Une nouvelle tragédie a frappé la prison centrale de Makala, située dans la commune de Selembao, à Kinshasa, où plusieurs prisonniers ont perdu la vie lors d’une tentative d’évasion réprimée par les forces de l’ordre.
Les événements se sont déroulés aux premières heures de ce lundi, vers 2 heures du matin, lorsque des crépitements de balles ont réveillé les habitants des alentours. Selon des témoins, quelques détenus, exaspérés par les conditions inhumaines et l’étouffement dans leurs cellules surpeuplées, ont tenté de s’échapper. La réponse des forces de sécurité a été immédiate et brutale : des tirs à balles réelles pour stopper l’initiative des prisonniers.
Le porte-parole du gouvernement, Patrick Muyaya, a rapidement réagi en confirmant qu’il s’agissait d’une tentative d’évasion. Il a assuré que les forces de sécurité étaient en place pour restaurer l’ordre, tout en exhortant la population kinoise à ne pas céder à la panique.
De son côté, le ministre d’État en charge de la Justice, Constant Mutamba, en déplacement à l’intérieur du pays, a qualifié cet incident de « sabotage prémédité » et a promis des enquêtes rigoureuses pour identifier et punir les responsables. « Une réponse implacable leur sera réservée », a-t-il affirmé dans un message posté sur son compte X. Le ministre a également annoncé plusieurs mesures provisoires, incluant une interdiction temporaire des transferts de détenus vers la prison de Makala sans son approbation préalable, ainsi qu’une accélération du processus de désengorgement des prisons surchargées du pays.
Les premières vidéos de l’incident, rapidement devenues virales sur les réseaux sociaux, montrent une scène chaotique où les tirs auraient causé la mort de plusieurs prisonniers. Toutefois, le gouvernement, par la voix du vice-ministre de la Justice, Samuel Mbemba Kabuya, a minimisé ces affirmations, soutenant qu’il n’y a eu que deux morts. Il a accusé les diffuseurs de ces vidéos de manipulation visant à ternir l’image du régime de Kinshasa.
« Nous rassurons notre population que la prison n’a pas été attaquée de l’extérieur. Il s’agit plutôt d’un mouvement de rébellion qui a débuté précisément au pavillon 4. Le bilan actuel fait état de deux morts. En termes de dégâts matériels, le dépôt de vivres a été incendié, tout comme le dispensaire et deux autres pavillons », a déclaré Samuel Mbemba Kabuya.
En revanche, la Fondation Bill Clinton pour la Paix (FBCP), par la voix de son président Emmanuel Adu Cole, évoque un bilan plus lourd, parlant de plusieurs morts, blessés, et évasions. La FBCP critique sévèrement la gestion de la prison, appelant à une séparation urgente entre les détenus civils et militaires, situation qu’elle considère comme un facteur aggravant des tensions internes.
Face à cette situation dramatique, une réunion de crise a été convoquée dans la matinée par le ministère de l’Intérieur et Sécurité pour évaluer les dégâts et déterminer les actions à entreprendre. Une commission mixte a été formée pour mener une analyse approfondie des événements, tandis que le Vice-Premier Ministre, Ministre de l’Intérieur, Sécurité, Décentralisation et Affaires coutumières est attendu pour une communication officielle dans les heures à venir.
Ce nouveau drame souligne une fois de plus les conditions désastreuses de détention dans les prisons congolaises, où la surpopulation, la violence et le manque de ressources humaines exacerbent la vulnérabilité des détenus. La communauté nationale et internationale attend avec impatience des mesures concrètes pour mettre fin à ces violations répétées des droits humains.