72 heures après le pustch au Mali, qui a balayé le régime de la transition civile dirigé par l’ex officier de l’armée de l’air, Bah Ndaw, l’on en sait un peu plus sur les mobiles réelles de ce coup de force, le deuxième en 9 mois, venu remettre en cause tous les acquis de la transition instaurée depuis la chute d’Ibrahim Boubacar Keïta.
Au fond du dossier, se cacherait une sombre affaire de contrats d’armement avec Moscou, dévoilés par le président déchu à la France. Selon maliweb.net, »Une source proche de l’ex junte a dévoilé que le président de la transition aurait transmis aux autorités Françaises des documents relatifs à un contrat d’armement en cours de négociation avec la Russie ». Toujours d’après les révélations du confrère, »Paris aurait exprimé sa vive inquiétude à la Russie et s’est opposée à toute vente d’arme ou échange militaire ou sécuritaire et exhorté Vladimir Poutine à ne pas donner une suite favorable, afin d’éviter la glaciation des relations diplomatiques déjà tendues en Afrique avec l’intervention Russe en Centrafrique ».
S’il paraît difficile dans les conditions actuelles de confirmer ou d’infirmer cette version des faits, l’hypothèse d’un rapprochement entre les autorités Russes et les putschistes au Mali, semble se consolider avec le soutien affiché de Moscou au Conseil de Sécurité des Nations Unies, lors d’une session d’urgence de l’organe sur la crise au Mali, aux nouveaux maîtres de Koulouba à Bamako.
Les visées de Moscou sur l’Afrique, se font de plus en plus aigues. 30 ans après l’effondrement de l’Union Soviétique, Vladimir Poutine, égerie de la résurrection de l’ogre Russe, a compris que le contexte de crises latentes, essaimant un peu partout en Afrique et notamment dans le précarré Français, lui offrait une aubaine inédite pour couper l’herbe sous le pied de Paris, après que son pays ait été délesté de plusieurs de ses anciens états vassaux d’Europe centrale.
En trois décennies, la France plus que toutes les autres puissances Occidentales, s’est embourbée dans les intrigues politiciennes en Afrique. Entre soutien aux régimes dictatoriaux et caution des coups d’états, la France s’est progressivement constituée en cible justifiée ou non, des opinions publiques Africaines, qui lui mettent aujourd’hui à dos, tous les travers des politiques répressives et incohérentes déployées par les dirigeants locaux.
D’Abidjan à Bangui, en passant par Libreville, Ndjamena, Douala, Brazzaville, Lomé, Cotonou, Dakar, Bamako et autres, Paris est vomi. Le système Françafricain représente le bouc émissaire idéal pour porter les accusations les plus grotesques de déstabilisation.
L’homme fort du Kremlin, ayant flairé l’opportunité, semble résolu à s’appuyer sur cette béquille de rejet de la France, pour se dessiner sa sphère d’influence en Afrique, comme au temps de la guerre froide, en commençant par les états Francophones qui par la force des choses, sont devenus des terreaux favorables, grâce au sentiment anti-Français qui y prévaut.
Après avoir pris pied en Centrafrique, Poutine veut voir plus grand. Difficile de croire que les enjeux de l’influence Russe en Afrique, se limitent à la Centrafrique. Ce pays en proie à une instabilité chronique depuis près de deux décennies, est visiblement que la porte d’entrée de Moscou, un champ de démonstration du pragmatisme Russe, qui ne peut que séduire de nombreuses élites Africaines en opposition aux pouvoirs en place.
Si la gestation d’un contrat d’armement entre le Mali et la Russie s’avérait, cela signifierait alors que Moscou se positionne comme une alternative décisive face aux tergiversations du colon Français, qui 8 ans après son entrée en scène sur le front Malien, n’a jusque-là produit que des résultats approximatifs, là où les populations et une partie de la classe politique songent à une éviction totale des groupes djihadistes, ce que Poutine serait sans doute prêt à leur donner.
Non, la Russie ne perd pas son temps en Centrafrique. Dans ce pays, elle a eu le temps de démontrer trois qualités essentielles dont les Africains ont besoin : L’engagement total, l’efficacité sur le terrain, et une flexibilité dans l’arrangement politique.
Si la Russie venait à s’immiscer dans le conflit Malien, cela scellerait irréversiblement le sort de la France en Afrique. Aux portes de la Côte d’Ivoire, une zone d’influence Russe serait du pain béni pour Poutine, visiblement déterminé à passer aux choses concrètes.
A Bamako, le bras de fer entre Poutine et Macron est engagé. Il reste à savoir qui saura l’emporter, même si dans les conditions actuelles, le successeur de François Hollande semble en pôle position.
Delphin TAMBWE