Jean-Claude Katende, président de l’Association Africaine de Défense des Droits de l’Homme (ASADHO), critique ouvertement la décision du gouvernement de lancer une nouvelle consultation concernant l’état de siège en vigueur dans les provinces de l’Ituri et du Nord-Kivu. Sur ses réseaux sociaux, il a dénoncé ce qu’il considère comme un gaspillage des fonds publics, estimant que les consultations précédentes avaient déjà exprimé l’opposition des forces vives de l’Est à cette mesure exceptionnelle.
Dans sa déclaration, Katende rappelle qu’en 2023, les citoyens et députés nationaux des provinces concernées avaient exigé la levée de l’état de siège, arguant que cette mesure n’était pas efficace pour lutter contre l’agression rwandaise. « Ils avaient reçu une fin de non-recevoir », déplore-t-il, soulignant que le gouvernement avait alors défendu l’état de siège comme indispensable à la sécurisation de la région. Aujourd’hui, la Première ministre consulte à nouveau les citoyens sur cette même question, une démarche que Katende interprète comme une tentative de légitimer une décision déjà prise.
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Une décision motivée par des intérêts politiques ?
Pour le président de l’ASADHO, cette nouvelle consultation n’est qu’un prétexte pour servir des intérêts politiques : « Je suis sûr que la mesure sera levée, non pas pour répondre aux revendications des populations, mais pour permettre des révisions ou des changements constitutionnels favorables aux ambitions des politiciens. » Katende accuse ainsi le gouvernement de manipuler les décisions publiques en fonction de ses priorités, sans réelle considération pour les attentes des citoyens.
Une gestion controversée de l’état de siège
Depuis sa proclamation en mai 2021, l’état de siège a suscité de vives critiques pour son manque d’efficacité à enrayer les violences dans l’Est de la RDC. Des rapports d’organisations locales et internationales ont souligné des abus, des atteintes aux droits humains, et des dépenses publiques exorbitantes, sans résultats probants sur le terrain.
Jean-Claude Katende interroge la pertinence d’une nouvelle consultation dans ce contexte, estimant qu’elle s’apparente davantage à une opération de communication qu’à une réponse aux besoins des populations affectées par le conflit : « Pourquoi gaspiller l’argent public pour faire une nouvelle consultation, alors que les forces vives s’étaient déjà prononcées l’année passée ? »
Les enjeux derrière la levée de l’état de siège
Si la levée de l’état de siège se confirme, cette décision pourrait être interprétée comme un virage stratégique du gouvernement. Mais pour Katende, elle ne répondra qu’à des intérêts politiques, au détriment des aspirations des populations de l’Est. Ce nouveau rebondissement alimente également les spéculations sur une éventuelle révision de la Constitution, sujet récurrent dans les débats politiques récents.
L’intervention de Jean-Claude Katende met en lumière une fois de plus les tensions persistantes entre le gouvernement central et les populations de l’Est, marquées par des années de conflits et un sentiment croissant de marginalisation.
Face à ces critiques, le gouvernement devra clarifier les objectifs de cette consultation et démontrer que la levée de l’état de siège n’est pas dictée par des considérations électoralistes ou constitutionnelles, mais bien par la volonté de répondre aux attentes des citoyens et de restaurer la paix dans cette région en crise.