Dans un climat politique chargé en République Démocratique du Congo (RDC), l’archevêque de Lubumbashi a récemment exprimé des préoccupations profondes concernant les discussions autour d’une éventuelle révision ou d’un changement de la constitution. Lors d’une conférence tenue dans la capitale du Haut-Katanga, il a qualifié cette initiative de « suicidaire pour l’unité du pays », mettant en garde contre un risque accru de balkanisation si les priorités nationales ne sont pas clairement redéfinies.
Un risque de fragmentation nationale
Selon l’archevêque, la RDC traverse une période critique où les défis liés à la construction d’infrastructures et à la diversification de l’économie devraient primer sur tout autre projet. « Nous faisons face à une réalité où des millions de Congolais manquent de services de base, alors que des discussions sur la constitution divisent davantage le pays. Pour le bien de la paix, il est important qu’on mette ça d’abord de côté. Nous espérons que nous allons éviter cette catastrophe », a-t-il déclaré avec fermeté.
Son appel a été particulièrement adressé à l’Église catholique, qu’il considère comme une institution clé capable de préserver l’unité nationale. Il a exhorté les évêques des 26 provinces à travailler de concert pour promouvoir une cohésion nationale mise à rude épreuve par les débats actuels.
Une initiative présidentielle controversée
En parallèle, le président de la République, Félix Antoine Tshisekedi, affiche une détermination sans faille à aller de l’avant avec cette initiative constitutionnelle. Lors de ses visites dans différentes provinces, il a encouragé la population à s’approprier le débat sur la révision ou le changement de la constitution, affirmant qu’il s’agit d’un projet essentiel pour moderniser le pays.
Cependant, cette démarche divise profondément les acteurs politiques et religieux. Si certains y voient une opportunité de renforcer les institutions démocratiques, d’autres craignent qu’elle n’aggrave les tensions ethniques et politiques, alimentant un climat de méfiance généralisé.
L’Église catholique au cœur des solutions
Face à ces tensions, l’archevêque de Lubumbashi a rappelé le rôle historique de l’Église dans les moments de crise en RDC. « L’Église catholique doit continuer à être une voix prophétique, unie dans l’action pour la paix et la stabilité de notre pays », a-t-il affirmé, appelant à une mobilisation collective des forces religieuses et civiles pour éviter un effondrement de l’unité nationale.
Une nation à un tournant décisif
Alors que les débats se poursuivent, une question essentielle demeure : la RDC peut-elle se permettre d’ouvrir un chantier constitutionnel dans un contexte aussi fragile ? Les prochains mois seront déterminants pour mesurer l’impact de cette dynamique sur l’avenir politique, social et économique du pays.
Dans cette quête de cohésion nationale, l’appel lancé par l’archevêque résonne comme un avertissement clair. L’unité et la paix, socles fondamentaux du développement, ne peuvent être sacrifiées sur l’autel des ambitions politiques.