Après de longues semaines d’audience où la question du témoin aura été centrale, marquées par les récits éprouvants de rescapés et le silence de l’accusé, la cour d’assises de Paris a condamné l’ex-gendarme rwandais à perpétuité. C’est la deuxième fois que ce verdict est prononcé en cinq procès.
«Je fais confiance à votre jugement. Je sais que vous écouterez la raison et votre cœur», avait déclaré Philippe Hategekimana mercredi 28 juin, en s’adressant à la cour d’assises de Paris. Devenu Philippe Manier depuis sa naturalisation en France en 2005, cet ex-adjudant chef de la gendarmerie rwandaise comparaissait depuis le 10 mai pour son rôle supposé dans le génocide des Tutsis qui s’est déroulé dans son pays natal en 1994. Il était à l’époque en poste dans la sous-préfecture de Nyanza, dans le sud du pays.
Lors de ce procès lié au génocide du Rwanda, comme pour les quatre précédents qui se sont déroulés à Paris depuis 2014 en vertu de la «compétence universelle» de la France, des questions lancinantes reviennent sans cesse. Qui est réellement cet homme à l’apparence ordinaire, confronté au défilé d’une centaine de témoins parfois venus du Rwanda, parfois entendus en visio ? Lui clame son innocence. Mais c’est parole contre parole, alors que seuls les témoignages de rescapés ou de complices supposés peuvent attester, ou non, de sa participation à une tragédie déjà vieille de près de trente ans. Il n’y avait ni Internet, ni téléphones portables à l’époque. Et qu’ont pu penser et comprendre, pendant ces longues semaines d’audiences, les six membres du jury.
La rédaction