Les ministres des Affaires étrangères de l’Union européenne (UE), réunis depuis lundi 24 février à Bruxelles, ont décidé d’adopter une première série de sanctions contre le Rwanda en raison de son soutien présumé aux rebelles du M23 dans l’Est de la République démocratique du Congo (RDC). Toutefois, une seconde vague de mesures punitives a été bloquée par un veto du Luxembourg, provoquant des tensions au sein de l’UE.
Une première série de sanctions contre Kigali
Face aux combats en cours dans l’Est de la RDC, l’UE a annoncé la suspension du dialogue politique avec le Rwanda en matière de sécurité et de défense. Cette décision, présentée comme un signal politique fort, vise à mettre Kigali face à ses responsabilités dans la crise qui secoue la région des Kivu.
Cependant, une deuxième vague de sanctions, qui devait frapper une entité rwandaise et neuf responsables impliqués dans les violences au Nord-Kivu et au Sud-Kivu, n’a pas pu être adoptée en raison de l’opposition du Luxembourg.
Le veto du Luxembourg : une volonté de temporiser
Le ministre luxembourgeois des Affaires étrangères, Xavier Bettel, a justifié ce blocage en expliquant vouloir laisser une chance aux négociations en cours. Il a notamment évoqué la réunion ministérielle conjointe entre la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) et la Communauté de l’Afrique de l’Est (EAC), prévue le 28 février, qui pourrait aboutir à des avancées diplomatiques.
« Il est essentiel de donner une chance aux efforts de médiation en cours avant d’appliquer des sanctions supplémentaires », a déclaré Xavier Bettel.
Des critiques au sein de l’Union européenne
La décision du Luxembourg a été mal accueillie par plusieurs États membres, favorables à une action plus ferme contre Kigali. Certains diplomates européens estiment que des mesures plus fortes auraient pu être prises immédiatement, notamment la suspension de l’accord entre l’UE et le Rwanda sur les matières premières critiques.
Pour ces pays, temporiser risque de renforcer l’impunité et de prolonger les violences en RDC. La situation sur le terrain demeure extrêmement préoccupante, avec des attaques répétées contre les populations civiles et les forces armées congolaises, attribuées aux rebelles du M23.
Un dilemme stratégique pour l’UE
L’Union européenne se retrouve face à un dilemme :
- Faut-il durcir la pression sur Kigali pour forcer un retrait du M23 et un retour à la stabilité en RDC ?
- Ou privilégier la voie diplomatique, en attendant de voir si les initiatives régionales aboutissent à une solution politique ?
En attendant, les combats se poursuivent à l’Est de la RDC, et la population civile continue de payer un lourd tribut. Les jours à venir seront décisifs pour savoir si la pression diplomatique seule suffira à infléchir la position du Rwanda ou si l’UE devra finalement adopter des sanctions plus sévères.