Tel que définie dans le dictionnaire, « la transhumance est le déplacement migratoire massif d’un troupeau ou d’un élevage d’une région à une autre qui s’opère à des moments réguliers de l’année pour bénéficier de meilleurs moments climatiques».
Elle renvoie ainsi aux éleveurs qui, en quête de pâturage pour leurs troupeaux au rythme des saisons, se doivent de quitter un point A (conditions de vie précaires) à un point B (conditions de vie meilleures).
La liste paradigmatique « déplacement », « une région à une autre », « moments réguliers », « bénéficier de meilleurs moments » symbolise la recherche de privilège pour exister.
En quoi donc le mouvement des acteurs politiques dans le champ de la compétition électorale peut-il être comparé au nomadisme des éleveurs ?
Il s’agit ici d’une reconversion dont l’objectif est soit de chercher des privilèges ou de les maintenir. Dans ce cadre, le comportement divagant des hommes politiques congolais ne saurait être comparé à la pérégrination des éleveurs. Une pratique perçue comme négative par l’opinion en ce sens qu’elle n’honore ni la morale, ni l’éthique en politique.
En quoi, elle constituerait une limite de la démocratie ?
Pour comprendre les conséquences de la transhumance sur la démocratisation politique d’un système, il est important de connaitre ses causes pour appréhender ses impacts sur le processus électoral.
Trois raisons principales peuvent expliquer les causes de la transhumance politique.
Soit pour la recherche de privilèges, soit pour échapper à une condamnation pour faute de gestion ou soit par le manque de démocratie dans les partis politiques.
S’agissant de la première possibilité, il faut savoir qu’en Afrique, le militantisme alimentaire prévaut généralement sur le militantisme idéologique. Les hommes intègrent les partis politiques pas pour les orientations qu’ils se donnent mais plutôt que pour espérer un lendemain meilleur d’autant plus que la politique est la voix la plus rapide pour s’enrichir. Ce qui pousse généralement les perdants à rejoindre le pouvoir après avoir été aux affaires.
Une situation qui renforce le camps présidentiel et affaibli l’opposition. Dans ce cas de figure, la transhumance devient « le résultat de manœuvres politiciennes encouragées pour permettre le repêchage des battus permettant un renforcement du camp présidentiel » (Mamadou Hady Dème, 2008). Mais, tout comme elle peut être favorable au parti au pouvoir, elle peut aussi constituer son affaiblissement du fait que les hommes de second plan (les transhumants) peuvent être privilégiés au détriment de ceux qui ont porté le combat (les militants authentiques). Ce qui crée souvent une division au sein d’un parti politique.
Pour ce qui de la deuxième possibilité, la mauvaise gestion est une réalité dans les gouvernances en Afrique. Les hommes politiques au pouvoir s’enrichissent « brutalement » de tel enseigne que nombreux parmi les jeunes pensent qu’il faut nécessairement faire la politique pour s’enrichir. Des milliardaires ou multimilliardaires sont produits par les régimes en une courte durée. Richesses qui ne peuvent être qualifiées que d’enrichissements illicites par le détournement de derniers publics. Ces pratiques découlent souvent à un sentiment de haine du peuple vis-à-vis de leurs dirigeants et qui les conduisent d’ailleurs au changement de régime pour ensuite réclamer une sanction à leurs endroits. Une opportunité pour un nouveau régime de se renforcer en procédant à des menaces d’emprisonnement.
En RDC dès son arrivée au pouvoir en 2001 le régime de Joseph Kabila a déclenché l’audit de la gestion des affaires publiques des mobutistes. Pour se mettre à l’abris d’éventuelle poursuite judiciaire beaucoup de dignitaires transhumèrent vers le parti au pouvoir. Résultat, le nouveau régime restait seul maître du jeu face à une opposition amputée de ses plus grands responsables politiques. Conséquence, à l’élection présidentielle de 2006, le président sortant et candidat à sa propre succession est élu de nouveau.
Un mandat caractérisé par une gestion des affaires de l’Etat ayant créée et renforcer la richesse de nombreux responsables. Ce comportement des hommes politiques à se servir de l’Etat pour s’enrichir tout en oubliant les préoccupations du peuple, est à l’origine d’une lourde sanction électorale qui se camouflait encore. 2011 le président Kabila de nouveau élu décide via ses paires de faire mieux tenant compte des erreurs du passé mais les gourmands assoiffés vont encore s’enrichir avec l’argent du contribuable congolais bouleversant même la vision du Chef de l’Etat, on verra tous les projets majeurs et prometteurs en faveur du Congo cloués à l’échec (5 chantiers, révolution de la modernité etc.).
Il faut penser aux échéances politiques à venir et c’est le début des tractations politiques ayant conduit à la migration de certains leaders vers le camp présidentiel. Les autres qui ont décidé de rester dans l’opposition pour honorer leur dignité, sont traqués par la peur.
La transhumance deviendra dès lors une véritable limite de la démocratie puisqu’elle conduira à une justice sélective. Alors qu’en démocratie ou dans un pays qui se veut un Etat de droit, la loi doit être et demeurer pour tous.
La dernière cause qui conduit souvent les acteurs politiques à transhumer demeure le manque de démocratie dans les partis politiques.
En « Afrique, les partis politiques prennent la forme ou la caractéristique d’une entreprise dans laquelle un patron ou quelques chefs supportent quasiment seuls les charges et financent les activités du parti. On retient essentiellement que ce sont des formations résolument accrochées à la poche de leurs pères fondateurs. Dans ce cadre, les militants restent soumis aux caprices de ces derniers » (Tiensigué Diabaté, 2006, p.14).
Le militant ici soumis se doit donc de s’approprier aux décisions du secrétaire ou président de parti considéré ici comme chef. Tout militant ou responsable en désaccord avec lui est soit contraint à la démission ou à l’exclusion. On note ainsi le manque de débats internes. Dès lors, les conséquences rejaillissent sur la démocratie au sein du parti. Les décisions proviennent presque toujours du leader qui détient la propriété de la formation. Cette tendance fait que les militants sont vus comme des manœuvres au service de leur patron.
Pareille situation laisse dire que les partis politiques congolais sont des baronnies où règne un seigneur sur des serviteurs. Situation qui oblige souvent les militants à rejoindre soit d’autres camps politiques ou à créer leur propre formation. Du parti unique MPR des années 90, la RDC compte aujourd’hui plus de 300 partis politiques.
Combien de responsables politiques ont démissionné ou exclu de leur parti d’origine en raison de l’absence de démocratie interne ? Les exemples ne manquent pas.
De l’éclatement démocratique (PPRD) et de l’achèvement de l’œuvre démocratique par Kabila Joseph avec d’autres partis politiques MLC, UDPS, PALU etc. les hommes qui incarnent la vie politique et qui réclament une démocratie forte ne le sont pas dans leur propre formation.
Au Sénégal par exemple En 1996 le congrès sans débat du parti socialiste qui a porté Ousmane Tanor Dieng à la tête du PS a été à l’origine de la démission d’abord de Djibo Leity Ka et de l’exclusion ensuite de Moustapha Niasse.
En 2015, à la suite de leur décision d’engagé le renouvellement des instances de bases du PDS après désignation de Karim Wade comme candidat à la prochaine élection présidentielle, les frondeurs sont exclus par la commission de discipline du même parti, tout est dit pour comprendre les erreurs.
Ces pratiques qui fragilisent les partis de l’opposition tout en renforçant le pouvoir. Alors, pour qu’il ait une démocratie forte, il faut nécessairement une majorité chargée d’élaborer et d’appliquer la politique de la nation et d’une opposition forte, critique et constructive. Sans les partis politiques, il y’aurait pas de démocratie. Les partis politiques participent à l’exercice et à la vitalité de la démocratie au quotidien.
En résumé, l’élection présidentielle récente en RDC a montré que le paysage politique congolais s’est ponctué d’un exode de militants d’une ampleur significative, allant de l’opposition au pouvoir.
Un phénomène qui pose un problème d’éthique, de morale et constitue un véritable obstacle au processus de démocratisation et à la bonne gouvernance.
Comme on le vit et on le voit après l’alternance mystère faisant de F. Tshisekedi président de la République, la prostitution politique devient un art, les partis politiques deviennent des écoles de formation de gangsters disponibilisés à escroquer la nation demain ou dans l’avenir et c’est très très dangereux pour ce Pays.
Un Pays convoité par le monde entier mais surveillé d’un oeil de jalousie par les voisins qui collaborent avec les diables occidentaux pour détruire son sol et sous-sol, doit nécessairement enraciner un système politique modéré éloigné de la prestidigitation et capable de faire face à la haine de ses détracteurs.
Au moment où toute la classe remplie des vieillards est embrouillée, la jeunesse comme socle d’un Congo de Demain, doit ouvrir les yeux, quitter la manipulation des officines politiques et ouvrir la voie à une révolution d’époque, autant mettre en tête que les hommes anciens ont échoué et doivent être renvoyés de l’environnement politique, une retraite Forcée ou anticipée de tous ces azimutés doit être imposée.
La seule solution pour mettre fin à ce banditisme, est de se débarrasser démocratiquement des personnes qui font de la politique un métier et il ya une occasion peut-être en décembre 2023.
J’ai dit!
✍️ Delphin tambwe Journaliste indépendant et analyste politique en RDC : Contact : « journalistedelphin73@gmail.com »