La situation socio-sécuritaire qui prévaut actuellement dans l’Est de la République démocratique du Congo, notamment dans les provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu, à cause de la résurgence des violences et des tueries, préoccupe la CENCO (Conférence épiscopale nationale du Congo). Les Evêques catholiques ont lancé un appel ce lundi 25 novembre 2019 sur la situation socio-sécuritaire à Beni et à Minembwe, signé par le président de la CENCO, Mgr Marcel Utembi, Evêque de Kisangani.
Dans leur appel, les Evêques catholiques soulignent que faute de solution appropriée, la situation qui perdure à Beni ville et territoire ainsi que dans les Hauts plateaux de Minembwe en territoire de Fizi, risque d’entrainer le pays dans un cycle de violence qui empêchera l’amélioration des conditions de vie des Congolais et la stabilité du pays.
Tout en félicitant le Gouvernement, les FARDC et la MONUSCO « pour les efforts remarquables fournis pour combattre les ennemis de la paix », ils lancent l’appel, d’abord pour élaborer un programme d’urgence en vue de créer un climat d’apaisement et de mettre définitivement fin aux hostilités dans cette partie du pays.
Et pour restaurer l’autorité de l’Etat au travers des services de la Police nationale, de l’Armée, de la Migration, etc., « afin de sortir cette partie du pays de l’arbitraire » ; diligenter un programme de solidarité nationale pour assurer une aide humanitaire aux personnes sinistrées (déplacés, mais aussi les personnes restées sur place dans les zones de conflit ; et créer instamment, au niveau national, un cadre de dialogue pour favoriser un climat de justice, de paix et de reconciliation entre les communautés en conflits.
Les Evêques dénoncent…
Avant de lancer leur appel, les Evêques de la CENCO déplorent d’abord un déplacement massif « qui alourdit la souffrance des populations déjà appauvries et traumatisées par des enlèvements, la présence quasi-permanente des groupes armés et la maladie à virus Ebola ». Mais aussi les conséquences « très néfastes » de ces conflits récurrents : mort d’hommes, maisons et champs abandonnés ou incendiés, insécurité alimentaire, promiscuité, perturbation du rythme scolaire, risque de propagation de la maladie à virus Ebola et d’autres épidémies, précarité accentuée.« Il est inacceptable que, depuis des décennies, la dignité humaine des personnes et la vie humaine soient constamment bafouées, dans un pays où les institutions étatiques et les organisations internationales y établies sont censées protéger toute la population », dénoncent les Evêques de la CENCO.
Toutefois, ils expriment leur solidarité et leur proximité fraternelle à la population qui vit dans ces régions, ainsi qu’à messeigneurs Melchisédech Sikuli (Evêque de Butembo) et Sébastien-Joseph Muyengo (Evêque d’Uvira) et au « peuple de Dieu ».
Aussi, présentent-ils leurs condoléances « les plus chrétiennes » à toutes les familles qui ont perdu les leurs dans ces conflits et expriment leur compassion à tous ceux qui sont sinistrés par ces événements malheureux. « Nous pensons également aux victimes du crash d’avion survenu ce dimanche 24 novembre à Goma et à toutes les familles éprouvées », ajoutent-ils.La situation à Beni selon la CENCO
A partir des informations qui leur sont parvenues, les Evêques de la CENCO ont scruté la situation à Beni ville et territoire au Nord-Kivu où des « présumés ADF-NALU » continuent à marquer leur emprise sur cette partie du territoire national et à semer ainsi la mort et la désolation. Mais aussi à Minembwe dans la province du Sud-Kivu où des affrontements armés ont eu lieu dans les Hauts plateaux de Fizi et d’Uvira.« La pauvre population subit des représailles sur la Route nationale n°4 (axe Beni – Bunia) dans les localités et agglomérations de Eringeti, Kokola, Mayimoya, Mukokjo, Oïcha, Mabasele, Mbau, Mavété en territoire de Beni et Boikene en ville de Beni sur l’axe menant à l’aéroport de Mavivi. Rien qu’en ce mois de novembre, on dénombre près de 80 morts dont 15 à Eringeti, 19 à Mabasele, 41 à Mabu, 5 à Oïcha et 7 à Beni, sans compter les blessés graves et les disparus », renseignent les Evêques de la CENCO.
Ils notent que relativement aux événements malheureux de Minembwe, des troupes étrangères alimentent ces affrontements et se servent des conflits communautaires pour se battre sur le territoire congolais. « De l’écoute des communautés en conflits, nous nous rendons compte de la compléxité de cette situation dont la solution durable ne peut se passer de l’implication des notabilités locales sous le leadership du Gouvernement congolais », affirment-ils.
Bokulaka