La restructuration de l’Union Sacrée de la Nation (USN), annoncée par le président Félix Tshisekedi dans un contexte de tensions sécuritaires, fait des vagues. Quelques jours après cette décision, le député André Mbata a publié un communiqué dévoilant la nouvelle composition de la plateforme politique, désormais élargie à 40 membres. Se positionnant à la tête de cette structure, juste derrière Tshisekedi, Mbata a déclenché une vive controverse, aussi bien au sein de l’Union Sacrée que dans la sphère politique congolaise.
Une restructuration sous le feu des critiques
Loin de faire l’unanimité, cette nouvelle configuration suscite des réactions contrastées. Certains cadres de l’Union Sacrée dénoncent un manque de leadership et une absence de transparence dans la sélection des membres. Alors que le Président Tshisekedi avait prôné l’ouverture et la concertation, plusieurs figures politiques estiment que la nomination des 40 membres risque d’accentuer les rivalités internes et de ralentir la prise de décision.
De nombreux députés et sénateurs critiquent également le casting orchestré par André Mbata. Amisi Makutano, président de la Ligue des jeunes de l’UDPS, a exprimé son désaccord en rejetant la nouvelle composition. « Un présidium à 40, c’est trop et cela va engendrer du désordre (…), je me retire », a-t-il déclaré, marquant ainsi sa rupture avec la démarche de Mbata.
Le sénateur Faustin Luanga, quant à lui, a mis en garde contre une guerre des égos au sein du nouveau présidium. Dans une tribune publiée sur X, il a souligné que même un présidium réduit à six membres avait rencontré des difficultés de fonctionnement. « La guerre des égos risque d’atteindre des sommets », a-t-il alerté, pointant du doigt les risques d’instabilité que pourrait engendrer cette restructuration.
Des soupçons de favoritisme et de monnayage des postes
Au-delà des contestations sur le format du présidium, des accusations plus graves émergent. Le député national de Walikale, Willy Mishiki, accuse André Mbata d’avoir monnayé des postes dans la nouvelle organisation de l’Union Sacrée. Selon lui, Mbata ne possède pas la légitimité pour occuper une place prépondérante et précéder certains chefs d’institutions dans la hiérarchie de la plateforme.
Ce climat de défiance souligne une fracture grandissante au sein de l’Union Sacrée, où certains dénoncent une répartition arbitraire des rôles, motivée davantage par des intérêts personnels que par une volonté de cohésion et d’efficacité politique.
Un défi de leadership pour Tshisekedi
Face à ces critiques, Félix Tshisekedi se retrouve à la croisée des chemins. À trois ans de la fin de son second mandat, il doit non seulement gérer les tensions internes mais aussi anticiper l’évaluation de sa plateforme en vue de l’échéance de 2028. L’Union Sacrée, censée être un moteur de stabilité et de cohésion nationale, semble fragilisée par ces luttes d’influence et ces rivalités internes.
Pour éviter une implosion de sa majorité, le président congolais devra instaurer un leadership responsable et réfléchi, capable de fédérer ses soutiens autour d’un projet politique durable. Plutôt que de gérer les crises au cas par cas, il lui faudra poser les bases d’une stratégie cohérente, garantissant l’efficacité de l’Union Sacrée face aux défis de l’heure, notamment l’agression rwandaise et la consolidation du pouvoir.
Cette restructuration controversée pose ainsi une question cruciale : Tshisekedi parviendra-t-il à maintenir la cohésion de son camp, ou l’Union Sacrée risque-t-elle de devenir un foyer de dissensions permanentes ? La réponse à cette interrogation conditionnera sans doute l’avenir politique du président congolais et la stabilité de son second mandat.