À l’occasion de la Journée mondiale de la jeunesse, la ministre de la Jeunesse, Noëlla Ayeganagato, a prononcé un discours qui n’a pas manqué de faire réagir. Parmi les voix critiques, celle de Me Honoré Mvula Kabala, éminent analyste politique et avocat, se distingue par une évaluation sévère de l’approche ministérielle qu’il qualifie de « populisme des réseaux sociaux » et de vision « utopique et dangereusement naïve ».
1. Le Populisme des Réseaux Sociaux : L’État en Péril ?
Dans son analyse acerbe, Me Honoré Mvula Kabala ne mâche pas ses mots. Il estime que la campagne « Topesa RDC chance », lancée par la ministre Ayeganagato, s’appuie sur une « vision simpliste et populiste » qui met en danger les fondements mêmes des institutions de l’État. Selon lui, l’idée de transposer les tendances des réseaux sociaux dans les politiques publiques est non seulement irresponsable mais aussi périlleuse.
Pour Mvula Kabala, les réseaux sociaux, s’ils sont des outils puissants pour mobiliser et sensibiliser l’opinion publique, ne doivent en aucun cas servir de boussole pour la gouvernance. « Les slogans accrocheurs ne peuvent se substituer à l’analyse rigoureuse des faits et des données », martèle-t-il, rappelant que l’élaboration des politiques publiques nécessite une approche réfléchie et fondée sur l’expertise plutôt que sur des initiatives superficielles visant à capturer l’attention en ligne.
2. Une Vision Utopique : Déconnexion avec la Réalité
La critique de Mvula Kabala ne s’arrête pas là. Il accuse la ministre de proposer une vision utopique, éloignée des réalités du terrain. Selon lui, en invitant les jeunes à s’engager dans des actions patriotiques sans apporter de solutions concrètes aux problèmes structurels que sont le clientélisme, la corruption et les inégalités sociales, la ministre risque de détourner l’attention des véritables défis auxquels la jeunesse est confrontée.
Mvula Kabala insiste sur le fait que de telles initiatives, bien intentionnées soient-elles, ne pourront jamais combler le fossé entre le discours officiel et la dure réalité que vivent quotidiennement les jeunes Congolais. Pour lui, cette déconnexion risque d’engendrer frustration et désillusion chez une jeunesse déjà confrontée à un manque criant d’opportunités et de perspectives.
3. L’État Ne Peut Être Géré Comme une Plateforme Sociale
Dans une remarque finale empreinte de gravité, Mvula Kabala met en garde contre ce qu’il perçoit comme une dérive dangereuse : l’idée que l’État puisse être géré comme une simple plateforme sociale. Il rappelle que la gouvernance doit être guidée par des principes solides de droit et de responsabilité, et que les décisions politiques ne peuvent être prises en fonction des tendances éphémères et populaires sur les réseaux sociaux.
Pour lui, cette approche risque de saper la crédibilité des institutions publiques et de miner la confiance des citoyens en leurs dirigeants. Il appelle ainsi à une gouvernance sérieuse et réaliste, fondée sur des solutions concrètes, afin de véritablement offrir une chance à la jeunesse congolaise.
Conclusion : Entre Critique et Réalité
Le discours de Me Honoré Mvula Kabala reflète une inquiétude grandissante quant à la direction que prend l’État sous l’influence des nouvelles tendances numériques. Bien que sa critique soit sévère, elle met en lumière des enjeux réels auxquels le gouvernement doit prêter attention. Cependant, il reste à savoir si cette analyse résonnera au sein des sphères décisionnelles ou si elle sera simplement perçue comme une opposition au changement et à l’innovation dans la gouvernance. La question demeure : l’État peut-il se permettre de négliger l’impact des réseaux sociaux dans un monde de plus en plus interconnecté, ou doit-il au contraire trouver un équilibre entre innovation et rigueur institutionnelle ?
