L’ambiance qui régnait ce matin dans la cour de l’Université des Sciences de l’Information et de la Communication (UNISIC), ex-IFASIC, relevait moins d’un établissement d’enseignement supérieur que d’un terrain vague livré à lui-même. Un engouement désordonné, des comportements erratiques, des étudiants désœuvrés : voilà l’image actuelle de cette prestigieuse institution jadis reconnue pour son excellence dans la formation des professionnels des médias en République Démocratique du Congo.
Depuis plusieurs semaines, les étudiants ne reçoivent plus cours, faute de personnel enseignant. Professeurs, chefs de travaux et assistants ont tout simplement déserté les auditoires. En cause : des impaiements à répétition, un désordre criant dans la gestion et une méfiance grandissante vis-à-vis du comité de gestion. À la place d’un encadrement académique rigoureux, un petit groupe de « scientifiques » recrutés en dehors des normes universitaires aurait été imposé, suscitant l’indignation au sein même de la communauté estudiantine.
Selon plusieurs sources internes, la crise trouve sa source dans une gestion opaque et chaotique. L’université souffrirait d’un manque cruel de ressources financières, alors que les accusations de détournements et de mauvaise gouvernance se multiplient. Les agents administratifs, eux aussi démobilisés, brillent par leur absence. La paralysie est presque totale.
Au cœur de la tourmente, le recteur de l’UNISIC, le Professeur Jean Richard Kamabay Bwatshia, accusé par certains de bénéficier d’une protection politique de haut niveau, notamment à la Présidence de la République et au ministère de l’Enseignement Supérieur et Universitaire. Une proximité qui, selon des observateurs, expliquerait l’absence de sanctions ou de mesures correctives malgré les alertes répétées.
L’inquiétude est grande. Les étudiants, livrés à eux-mêmes, s’interrogent sur leur avenir. Comment réussir une formation de qualité dans un établissement qui ne fonctionne plus ? Que vaut encore un diplôme obtenu dans ces conditions ? Des questions douloureuses pour une jeunesse déjà confrontée à un marché de l’emploi saturé.
UNISIC — fleuron de la formation journalistique en RDC — risque de perdre son âme, sa réputation et sa mission si une intervention urgente n’est pas initiée par les autorités compétentes.
Il y a lieu de tirer la sonnette d’alarme : une institution d’une telle envergure ne peut être sacrifiée sur l’autel de la complaisance et de la mégestion. Il en va de l’avenir de tout un secteur et de la crédibilité de l’enseignement supérieur congolais.