Dans un contexte marqué par des débats croissants autour de la forme de l’État congolais, Patrick Nkanga, cadre du Parti du Peuple pour la Reconstruction et la Démocratie (PPRD), a tenu à clarifier sa position sur la question de la gouvernance territoriale. Dans une déclaration empreinte de conviction, il appelle à renforcer l’application de la décentralisation, tout en rejetant le recours au fédéralisme qu’il juge inadapté à la réalité sociopolitique actuelle du pays.
Décentralisation : un modèle constitutionnel encore inappliqué
Pour Patrick Nkanga, la question n’est pas de remettre en cause le modèle actuel, mais d’en garantir l’application effective. Adoptée dans le sillage de la Constitution du 18 février 2006, la décentralisation est censée incarner un équilibre entre unité nationale et gestion territoriale autonome, dans le cadre d’un État unitaire fortement décentralisé. Un modèle qu’il qualifie de régionalisme constitutionnel, fruit d’un compromis historique entre les partisans du fédéralisme et ceux de l’unitarisme.
« Pouvons-nous faire le procès de la décentralisation alors qu’elle n’a jamais été pleinement appliquée ? », s’interroge-t-il, appelant à un respect rigoureux des dispositions constitutionnelles et légales existantes.
Un rejet assumé du fédéralisme, jugé prématuré
Nkanga exprime une réserve claire à l’idée d’un basculement vers le fédéralisme, qu’il considère prématuré au regard du niveau de maturité institutionnelle et sociale du pays. Selon lui, le fédéralisme pourrait accentuer les divisions régionales et remettre en question la cohésion nationale si mal appréhendé.
« Si la décentralisation a été perçue à tort comme une politique du ‘chacun chez soi’, qu’en serait-il alors du fédéralisme ? », avertit-il, mettant en garde contre une lecture biaisée et émotionnelle du modèle fédéral.
Un appel à un nouveau pacte social basé sur les fondements de Sun City
En évoquant les fondements du Pacte Républicain de Sun City, l’accord politique qui a permis la transition démocratique en RDC au début des années 2000, Patrick Nkanga propose une réflexion collective sur un nouveau pacte social, qui s’appuierait sur les convergences historiques plutôt que sur les divergences récentes.
Il rappelle que la forme actuelle de l’État est une construction politique issue d’un consensus, aujourd’hui altéré par des crises institutionnelles à répétition. Pour y remédier, il plaide pour un retour à l’esprit de Sun City, dans le respect intégral des textes fondateurs de la République.
La Constitution comme solution, non comme problème
Enfin, Patrick Nkanga rejette l’idée selon laquelle la Constitution du 18 février 2006 serait un obstacle à la stabilité du pays. Au contraire, il affirme que la non-application de ses principes est à l’origine des dysfonctionnements actuels.
« Notre Constitution fait partie de la solution. C’est par sa stricte application, dans l’esprit et la lettre, que la RDC connaîtra la stabilité, la cohésion nationale et un développement intégral », conclut-il.
Cette prise de position intervient alors que les débats autour de la gouvernance territoriale et de la réforme de l’État sont relancés à l’approche des réformes institutionnelles annoncées pour 2025. Dans ce contexte, la voix de Patrick Nkanga s’inscrit comme un appel à la lucidité politique et à la fidélité aux engagements constitutionnels.