3 officiers dont 2 de la Police et un de l’armée ont comparu comme renseignants à l’audience de ce mercredi 20 octobre 2021 à la prison militaire de Ndolo, devant la Haute Cour militaire siégeant en matière répressive au second degré sur le double assassinat des défenseurs des droits humains Floribert Chebeya et Fidèle Bazana.
L’un des anciens gardes rapprochés du prévenu Christian Kenga Kenga répondant au nom de Doudou Ilunga était le premier à témoigner. Il a reconnu avoir participé à ce forfait.
Présenté comme l’un des commanditaires de ce double assassinat, le colonel Daniel Mukalay (inspecteur général à la division des renseignements généraux et services spéciaux) déjà condamné, a ensuite livré sa version des faits sur les contours de cette affaire. Dans sa déposition, il a décliné sa responsabilité dans la commission de cette infraction.
« Le 1er juin 2010, le commandant Christian Kenga Kenga est entré dans mon bureau avec Jacques Mugabo. Ils sont venus avec une doléance auprès de moi pour me dire d’intercéder auprès du général John Numbi qui leur a confié la mission de tuer Chebeya et que précédemment, il y a eu 40.000 dollars américains disponibilisés pour ce même motif, mais la personne à qui on avait proposé cette somme n’a pas pu exécuter la mission estimant que le montant était minime, il fallait qu’on ajoute… », a-t-il déclaré.
Au finish, c’était le tour du général Zelwa Katanga alias « Djadjidja » qui serait le propriétaire de la parcelle située à Mitendi où F. Bazana fut inhumé, à être verbalisé.
« À l’époque, j’étais le commandant de la police militaire de Kinshasa. C’est par la voie des ondes que j’ai appris au début du mois de février de cette année que Bazana serait enterré dans l’une de mes parcelles. J’ai directement porté plainte à l’auditorat militaire contre le policier qui a témoigné à la RFI. Moi, j’étais à Maluku pour les préparatifs de la fête du 30 juin 2010… », a-t-il fait savoir.
Ces renseignants ont été confrontés entre eux, mais aussi avec le prévenu Jacques Mugabo. Ils ont également fait face aux questions des avocats des parties civiles ainsi que ceux de la République démocratique du Congo, partie civilement responsable.
Leurs dépositions ont poussé les parties civiles à solliciter la comparution d’autres officiers entre autres le lieutenant-général Jean-Claude Yav à qui la mission d’éliminer Chebeya aurait été confiée en premier lieu en contrepartie de 40.000 dollars américains.
« Daniel Mukalay est venu avec de nouvelles déclarations. Il est revenu sur ce qu’il n’avait dit tant au premier degré qu’en appel devant la Haute Cour militaire en 2015. Aujourd’hui, nous avons entendu parler du général Jean-Claude Yav à qui on avait proposé 40.000 dollars pour tuer Chebeya. C’est une grande nouvelle qu’on ne connaissait pas avant. Même si Daniel Mukalayi n’a pas voulu aujourd’hui citer son nom, mais nous savons que dans les procès-verbaux, il avait dit que c’est le colonel Jean-Claude Yav. Nous voulons qu’il vienne à la prochaine audience pour nous dire qui lui avait proposé cet argent pour tuer Chebeya… », a dit à la presse Me Peter Ngomo, l’un des avocats des parties civiles.
Pour le ministère public, cette requête est inopportune d’autant plus que leurs allégations ne sont que des simples renseignements. Sur cette question, la Haute Cour a promis d’user de son pouvoir discrétionnaire conformément à l’article 249 du Code Judiciaire Militaire.
Le prévenu Christian Kenga Kenga qui a refusé de comparaître et son coaccusé, Jacques Mugabo sont poursuivis pour notamment détournement d’armes et des munitions de guerre, association des malfaiteurs, enlèvement, assassinat et terrorisme.
La Rédaction