Une transaction financière suscite de vives interrogations dans le secteur minier de la République démocratique du Congo (RDC). Le minier chinois Zijin Mining a effectué un virement conséquent de 70 millions de dollars à une ONG congolaise méconnue, Bouclier, dirigée par Jean-David E’ngazi, également administrateur de la Cominière, entreprise partenaire de Zijin.
Ce transfert a été publicisé par Zijin comme une contribution à l’aide humanitaire dans les régions nord-est et est de la RDC. Cette somme, qui a été intégralement versée à Bouclier, soulève des inquiétudes quant à sa finalité et à la gestion des fonds. Jean-David E’ngazi, présenté comme le président de la communauté congolaise de Montréal au Canada, a regagné la RDC en 2020 et a intégré par la suite le Conseil économique et social ainsi que le conseil d’administration de la Cominière.
Le lien entre la nomination de M. E’ngazi et la concrétisation du partenariat entre la Cominière et Zijin Mining, dont la transaction a eu lieu peu après son intégration en septembre 2023, fait l’objet de questionnements. Son ascension au conseil d’administration de la Cominière est attribuée à la nouvelle présidente de cette entité, Lisette Kabanga Tshibwabwa, membre de l’UDPS, le parti du Président Tshisekedi.
L’affaire se corse avec l’implication de Lisette Kabanga Tshibwabwa, qui aurait perçu une somme de 1,6 million de dollars en tant que rémunération pour son rôle dans la cession des parts de la Cominière à Zijin pour le projet de Manono, une opération décrite comme un « bradage » des actifs miniers par un rapport de l’Inspection générale des finances (IGF).
Des questions restent sans réponse concernant le devenir des 70 millions de dollars alloués à l’ONG Bouclier, notamment après qu’un solde de 40 millions a été récemment transféré sur un autre compte de l’ONG auprès de la banque EquityBCDC. Les appels à la transparence et à l’éclaircissement concernant l’utilisation des fonds sont d’autant plus pressants que l’identité de la première banque destinataire des fonds reste incertaine.
Cette affaire pointe vers une possible problématique de gouvernance et d’intégrité dans l’attribution de fonds liés aux activités extractives, et pourrait avoir des répercussions sur la perception des investissements étrangers et la gestion des entreprises d’État en RDC. La demande de responsabilité et d’audit des flux financiers se fait résolument entendre parmi les observateurs de l’industrie minière en RDC et parmi la population congolaise.