Fin mars et début avril 2019 ont emporté deux grandes figures des artistes avérés. Le poète de tout le temps Simaro Lutumba Ndomanueno et le sculpteur Alfred Liyolo. Dès l’annonce officielle de leurs décès, la corporation des artistes, surtout celle de musiciens, s’agite. Des structures ponctuelles se constituent pour pouvoir se mettre en proue afin qu’elles organisent les funérailles. Toute honte bue, ces structures ne s’évertuent qu’à arracher l’organisation des obsèques, devenue une manne qui remplit les poches de plusieurs comités organisateurs. Parfois au détriment de la famille du défunt, qui ne voit que du feu. En fin de compte, tous ces votours qui voltigent tout au tour de cette activité sont plus préoccupés par le lucre que par le sentiment de consolation et de partage d’un malheur survenu dans une famille ou corporation. Personne n’est jamais scandalisé par ce qui est arrivé à la famille de feu Ndaye Mutumbula : le détournement des fonds qui aurait été opéré par ceux qui sont chargés des obsèques. Si on n’assainit pas des telles situations, d’autres scandales vont encore arriver pour les défunts Lutumba et Liyolo. Mais, diable comment en est-on arrivé là ? C’est bien l’État lui-même qui est à la base. Pourquoi on investit tant d’argent sur les choses éphémères et improductives ? En effet, il semblerait qu’on aurait avancé le chiffre de 1 million de dollars américains, le cas d’espèce, pour les funérailles de Lutumba. Et si on n’y tient pas garde, les artistes vont s’empoigner, chacun voudrait être au premier plan afin de « bénéficier » au maximum de services à rendre pour l’enterrement de ces deux artistes. En se regardant en face, tous les frais sont engagés pour « la vanité des vanités ». Quand ces hommes étaient malades, combien ont-ils reçu pour leurs soins ? On peut parier qu’ils étaient abandonnés. (Ndlr : Lufu, auteur du célèbre « Batteur de tam-tam de la Fikin), un autre artiste qui se meurt à domicile faute de moyens). Les Congolais ont perdu leur culture : comment enterrions-nous nos morts ? En tout cas, pas de gerbes de fleurs comme à l’occidentale. L’enterrement était simple et pas trop de dépenses. Une inspiration aurait pu faire réfléchir le monde entier : les obsèques du pape Jean-Paul II en avril 2005. Pas une seule gerbe de fleurs. Pas d’objets ostentoires, mais un cercueil simple qui a étonné tout le monde. L’église catholique était ferme et catégorique : tout l’argent prévu pour les fleurs devrait être versé dans un compte par ceux qui y tenaient. Un point un trait. Cela n’a pas changé le cours normal de la marche de l’Église catholique.
Pourquoi l’État congolais s’engage t-il pour des choses qu’on peut éviter ? Ne nous prêtez pas d’intentions ! On se souviendra des obsèques de tous les artistes musiciens : Tabu Ley, Emeneya, Marie Misamu, Papa Wemba, etc. Des frais etaient encore engagés et qui ont laissé un goût aigre parmi la population. Nous voulons suggérer que d’abord le président de l’UMUCO, Verckys Kiamuangana Mateta, verse leurs cotisations pour les obsèques d’un de leurs, et tous les autres artistes, au vu et au su de toute la population afin d’exprimer aussi leur douleur.
Nous ne sommes pas contre les artistes, ces acteurs de l’industrie des plaisirs, mais il faut qu’il y ait de la mesure et le souci de pleurer du fond du cœur, ceux qui quittent la terre des hommes. Par ailleurs, il serait juste que l’État congolais puisse aussi s’occuper d’une autre classe des Congolais qui se distinguent dans leur activité. Nous citons les scientifiques. Ces hommes et femmes sont négligés par l’État congolais. Ils meurent dans l’anonymat le plus total, sans qu’on en fasse autant de publicité que les artistes-musiciens. Nous relevons certains noms qui ont marqué la vie des Congolais et les autres habitants de la planète : feu prof. Lurhuma, immulogiste à la faculté de médecine de Kinshasa. Il est le premier au Congo, alors Zaïre, et un autre scientifique Égyptien, à avoir mis au point la première molécule qui soignait le SIDA en novembre 1987. Leurs recherches ont jeté la base qui a abouti aux résultats d’aujourd’hui. Le MM1, Mobutu – Moubarak 1er, était un fruit de recherche du prof. Lurhuma qu’aujourd’hui personne reconnaît ni ne se souvient. Il y a eu le physicien nucléaire, prof. Félix Malu wa Kalenga, ayant mené des études poussées dans la production de l’électricité avec la centrale nucléaire de l’Unikin, sans oublier la maîtrise de l’isotope du cobalt très utilisé aujourd’hui, dans le traitement « chimio-thérapetique » de cancer et autres maladies. Les profs. Mbayo, Butsana, Badibanga, Kabe Kele, spécialiste de la drépanocytose (SS) dont la tare est d’environ 30% dans la population congolaise. Tous ces « cracs » mondialement connus, l’État congolais n’en fait pas cas. C’est comme si, ces hommes n’apportent rien dans le développement du pays. D’ailleurs, ceux sont encore vivants passent inaperçus. Nous citerons le prof. Muyembe, spécialiste de la maladie de virus Ebola, qui a apporté son expertise lors de l’épidémie d’Ebola en Afrique de l’Ouest : Libéria, Guinée, Sierra-Leone, etc. Le prof. Théophile Mbemba Fundu, biologiste de renom dont personne n’en parle – pourtant sa découverte de » Kikalakasa » résoud pas mal de problèmes de vitamine à bon marché et surtout « naturel » contrairement aux vitamines de synthèse qui ont des effets secondaires. La liste n’est pas exhaustive. Nous demandons urgemment à l’État congolais de jeter aussi un coup d’œil sur ces sciet, qui voudraient être encouragés de leur vivant et pourquoi pas aussi des obsèques « grandioses ». Une autre preuve d’amnésie de l’État : Me Liyolo a deux casquettes ; artiste-sculpteur, mais aussi un professeur d’université – casquette qui ne ressort pas dans des différentes publicités faites sur son nom après son décès.
DAVID MUTEBA KADIMA