C’est sous haute tension politique et médiatique que le Ministre d’État en charge de la Justice, Constant Mutamba, s’est présenté ce mardi au Parquet général près la Cour de cassation, répondant à une convocation officielle de cette juridiction supérieure. En cause : une enquête judiciaire ouverte pour des soupçons de tentative de détournement de fonds publics.
Le déplacement du ministre n’est pas passé inaperçu. Entouré d’une foule massive, composée notamment de militants de son parti politique mais aussi de nombreux Kinois, Mutamba est arrivé dans une ambiance survoltée, entre chants de soutien et slogans appelant à la « justice équitable ». Une mobilisation qui démontre la portée politique de cette affaire, dans un contexte national déjà sous pression.
L’enquête judiciaire a été rendue possible grâce à une autorisation formelle de l’Assemblée nationale, qui a levé l’immunité parlementaire du ministre. Ce feu vert a ouvert la voie aux poursuites du Parquet général, marquant un tournant dans la gestion des affaires judiciaires impliquant des hauts responsables de l’État.
Pour l’heure, aucune charge formelle n’a encore été retenue, mais la convocation du ministre laisse présager l’existence d’indices jugés sérieux par la justice. Selon plusieurs sources proches du dossier, les faits reprochés pourraient concerner la gestion de certains fonds destinés à des projets publics encore non précisés.
Constant Mutamba, lui, clame son innocence. Dans une brève déclaration avant son entrée dans l’enceinte judiciaire, il a dénoncé ce qu’il qualifie de « cabale politique » orchestrée pour nuire à son image, tout en affirmant faire pleinement confiance à la justice de son pays.
Cette affaire met en lumière une fois de plus la fragilité de la frontière entre justice et politique en RDC, alors que le gouvernement affirme renforcer la lutte contre l’impunité, y compris dans ses propres rangs. Reste à savoir si ce dossier aboutira à une inculpation formelle, ou s’il rejoindra la longue liste des procédures sans suite.
L’opinion publique, elle, est divisée : certains saluent une justice qui ose enfin aller jusqu’au bout, d’autres y voient une instrumentalisation à des fins de règlement de comptes.