Dans une déclaration faite ce jeudi 9 septembre 2021, le docteur Denis Mukwege a déploré la persistance des massacres des populations civiles en Ituri et au Nord-Kivu qui sont pourtant sous état de siège depuis le mois de mai dernier.
Le prix Nobel de la Paix fustige par ailleurs l’assassinat de 19 civils le 27 août dernier dans le territoire de Beni au Nord-Kivu.
« C’est avec effroi que nous avons appris les récentes tueries commises au Nord Kivu et en Ituri. Alors qu’au moins 19 civils ont été tués le 27 août dans le territoire de Beni, au moins 30 civils ont été massacrés le 3 septembre dans le territoire d’Irumu lors des attaques attribuées aux miliciens des Forces Démocratiques Alliées (ADF) », a-t-il déclaré.
Le prix Nobel de la paix 2018 s’est alarmé du fait que l’état de siège instauré dans ces contrées n’apporte toujours pas la paix tant souhaitée.
« Malgré l’état de siège instauré dans le Kivu et en Ituri, la situation sécuritaire ne semble pas s’améliorer dans ces provinces et la crise humanitaire dramatique que les populations civiles endurent se transforme en une véritable crise de notre humanité. La situation qui prévaut dans cette région touchée par les conflits armés depuis des décennies est la deuxième crise humanitaire la plus grave au monde quand on prend en compte les 5,2 millions de déplacés que connaît la RDC. En outre, les conflits qui ravagent notre pays depuis 25 ans sont les plus meurtriers depuis la deuxième guerre mondiale », a regretté le fondateur de l’hôpital général de Panzi.
« Face à l’échec des solutions politiques et sécuritaires », le gynécologue congolais a réitéré son appel pour la mise en œuvre de la justice transitionnelle et l’établissement d’un Tribunal pénal international pour la RDC.
« Le temps est venu pour le chef de l’État de concrétiser son engagement à faire adopter une stratégie nationale holistique de justice transitionnelle et à demander de manière
expresse aux Nations-Unies l’établissement d’un Tribunal Pénal International pour la RDC et le soutien à la mise en place de chambres spécialisées mixtes pourz rendre justice aux victimes des crimes les plus graves et mettre fin à la culture de l’impunité qui alimente les conflits dans notre pays depuis les années 1990 », a insisté le Dr Mukwege.
Il a aussi invité le président Tshisekedi « à solliciter l’aide de l’ONU et l’adoption d’une résolution du Conseil de sécurité pour mettre en place sans tarder une équipe d’enquêteurs intégrées au Bureau Conjoint des Nations-Unies aux droits de l’homme comprenant entre autres des experts en anthropologie médico-légale pour exhumer les nombreuses fosses communes à l’Est du pays pour collecter et préserver les éléments de preuve d’actes susceptibles de constituer des crimes de guerre, des crimes contre l’humanité et des crimes de génocide perpétrés en RDC ».
La Rédaction