évaluation de leur retombée. D’où ce chiffre de 87 Milliards manifestement imaginaire, en lieu et place des budgets cumulés sur les 10 prochaines années, base renseignée dans son propre tableau. En effet, selon la bonne évaluation au regard des données du document sous examen lui-même, le cumul total des budgets des exercices 2019 à 20129 se chiffrerait plutôt à environ 200 Milliards de dollars au lieu des 87 milliards de dollars indiqués, en tablant sur le taux de croissance de 25% /an, avec comme données de base les 5 milliards de l’exercice 2018, renseigné dans le programme du candidat. Manifestement, Felix Tshisekedi a évité le ridicule d’afficher un chiffre ronflant d’environ 200 milliards de dollars et a préféré réduire à la baisse ses rêves, sans se rendre compte qu’il se vendait plutôt moins cher qu’il aurait voulu.
Daniel MAKILA KANATGNI, Analyste politique