Un vent nouveau semble souffler sur l’Est de la République démocratique du Congo. Le communiqué conjoint entre le Gouvernement congolais et les groupes armés M23/AFC, publié ce mardi, marque un tournant diplomatique que d’aucuns qualifient déjà d’historique. Ce texte, fruit de négociations intensives et discrètes, est perçu par plusieurs acteurs politiques et de la société civile comme un pas déterminant vers un cessez-le-feu durable.
Une « avancée significative », selon le parti de Delly Sesanga
Le parti politique Envol, dirigé par Delly Sesanga, s’est félicité de cet accord naissant. Dans une déclaration, le mouvement parle d’“une avancée significative vers un cessez-le-feu bilatéral”, saluant la volonté des deux parties de sortir de la logique de confrontation armée pour privilégier le dialogue. Son secrétaire général, prenant la parole ce mercredi matin, a affirmé y voir les prémices d’“une désescalade du conflit dans l’Est du pays”.
Pour une paix durable : le silence des armes ne suffit pas
Rodrigue Ramazani, analyste politique et acteur engagé pour la paix, insiste sur l’importance d’un processus plus large : “La paix véritable ne saurait se réduire au seul silence des armes. Un dialogue inclusif s’avère essentiel pour restaurer la confiance.” Ce dialogue, selon lui, devrait s’inspirer de la proposition des prêtres congolais, notamment à travers un pacte social rassemblant toutes les composantes de la nation.
Vers une refondation du contrat social congolais
L’objectif de ce pacte social va bien au-delà de la cessation des hostilités. Il vise à “reconstruire le tissu de la cohésion nationale profondément déchiré” par des années de violences, d’injustices et de marginalisation. Les acteurs du processus souhaitent jeter les bases d’un “large consensus autour des réformes indispensables à la refondation du Congo”.
Ces réformes, attendues de longue date, toucheraient notamment à la gouvernance sécuritaire, à la répartition des richesses, à l’intégration des groupes armés dans la vie civile ou militaire, et à la réconciliation intercommunautaire.
Une initiative qui suscite l’attente… et la prudence
Si l’annonce du communiqué a été largement saluée, de nombreux observateurs appellent à la prudence. “L’histoire de notre pays est jonchée d’accords non tenus. La vigilance citoyenne et l’implication continue de la société civile seront cruciales”, avertit une militante de Goma.
Le chemin vers la paix durable reste semé d’embûches. Mais ce communiqué laisse entrevoir une possibilité : celle de transformer un climat de défiance en opportunité de reconstruction collective. Reste désormais à passer des intentions à l’action, dans le respect des engagements pris et avec la participation active de toutes les forces vives du pays.