Depuis le lundi 28 octobre, le Vice-Premier Ministre en charge de l’Économie Nationale, Daniel Mukoko Samba, a déployé une équipe d’inspecteurs dans les marchés de Gambela et Masina pour un contrôle des prix des denrées de première nécessité. Sous la supervision d’Albert Kasongo, Directeur de cabinet du ministre, cette mission marque le début d’une lutte active contre la hausse vertigineuse des prix, un engagement prioritaire de l’administration de Judith Suminwa.
Un contrôle préliminaire avant une action plus large
À l’issue de cette première mission exploratoire, les équipes du ministère de l’Économie Nationale ont annoncé un renforcement des contrôles dans les semaines à venir. « Ce contrôle s’étendra progressivement, et des sanctions seront infligées à ceux qui enfreignent les lois et règles du commerce en RD-Congo », a déclaré la cellule de communication du ministère. Cette initiative a été accueillie avec satisfaction par les opérateurs des marchés, notamment les distributeurs et détenteurs de chambres froides, qui espèrent une amélioration des conditions de vente et une stabilisation des prix.
Commerçants nationaux contre filière étrangère : un conflit de légitimité
La démarche de régulation des prix a mis en lumière un problème récurrent : la prolifération de commerçants étrangers dans le secteur du commerce de détail. Djo Balard, président de l’Association des distributeurs et exploitants de chambres froides, a vivement dénoncé cette pratique. Il accuse certains étrangers de monopoliser le commerce, profitant des exonérations fiscales réservées aux gros importateurs. Ces opérateurs, soutenus par des responsables congolais influents, prennent en main le marché du détail, créant une concurrence déloyale et minant les efforts du président Félix Antoine Tshisekedi pour formaliser l’économie.
En principe, selon l’ordonnance-loi n°79-021 du 2 août 1979, le petit commerce est réservé aux nationaux. Cependant, sur le terrain, cette législation semble être ignorée, favorisant ainsi une filière illicite de commerce de détail détenue par des opérateurs étrangers, en infraction à la loi n°18/020 relative à la liberté des prix et à la concurrence saine.
La montée des commerces illégaux dans le secteur de l’électroménager et de la quincaillerie
Les inspecteurs ont également constaté la prolifération d’opérateurs étrangers dans des secteurs comme l’électroménager, l’ameublement et la quincaillerie. Certains vendent des articles de porte à porte, proposant même des ventes à crédit, une pratique qui échappe souvent à toute forme de taxation. Les syndicats des vendeurs, de leur côté, ont collecté des preuves documentant ces pratiques et comptent bien en référer aux autorités compétentes.
Vers une politique de protection du commerce national
Face à cette situation, les opérateurs économiques nationaux, tout en saluant la volonté du gouvernement de stabiliser les prix, ont appelé à des mécanismes plus efficaces pour protéger le commerce local. Ils recommandent des mesures qui limiteraient l’influence étrangère dans le commerce de détail, afin de redonner aux Congolais une place prioritaire dans l’économie formelle du pays.
Le gouvernement Mukoko Samba semble résolu à redresser la situation économique, mais il est impératif de répondre aux attentes des commerçants nationaux, qui souhaitent des actions concrètes pour endiguer l’expansion des filières commerciales étrangères illégales. La réussite de cette initiative pourrait inaugurer un tournant décisif dans la lutte contre la vie chère en RD-Congo.