Dans un geste orchestré pour affirmer son pouvoir, le groupe rebelle M23 a pris une mesure radicale dès son arrivée à Kalembe en nommant des chefs locaux alliés à sa cause. Le jour même de cette occupation, lors d’un rassemblement imposé, Mr Samuel et son adjoint Ndungutse ont été présentés comme les nouvelles figures d’autorité du secteur. Cet acte ne laisse aucun doute sur les intentions du mouvement : affaiblir les structures locales et instiller un climat de crainte pour ancrer durablement sa domination.
Un porte-parole du M23 a souligné cette stratégie de coercition, déclarant sans détour : « Nous devons instaurer un climat de crainte pour solidifier notre présence ici. » Ce changement de pouvoir marque une nouvelle étape dans la politique d’expansion du M23, dont l’objectif ultime semble être de s’emparer des précieuses ressources de Walikale, un territoire regorgeant de coltan, or et cassitérite.
L’ancien député national Juvenal Munubo tire la sonnette d’alarme : « Walikale reste stratégique, car c’est un territoire qui contient des minerais. Il faut faire tout pour que ces rebelles soient délogés de ce territoire. » Selon lui, l’appétit des rebelles pour le contrôle des ressources de Walikale ne peut qu’alimenter l’instabilité dans une région déjà fragilisée.
Les autorités locales expriment des craintes fondées : si Walikale-centre, un pôle stratégique de l’économie minière illégale, tombait entre les mains du M23, cela renforcerait significativement leur capacité de financement, augmentant les moyens de cette insurrection armée et menaçant plus gravement encore la stabilité régionale. Les activités minières, détournées par les rebelles, risquent de devenir le moteur de leurs opérations militaires, asservissant ainsi davantage les populations locales sous le contrôle du M23.
Malgré cette avancée inquiétante, les résistants Wazalendo ne sont pas prêts à baisser les bras. Des sources locales révèlent que ces combattants de la résistance populaire s’organisent activement pour tenter de reprendre Kalembe et les autres localités tombées sous la domination du M23. Cependant, la tâche est titanesque, car le M23, appuyé par un flux constant de renforts en hommes et en munitions – dont l’origine serait le Rwanda, selon la société civile locale – reste solidement implanté.
Alors que les habitants de Kalembe et de ses environs sont pris dans l’étau de cette lutte acharnée, la communauté internationale est appelée à prendre des mesures pour empêcher une escalade supplémentaire dans cette région minée par des décennies de conflits pour le contrôle des ressources. Le destin de Walikale reste suspendu, entre l’appétit insatiable des rebelles et la résilience des populations locales déterminées à résister.
