Le bourgmestre de Kisenso, Godet Atsawel, a surpris l’opinion publique en annonçant l’instauration d’un permis de séjour obligatoire pour toute personne non résidente souhaitant séjourner temporairement dans sa municipalité. Cette mesure s’applique aussi bien aux habitants des autres communes de Kinshasa qu’aux ressortissants des provinces congolaises ou expatriés. Le coût de ce permis a été fixé à 10 000 francs congolais (environ 3,5 USD) pour une validité de trois mois.
Une mesure pour lutter contre l’insécurité ?
Selon le bourgmestre, cette initiative vise à renforcer la sécurité dans la commune de Kisenso, régulièrement confrontée à des problèmes d’insécurité. « Le permis de séjour est obligatoire pour toute personne venant d’une autre commune, qui n’habite pas Kisenso mais désire y séjourner pendant quelques jours ou mois », a-t-il déclaré à l’Agence Congolaise de Presse (ACP).
Cependant, cette mesure a immédiatement provoqué un tollé. De nombreux habitants de Kinshasa et internautes se demandent sur quelle base juridique repose une telle décision. Certains vont même jusqu’à mettre en doute la santé mentale du bourgmestre, qualifiant cette initiative de pure fantaisie administrative.
Un cadre juridique inexistant ?
Les critiques pointent du doigt le manque de fondement légal pour une telle décision. En effet, ni la Constitution congolaise ni les lois en vigueur n’autorisent un bourgmestre à instaurer un permis de séjour dans une commune. Pour de nombreux observateurs, cette mesure pourrait être considérée comme une atteinte à la liberté de circulation garantie à tous les citoyens.
De plus, même si le bourgmestre venait à appliquer ce dispositif controversé, l’absence d’un système fiable d’identification de la population rendrait sa mise en œuvre quasi impossible. En effet, comment identifier efficacement les résidents et les non-résidents dans un contexte où les services administratifs peinent déjà à assurer l’enregistrement des habitants ?
Un débat public lancé
Sur les réseaux sociaux, les réactions sont virulentes. « Une commune qui n’a même pas de registre propre veut imposer des permis de séjour ? C’est absurde », s’indigne un internaute. D’autres appellent à une intervention des autorités provinciales pour clarifier la situation et éviter des abus administratifs.
Face à ces critiques, le silence des autorités provinciales de Kinshasa, notamment celui du gouverneur Daniel Bumba, est également pointé du doigt. Pour l’instant, le bourgmestre Atsawel reste ferme sur sa décision, sans pour autant présenter de plan détaillé pour son application.
Cette affaire relance le débat sur les compétences des autorités locales et sur la nécessité d’un cadre légal clair pour éviter de telles dérives administratives. Pour beaucoup, l’urgence est ailleurs : renforcer la sécurité par des moyens structurels, plutôt que de multiplier des mesures jugées inefficaces et inapplicables.