Dans un rapport très attendu publié mercredi, l’ONU appelle la communauté internationale à agir d’urgence face aux accusations de torture et de violences sexuelles dans la région chinoise du Xinjiang que l’organisation juge « crédibles ». Le texte, qui évoque par ailleurs de possibles « crimes contre l’humanité », a suscité la colère de Pékin.
Le rapport très attendu de l’ONU sur la région chinoise du Xinjiang, publié in extremis mercredi 31 août, évoque de possibles « crimes contre l’humanité » et fait état de « preuves crédibles » de tortures et de violences sexuelles à l’égard de la minorité ouïghoure et appelle la communauté internationale à agir d’urgence.
« L’ampleur de la détention arbitraire et discriminatoire de membres des Ouïghours et d’autres groupes à prédominance musulmane […] peut constituer des crimes internationaux, en particulier des crimes contre l’humanité », indique le rapport d’un peu moins de cinquante pages dans ses conclusions.
« Les allégations faisant état de pratiques récurrentes de la torture ou des mauvais traitements, notamment de traitements médicaux forcés et de mauvaises conditions de détention, sont crédibles, tout comme le sont les allégations individuelles de violences sexuelles et fondées sur le genre », écrit le Haut-Commissariat de l’ONU aux droits de l’Homme.
L’ancienne présidente chilienne Michelle Bachelet, dont c’était le dernier jour à la tête du Haut-Commissariat après un mandat de quatre ans, tient ainsi in extremis sa promesse en laissant publier le document peu avant minuit à Genève.
S’il ne semble pas comporter de révélations par rapport à ce qui était déjà connu de la situation dans le Xinjiang, ce document apporte le sceau de l’ONU aux accusations portées de longue date contre les autorités chinoises.
Pressions intenses
Sa publication avait fait l’objet de pressions intenses de la part des partisans pour qu’elle soit mise en œuvre – notamment des États-Unis et des grandes ONG de défense des droits humains – et, à l’inverse, pour l’empêcher de voir la lumière du jour de la part de Pékin, qui considère le rapport comme une « farce » orchestrée par les Occidentaux, Washington en tête.
Ce rapport « met à nu, les violations massives des droits fondamentaux par la Chine », a déclaré Sophie Richardson, directrice de l’ONG Human Rights Watch pour la Chine. Le Conseil des droits de l’homme de l’ONU « devrait utiliser ce rapport pour lancer une enquête exhaustive sur les crimes contre l’humanité du gouvernement chinois », estime-t-elle.
Amnesty international exige aussi que le Conseil « mette sur pied un mécanisme indépendant international pour enquêter » sur ces crimes au Xinjiang.
Delphin TAMBWE