LA MÊME DANSE, LA MÊME MUSIQUE …
- L’on s’interroge ! Est-ce une didascalie ?
Au cœur de Kinshasa, dans les couloirs feutrés de Kolongele, une nouvelle symphonie de consultations nationales a débuté, orchestrée cette fois par le professeur Eberande. Nommé par le président Félix-Antoine Tshisekedi, il se voit confier la délicate mission de sonder la nation, d’écouter les doléances et de tracer les contours d’un avenir meilleur.
Pourtant, dès les premières notes, un air de déjà-vu plane. Les mêmes visages, les mêmes figures familières du paysage politique congolais se succèdent, franchissant le seuil de Kolongele avec une régularité qui frise la routine. On les connaît, on les a vus à l’œuvre, souvent sans que leurs efforts ne se traduisent par des victoires éclatantes. Une question lancinante se pose alors : peut-on vraiment espérer un changement de cap en naviguant avec les mêmes marins, dont certains ont déjà démontré leurs limites ?
Cette interrogation, loin d’être anodine, soulève des enjeux cruciaux pour l’avenir du Congo.
Le paradoxe est saisissant. D’un côté, la volonté affichée de rompre avec les pratiques du passé, de renouveler la classe politique, d’insuffler une dynamique nouvelle.
De l’autre, la persistance d’un cercle restreint d’acteurs, dont la présence continue interroge sur la sincérité de cette volonté de changement.
L’adage populaire selon lequel on ne change pas une équipe qui gagne résonne ici comme une ironie amère. Car, force est de constater que l’équipe actuelle, du moins certains de ses membres, n’a pas toujours brillé par ses succès.
Des ministres ont failli à leurs missions, des projets ont patiné, des promesses n’ont pas été tenues.
Dans ce contexte, maintenir les mêmes individus aux postes clés revient à prendre le risque de reproduire les mêmes erreurs, de s’enfermer dans un cercle vicieux où les opportunités manquées s’accumulent et où l’espoir s’érode.
L’exemple de la sensibilisation à l’enrôlement des jeunes dans les FARDC, menée par des figures comme Jean-Pierre Bemba, met en lumière une voie alternative : pourquoi ne pas encourager une participation plus large et plus diversifiée aux consultations nationales, en allant chercher de nouveaux talents, de nouvelles idées, au sein de la jeunesse congolaise ?
Le cœur du problème réside peut-être dans les compromis nécessaires à la survie de l’Union sacrée, cette coalition hétéroclite qui soutient le président Tshisekedi.
Pour maintenir l’équilibre, pour éviter une implosion aux conséquences imprévisibles, le président Tshisekedi se voit contraint de composer avec des figures dont l’efficacité est parfois contestable.
Il est pris dans un étau, entre la nécessité de satisfaire les exigences de ses alliés et la volonté de répondre aux aspirations d’un peuple qui aspire à un changement profond.
Mais jusqu’à quel point peut-on sacrifier l’intérêt général sur l’autel des arrangements politiques ? Jusqu’à quel point peut-on tolérer la présence de personnes impliquées dans des affaires de malversation, sans compromettre la crédibilité de l’ensemble du processus ?
Le président Tshisekedi, malgré sa victoire écrasante aux élections, se retrouve ainsi les mains liées, prisonnier d’un système où les intérêts particuliers semblent souvent primer sur l’intérêt collectif.
Dès lors, une question essentielle se pose : comment sortir de cette impasse ?
Comment briser le cycle infernal de la reproduction des élites ?
Comment donner une véritable chance à la jeunesse congolaise de s’exprimer et de participer à la construction de son avenir ?
La réponse ne réside sans doute pas dans une simple rotation des postes, mais dans une transformation profonde des mentalités, des pratiques et des institutions. Il faut oser remettre en question les privilèges acquis, les rentes de situation, les réseaux d’influence qui verrouillent le système.
Il faut encourager la transparence, la responsabilité et la redevabilité.
Il faut investir dans l’éducation, la formation et l’émergence d’une nouvelle génération de leaders, intègres, compétents et dévoués au service de leur pays.
La tâche est immense, les obstacles sont nombreux, mais l’espoir demeure. Car au fond, le peuple congolais aspire à une vie meilleure, à un Congo plus juste, plus prospère et plus solidaire. Et c’est à cette aspiration que les consultations nationales doivent répondre, sous peine de se transformer en une simple mascarade.
David MUTEBA KADIMA/Les Points Saillants