Depuis deux semaines, les violents combats qui opposent les rebelles du M23, soutenus par le Rwanda, aux Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC), se sont intensifiés dans le territoire de Walikale, au Nord-Kivu. Ces affrontements, qui ont coûté la vie à plusieurs civils, ont provoqué la prise de contrôle de nombreuses localités par le M23, parmi lesquelles les villages de Kalembe et plus récemment de Mpeti, situé à environ 20 kilomètres de la cité stratégique de Pinga.
Face à cette avancée rebelle, la société civile locale appelle le gouvernement congolais à renforcer les positions militaires pour protéger Pinga, un centre administratif doté d’une piste d’atterrissage, essentiel pour l’ensemble du territoire de Walikale. En cas de chute de cette cité, les insurgés pourraient rapidement progresser vers d’autres provinces, dont la Tshopo et le Maniema, amplifiant la menace dans l’Est de la RDC.
Rencontre à Luanda : une tentative de relancer le processus de paix
C’est dans ce climat de tensions croissantes que se tiendra ce mercredi 30 octobre à Luanda une rencontre cruciale entre les responsables des renseignements militaires de la RDC et du Rwanda, sous la médiation angolaise dirigée par Antonio Tete, ministre des Relations extérieures. L’objectif de cette réunion est d’examiner un nouveau Concept des opérations (CONOPS) élaboré par les médiateurs angolais, afin de remettre sur les rails la feuille de route de Luanda proposée en novembre 2022 pour la paix dans l’Est de la RDC.
Selon le ministre rwandais des Affaires étrangères, Olivier Nduhungirehe, cette réunion devrait permettre aux parties de réévaluer leurs engagements sécuritaires respectifs, y compris un plan de neutralisation des rebelles hutus des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR) et un désengagement des forces rwandaises soutenant le M23. Cet accord avait été signé le 12 octobre dernier entre les délégations de la RDC et du Rwanda, sans toutefois mettre un terme aux hostilités.
Une paix incertaine avant fin novembre
Alors que la situation continue de se dégrader, les experts militaires présents à Luanda devront soumettre les détails du concept d’opérations à leurs hiérarchies respectives, en vue d’une cinquième réunion ministérielle prévue à la mi-novembre. Cependant, la perspective d’une paix rapide reste incertaine. Le cessez-le-feu initialement convenu en 2022 a été rompu unilatéralement par le M23, et les efforts diplomatiques se heurtent à une situation sur le terrain qui échappe de plus en plus au contrôle des autorités congolaises.
Pour la population de Walikale, ces négociations offrent peu d’espoir à court terme. La reprise des combats rend la situation humanitaire plus difficile et expose davantage les civils aux violences. Quant aux acteurs locaux, ils exhortent le gouvernement à prendre des mesures urgentes pour éviter la prise de Pinga et renforcer la sécurité dans les territoires voisins.
Les yeux sont rivés sur Luanda, alors que les espoirs de paix, bien que fragiles, reposent désormais sur l’issue de ces nouvelles discussions pour redonner un semblant de stabilité à une région en proie aux conflits.
