Dans le cadre de l’Initiative interreligieuse pour les forêts tropicales (IRI) qui est en partenariat avec le Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE), des confessions religieuses, des peuples autochtones et des organisations de la Société civile se retrouvent depuis ce mardi 03 décembre 2019 à Kinshasa, dans un atelier de formation et d’échanges d’expériences sur la problématique de la déforestation tropicale.
Ces assises sont donc organisées en marge du lancement, le jeudi 05 décembre courant (date de la clôture de l’atelier), du programme-pays de l’Initiative interreligieuse pour les forêts tropicales/Bassin du Congo en République démocratique du Congo (IRI-Rdc).
Ce lancement est porté par la Conférence nationale épiscopale du Congo (CENCO) et l’Eglise du Christ au Congo (ECC), avec le soutien du Conseil national des religions pour la paix (CNRP) et le Réseau des populations autochtones et locales pour la gestion durable des écosystèmes forestiers (REPALEF). Signalons que le travail de l’Initiative interreligieuse pour les forêts tropicales qui sera développée en Rdc, bénéficie du soutien d’un partenariat mondial qui comprend le Programme des Nations Unies pour l’Environnement (PNUE), Religions pour la Paix International, le Conseil œcuménique des Eglises, le Parlement des Religions du monde, GreenFaith, le forum de Yale sur les Religions et l’Ecologie, Rainforest Foundation Norvège et l’Initiative internationale pour les forêts et le climat de la Norvège.
Ainsi donc, les présentes assises visent à développer les capacités des leaders religieux et d’autres parties prenantes, pour la mise en place d’un dispositif de lutte contre la déforestation tropicale sur fond d’éthiques et prescrits divins. Elles ont été officiellement lancées par le ministre national de l’Environnement et Développement durable, Me Claude Nyamugabo Bazibuhe.Dans son mot, il s’est réjoui du fait que cette cérémonie intervient un jour après l’ouverture officielle de la COP 25. Le ministre a remercié l’ONU-Environnement et la Norvège pour l’accompagnement et l’appui à l’Initiative dans cette phase cruciale de lancement en République démocratique du Congo, et il a invité par la même occasion, les autres partenaires à les rejoindre.
Le ministre Nyamugabo rassure la collaboration de son MinistèreLe choix de la Rdc à côté d’autres pays forestiers comme le Brésil, la Colombie, le Pérou et l’Indonésie, dans le lancement de l’initiative n’est pas anodin, a-t-il fait remarquer. Il soutient en effet que la Rdc a un couvert forestier de plus de 155 millions d’hectares, soit plus de 62 % de celui du Bassin du Congo.
« Les forêts congolaises jouent un rôle important dans la régulation du régime hydrique de l’un des plus grands bassins d’implants du monde, et du climat par la capture d’une quantité considérable de CO2 émis. C’est donc à juste titre qu’elles sont considérées comme deuxième poumon écologique de la planète après l’Amazonie. La Rdc abrite également une zone importante de tourbières, qui constituent l’un des écosystèmes les plus riches en carbone de la planète. Elles constituent un précieux tampon contre les changements climatiques. Elles contribuent également à garder notre biodiversité et à garder nos poissons et nos plantes », a indiqué le ministre Claude Nyamugabo.
Le ministre a aussi souligné que l’Initiative interreligieuse pour la protection des forêts tropicales humides intervient à point nommé en République démocratique du Congo. Car, a-t-t-il martelé, c’est réellement un mécanisme visant à responsabiliser les dirigeants religieux et les communautés, à partager les connaissances et les preuves scientifiques, et à encourager les investissements dans les communautés pour la préservation et la protection des forêts tropicales.
« Le Ministère de l’Environnement et Développement durable, qui a en charge les forêts de la République démocratique du Congo, vous offre d’ores et déjà son entière collaboration pour l’aboutissement heureux de votre feuille de route en République démocratique du Congo. Et cela, conformément à notre engagement de travailler étroitement avec tous les acteurs clés susceptibles de contribuer à la préservation de la gestion durable de notre patrimoine forestier. Telle est également la volonté du Président de la République Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo, qui entend faire de la question environnementale, une préoccupation omniprésente et transversale qui touche toutes nos politiques, qui touchera toutes nos stratégies ; qui touchera tous nos programmes et tous nos projets de développement », a-t-il rassuré aux participants.
Enfin, il a exhorté les participants à prendre des mesures concrètes collectives pour protéger, restaurer les forêts et les gérer durablement pour l’intérêt de tous. « Il apparait donc urgent de sensibiliser les différentes confessions religieuses en vue d’une action commune au bénéfice de la protection des forêts tropicales, et spécialement la forêt et les tourbières de la Rdc », estime le ministre Nyamugabo.
Pour terminer, il salue la mise sur pied d’un conseil consultatif national à la fin de cet atelier, en vue de conduire et d’implémenter les activités de votre association dans les années à venir. Ce conseil consultatif, a-t-il dit, devra stimuler une coopération durable et mettre un terme à la déforestation, protéger notre biodiversité et faire en sorte que les forêts soient toujours là pour parer aux besoins des populations locales et atténuer les changements climatiques.
Mgr Utembi appelle les confessions religieuses à se convertir à l’écologieSignalons que pour la journée du mardi 03 décembre, les participants, ont suivi des réflexions de différentes confessions religieuses sur la protection des forêts. Le président de la CENCO, Mgr Marcel Utembi, pour sa part, a expliqué les fondements de l’Eglise catholique pour la protection de l’environnement, en se basant du livre de Genèse chapitre 1 aux versets 11 à 12. Et il a souligné deux phrases : « l’homme est maitre de la nature » ; « l’homme est gardien de la création ».
Dans sa lettre encyclique sur la sauvegarde de la Maison commune, publiée en mai 2015, le Pape François exhorte l’écologie intégrale. C’est-à-dire, les relations des humaines entre eux, avec leur environnement et avec la transcendance. Le Pape François dénonce dans cette encyclique la société des consommations, les méfaits de la mondialisation financière de l’économie et invite l’Eglise catholique à jouer un rôle spirituel et social dans la défense de l’environnement.La domination de la nature doit permettre un développement juste et équitable de l’humanité. Face à la destruction de l’environnement par l’homme, et à l’épuisement des ressources naturelles…, face à l’anxiété désormais mondiale, suscitée par la déforestation et ses conséquences, notamment le réchauffement climatique et la pollution des éléments naturels que sont l’air et l’eau, auxquels est liée d’une façon inéluctable la vie humaine, c’est un devoir pour les confessions religieuses de s’impliquer dans la protection des forêts.
Les confessions religieuses de la Rd Congo sont appelées à se convertir à l’écologie et à agir urgemment pour la protection de nos forêts, de tout notre environnement et de la terre notre Maison commune.De la suite du programmeSi la première journée était basée sur l’introduction à l’Initiative interreligieuse pour les forêts tropicales, réflexions spirituelles et ateliers autour des questions clés de la forêt tropicale, la deuxième journée ce mercredi est consacrée à l’examen des efforts existants pour protéger les forêts et la planification multipartite d’un programme national de l’Initiative interreligieuse pour les forêts tropicales.
Et le dernier jour de l’atelier, jeudi 05 décembre donc, c’est le lancement public du programme national de l’Initiative interreligieuse pour les forêts tropicales en Rdc, qui sera clôturé par une conférence de presse et une réunion du Conseil consultatif intérimaire de la Rdc. A savoir, l’IRI est une alliance multiconfessionnelle qui a été lancée en 2017et œuvre pour apporter une urgence morale et un leadership religieux aux efforts en cours visant à protéger les forêts tropicales et ceux qui en sont les gardiens. Et cela, pour éviter les effets dévastateurs des changements climatiques.A en croire le ministre de l’Environnement, les forêts tropicales abritent la plus grande diversité de vie sur terre… Elles sont un don irremplaçable de la nature. Elles constituent également un système planétaire indispensable à la vie, en fournissant des aliments, des abris, des moyens de substance, des médicaments, de l’eau potable, à des milliards de personnes…Bokulaka