L’on n’arrive pas à comprendre pourquoi jusqu’à ce jour, la Rd Congo ne parvient toujours pas à produire l’électricité à partir du gaz méthane contenu dans le Lac Kivu à l’Est du pays. A savoir qu’à cause de ce gaz, le lac Kivu partagé entre la Rdc et le Rwanda, présente un potentiel énergétique incommensurable. Lequel potentiel très considérable, demande absolument une technologie d’extraction qui peut correctement séparer le gaz de l’eau, et produire de l’électricité.
Et le Rwanda voisin, qui avait débuté les travaux d’exploration au même moment que la Rdc, a déjà mis en place sa première centrale à gaz qui produit actuellement 26 mégawatts. Mais du côté de la République démocratique du Congo par contre, le statu quo semble perdurer à cause de la problématique de passation des marchés liée à cette exploitation.
Pourtant, les études sur l’exploitation de ce gaz méthane du lac Kivu ont été déjà réalisées et conclues il ya plus de 10 ans aujourd’hui. Et l’Etat congolais a même déjà lancé les appels d’offres. Alors que la Rdc doit absolument exploiter cette grande source énergétique, pour deux principales raisons.
La première, et facile à dégager, est d’ordre socioéconomique. Ce qui consiste à desservir ou améliorer, ou encore à renforcer en énergie électrique, les villes de Goma et Bukavu, principalement. Ce qui permettra de booster l’industrialisation à travers cette région du Grand Kivu.
Quant à la deuxième raison principale, qui s’avère plus contraignante, elle concerne essentiellement l’aspect environnemental. Il sied de souligner que plus de deux millions d’âmes vivent autour du Lac Kivu. Et les populations riveraines n’utilisent comme principale source d’énergie que du bois de chauffe et son charbon pour la cuisson. Exerçant ainsi une forte pression sur les îlots des forêts existantes encore pendant cette période où les effets des changements climatiques sont très palpables partout à travers le monde.
De l’autre part, l’on ne cesse d’alerter l’opinion nationale et internationale sur les menaces qui pèsent sur les êtres vivants qui vivent autour du Lac Kivu, vu la grande quantité du gaz qu’il renferme. Signalons qu’au sein de ce lac se trouvent emmagasiner plus de 57 milliards de mètres cubes du gaz méthane qui continu à s’accumuler au fond de l’eau.
Ce gaz méthane du Lac Kivu est accompagné du dioxyde de carbone (C02) d’origine mantellique et qui peut s’échapper par l’effet d’un renversement du lac. L’échappement pourrait être donc provoqué par un séisme, un glissement de terrain en soulevant ce C02 liquide dans la surface. Or, le C02 liquide est une fois et demie plus lourd que l’air normal.
Cela est à l’origine des morts par asphyxie des troupeaux et des hommes. Selon la Société civile, cette réalité est déjà vécue, bien qu’à petite échelle, dans ce lac au niveau de Kabunu. Mais ce qu’il faut surtout éviter à tout prix, c’est ce qui est arrivé aux lacs Nyos (Lwi) en 1986 (1746 morts) et Monoun en 1984 (37 morts) au Cameroun et Dieng en 1974 (Indonésie).
De la controverse autour de passation des marchés
Au Ministère des Hydrocarbures, l’on indiquait que le marché d’exploitation du gaz méthane n’avait été attribué à aucune entreprise. L’autorité contractante avait affirmé que le processus d’octroi de ce marché a été retardé à cause d’un recours introduit par Kivu lake energy corporation (KLEC), un des soumissionnaires mécontents pour n’avoir pas été retenu.
Cette allégation du Ministère des Hydrocarbures a été rejetée par d’autres soumissionnaires. Pour eux, le marché avait déjà été attribué de manière provisoire à Engineering Procurement & Project Management (EPPM), une entreprise tunisienne.
Pour sa part, Kivu lake energy corporation (KLEC) continuait à manifester son indignation en rapport avec cette situation. Les responsables de cette entreprise ont dénoncé ce qu’ils ont qualifié de « manque d’objectivité » dans le traitement des dossiers déposés par des soumissionnaires.
A la Direction générale de contrôle des marchés publics (DGCMP), personne n’acceptait de répondre à des questions relatives à ce dossier. Des spécialistes abordés avaient des avis qui divergent. Néanmoins, la chronologie des faits font quand même réfléchir.
L’avis à manifestation d’intérêt a été lancé le 21 juillet 2014. Une douzaine d’entreprises s’y sont manifestées et neuf seront ainsi retenues pour présenter leurs offres, parmi lesquelles, Klec qui prétend avoir pris la tête du classement avec 76,74%. A la queue, l’on a retrouvé Variable Oil & gaz (50,42% de points).
Après une autre évaluation, Klec se verra donc disqualifié et le marché attribué provisoirement à EPPM qui, selon certains analystes, ne partait pas favorite car ayant obtenu moins de points. Lésé, Klec introduit un recours gracieux en date du 2 février 2016. Recours qui sera en suite rejeté par l’autorité contractante.
C’est ainsi que le 12 février, Klec saisira l’Autorité de régulation des marchés publics (ARMP) pour un recours en appel. La procédure de passation de ce marché sera suspendue le 17 février. Le 16 mars 2016, après analyse du dossier, l’ARMP avait déclaré, fondé et recevable, le recours de Klec et a demandé à l’autorité contractante de réévaluer les offres de EPPM.
C’est alors que la suspension sera levée pour la suite de la procédure. Dans sa lettre du 05 avril 2016, l’autorité contractante (le Ministère des Hydrocarbures) boycotte la décision de l’ARMP.
Dans ce dossier, nombre de soumissionnaires ont dénoncé des « irrégularités ». D’autres parlaient d’un jeu de ping-pong. Ils ont estimé que l’autorité contractante voulait à tout prix donner ce marché à EPPM dont « les offres vont d’erreurs en erreurs ».
Des sources proches du dossier ont renseigné que dans les offres techniques des deux entreprises EPPM et KLEC, l’on peut remarquer que la première a choisi de produire du courant grâce aux turbines à cogénération. Tandis que le second entend utiliser les moteurs à gaz tel que le fait Contour Global, société qui exploite déjà le gaz méthane au Rwanda, avec une technologie d’extraction qui peut correctement séparer le gaz de l’eau.
Le déficit l’énergétique à la base de la pauvreté des populations congolaises
Dans une de ses correspondances adressées à la Banque mondiale, l’ancien Premier ministre Matata Ponyo Mapon rappelait à cette institution financière internationale que la République démocratique du Congo est dotée de ressources naturelles abondantes et variées. Elle détient, à titre illustratif, la deuxième réserve mondiale de cuivre, un quart des réserves d’or mondiales, le deuxième massif forestier de la planète, une superficie de terres arables équivalente à celle des terres cultivées du Brésil et plus de la moitié des réserves d’eau douce du continent africain.
Malgré ces atouts, a indiqué cet ancien Chef du Gouvernement congolais, l’incidence de la pauvreté est d’environ 71 %, et est attestée par un des plus faibles taux de desserte en électricité au sud du Sahara, puisque, 9 % seulement des ménages y ont accès et plus de la moitié des entreprises ont recours à des groupes électrogènes. Pour une croissance partagée, soutenue et qui réduise l’extrême pauvreté en Rdc, a soutenu Matata Ponyo, le développement du secteur de l’énergie est primordial.
Lequel consiste notamment à mettre en valeur le grand potentiel énergétique de la Rdc. D’autant plus que le pays regorge un potentiel hydroélectrique de 100 gigawatts dont 40 % sont concentrés dans le seul site énergétique d’Inga dans le Kongo centra, ainsi que plusieurs autres formes d’énergie renouvelable dont la capacité disponible est de 50 % de la capacité installée dans le pays.
A savoir, les énergies renouvelables sont celles que la nature constitue ou reconstitue plus rapidement que l’homme ne l’utilise (énergie solaire, éolienne, hydraulique, la biomasse, etc.). Elles peuvent ainsi être considérées comme inépuisables et se distinguent par leur caractère dé-carboné. En République démocratique du Congo, l’hydroélectricité est maitrisée et le solaire non encore totalement maitrisé, tandis que l’éolien, la géothermie ainsi que la biomasse-énergie moderne sont non encore maitrisés.
Et dans l’une des ses adresses à la Nation, le Président de la République Joseph Kabila Kabange avait indiqué que l’amélioration progressive des conditions de vie des populations congolaises et de leur bien-être, passe par l’approvisionnement en électricité, tant dans les milieux urbains que dans les milieux ruraux. Ce, à travers la réhabilitation des infrastructures existantes gérées par la SNEL, la construction de nouvelles infrastructures, la recherche des solutions palliatives, notamment solaires, et l’importation d’énergie.
Cette amélioration passe aussi par la réforme et la libéralisation du secteur de l’Electricité, la construction et l’exploitation des centrales à moyenne puissance, et la promotion de kits solaires pour réduire l’utilisation des lampes tempêtes et des bougies en milieux ruraux. Voilà pourquoi, le Chef de l’Etat avait cité les projets spécifiques dans le secteur de l’électricité.
A court terme : la construction achevée du barrage de 13,8 MW à Matebe, dans le territoire de Rutshuru ; la réhabilitation en cours des centrales d’Inga au Kongo Central, de Tshopo dans la Province de la Tshopo ainsi que de Nseke et Nzilo au Katanga qui devrait porter le productible de 800 MW à 1.300 MW et permettre d’améliorer le réseau électrique de Kinshasa ; la construction largement engagée des centrales de Zongo 2, Kakobola et Katende qui, ensemble, devraient produire près de 230 MW d’ici la fin de 2017, améliorant ainsi la desserte en électricité des populations des anciennes provinces du Bandundu, du Kasaï-Occidental, du Kasaï-Oriental et de Kinshasa, soit plus ou moins trente millions de congolaises et de congolais.
Et pour les projets à moyen terme, le Président de la République a mentionné la construction d’Inga 3 basse chute devant produire 4.800 MW, dont 2300 destinés à la satisfaction de la demande intérieure. Pour Joseph Kabila, l’entrée en opération de ces différents ouvrages devrait améliorer le taux de desserte en électricité de la Rdc « qui, quoiqu’étant passé de 9 à 15% ces 3 dernières années, reste encore faible par rapport à la moyenne africaine de 30% ».