Face à la crise sécuritaire persistante dans l’Est de la République Démocratique du Congo, Vital Kamerh, président de l’Union pour la Nation Congolaise (UNC) et figure de poids de la majorité présidentielle, a lancé un appel fort : l’État doit continuer à assurer le paiement des salaires des fonctionnaires, y compris dans les zones actuellement sous occupation de l’Alliance Fleuve Congo (AFC) et du M23.
« Il ne faut pas que la guerre puisse constituer un alibi », a-t-il martelé, dénonçant l’argument souvent avancé selon lequel les conflits armés empêcheraient la rémunération des agents de l’État dans les zones en insécurité. Kamerhe a pris soin de rappeler un précédent historique : « À l’époque de l’occupation ougando-rwandaise, le pays était occupé aux trois quarts, mais les salaires étaient payés. » Une manière de souligner qu’un État digne de ce nom ne doit jamais abandonner ses obligations, même face à des défis majeurs.
Dans les territoires du Nord-Kivu, du Sud-Kivu et de l’Ituri, plusieurs localités sont sous contrôle partiel ou total des rebelles du M23/AFC, soutenus militairement par le Rwanda, selon les autorités congolaises et des rapports des Nations unies. Or, ces zones abritent encore des milliers d’agents publics, enseignants, soignants, agents administratifs, qui continuent de servir malgré les risques, souvent sans être rémunérés depuis des mois.
Pour Vital Kamerhe, la continuité de l’État passe par le respect des droits fondamentaux de ces agents. « Ces hommes et femmes sont les piliers de la présence de l’État sur le terrain. Ne pas leur payer leurs salaires, c’est les abandonner à la merci des forces d’occupation ou de la précarité », a-t-il ajouté.
Son exigence intervient dans un contexte politique et sécuritaire tendu, à l’approche d’un nouveau round de discussions sur la situation dans l’Est, où les appels à une solution diplomatique se multiplient, pendant que les opérations militaires continuent sur plusieurs fronts.
En insistant sur le paiement des salaires comme acte de souveraineté, Kamerhe veut rappeler que l’État congolais ne peut se contenter d’être spectateur dans les territoires sous menace, mais doit rester acteur, y compris par ses fonctions sociales.
Une déclaration qui pourrait peser dans les prochaines décisions du gouvernement, alors que les critiques se multiplient sur la gestion de la crise dans l’Est.