Mais lorsque Mirindi use de sa liberté d’expression, la Cenco réagit en suggestionnant la colère du peuple, estimant que «Les évêques ne peuvent jamais soutenir cela, ça nous éloigne de l’accord, ce sont des pratiques qui risquent de faire appel à des manifestations, et créer des troubles»…
Or, elle ne dit pas elle-même qu’elle la première à s’éloigner de cet accord en raison de son refus de prendre son siège au Cnsa, agissant exactement comme une mère boudant son propre bébé !
A l’occasion de sa dernière sortie, la Cenco – de moins en moins engagée par son président pour être engagée de plus en plus par son secrétaire général, abbé Donatien Nshole – a pris position le 24 mai 2018 par rapport au calendrier électoral, à la décrispation politique, aux manifestations publiques, à la liste des partis et regroupements politiques publiée dans le journal officiel, à la désignation des nouveaux membres du Csac, à la machine à voter, à l’enrôlement des Congolais de l’étranger, au décaissement des fonds destinés à la Céni, à l’insécurité et aux déclarations relatives au 3 mandat de Joseph Kabila. « Plus grave encore est la série de déclarations que l’on enregistre de la part de certains ténors de la Majorité présidentielle qui évoquent la possibilité d’un autre mandat pour l’actuel Président de la République, au grand mépris de notre chère Constitution et de l’Accord de la Saint Sylvestre qui est clair à ce sujet », relève la Cenco qui estime que « Ces propos, motivés par les intérêts de leurs auteurs et non du Chef de l’Etat qui ne gagnera pas à être responsable de l’embrasement du pays, doivent être déconseillés par ceux qui aiment le Congo car, ils peuvent facilement déboucher sur des situations de violence préjudiciables pour la paix et la stabilité de la RDC et de toute la sous-région ». Visiblement, la raison première de cette sortie est le pavé dans la mare jeté par Jean-Cyrus Mirindi. Le coup – un vrai uppercut – a tellement rendu groggys les Constitutionnalistes de l’Opposition que ces derniers ont mis plus de deux semaines pour organiser et harmoniser la réplique. A en croire Mirindi lui-même dans le faux enregistrement de son entretien avec Me Jean Mbuyu, conseiller spécial du Chef de l’Etat en matière de sécurité, même les responsables de la Monusco qui l’ont invité pour un échange, ont mordu à l’hameçon, si bien que ses interlocuteurs n’ont émis des craintes que dans le sens d’incidents de rue. Justement ce dont parle la Cenco…
Pourtant, il y a eu dans ce pays, surtout au cours de ces dix derniers mois, de graves incidents liés à l’application de l’Accord de la Saint Sylvestre entre le 24 novembre 2017 et le 25 février 2018.
Pour rappel, le 24 novembre 2017 avait été clôturée l’assemblée extraordinaire de la Cenco au cours de laquelle les Évêques avaient procédé à l’auto-évaluation de l’application de cet acte politique.
Le 2 décembre 2017, le Clc fit son apparition en récupérant à son compte la déclaration finale des Evêques. D’où le fameux ultimatum au Président Joseph Kabila de se prononcer au plus tard le
15 décembre 2017 sur sa non-candidature à un troisième mandat.
La suite est connue : le Clc – sous l’autorité morale du cardinal Laurent Monsengwo – va organiser les marches du 31 décembre 2017 ainsi que du 21 janvier et du 25 février 2018, l’objectif affiché pour la consommation populaire étant l’application intégrale et stricte de l’Accord.
Curieusement, la Cenco, elle-même, continue de se soustraire de cette obligation «constitutionnelle» (l’Accord a valeur de Constitution, soutient le constitutionnaliste Jacques (et non Victor) Ndjoli). Elle ne siège toujours pas au Cnsa alors que l’Accord la consacre membre d’office de cette structure ayant pour mission, selon le point IV.2.3. du chapitre IV relatif au Processus électoral «de veiller au respect de l’Accord politique par tous les animateurs des Institutions et d’assurer le suivi ainsi que l’évaluation de sa mise en oeuvre en vue de garantir l’organisation des élections crédibles, transparentes et apaisées ».
Pour mémoire, aux termes du point VI.2.2. portant sur la composition de cette structure, «Les parties prenantes s’accordent sur le nombre de 28 membres pour constituer le Conseil National de Suivi de l’Accord, y compris la CENCO , et sollicitent que la plénière tranche sur la répartition pour la représentativité en termes de composantes».
Malgré cela, la Cenco continue de refuser d’assumer ses responsabilités. Pourtant, la méditation dite Cenco est la sienne. Lors de sa conférence de presse du 26 janvier 2018, le Chef de l’État a rétabli les faits de la vérité. « Au mois d’octobre 2016, le président de la Cenco et son vice-président étaient venus me voir pour me dire : Monsieur le Président, nous pensons que l’Accord signé au niveau de la Cité de l’Union africaine, c’est un bon accord, mais il reste encore une frange de l’Opposition. Est-ce que vous ne pouvez pas accepter que nous puissions faire un travail pour (…) ramener cette partie de l’Opposition à adhérer à cet accord, et comme ça, nous aurons un accord complet. J’avais dit : merci, je pense que c’est une bonne idée, une très bonne idée d’ailleurs ? Vous avez le feu vert, mais il ne faut pas oublier qu’on n’a plus beaucoup de temps « , a-t-il révélé. La Cenco ne l’a jamais démenti.
Instrumentalisation de la «Vierge Marie»
Les incidents enregistrés ont eu aussi pour origine la position radicale affichée par l’Udps/Tshisekedi à propos de la « Transition Sans Kabila».
Du dernier trimestre 2017 à ce jour, Félix Antoine Tshisekedi et Jean-Marc Kabund n’ont pour discours de mobilisation et de galvanisation que celui de la fameuse «TSK».
Activé concomitamment avec les appels du Clc et relayé par la thèse selon laquelle au 31 décembre 2017 l’Accord de la Saint Sylvestre tombait caduc alors que c’est faux, ce discours va susciter des manifestations publiques émaillées d’incidents avec pour symbole feu
Rossy Mukendi .
L’opinion avertie constatera seulement que la Cenco ne relève jamais la dangerosité des propos de l’Opposition radicale. Au contraire, par son silence, elle semble encourager les «extrémistes» de «Rassop/Limete» à accentuer la pression, peu importe le prix de sang payé par le peuple.
Qu’elle se réveille seulement maintenant en considérant que les propos de certains membres de la Majorité présidentielle « peuvent facilement déboucher sur des situations de violence préjudiciables pour la paix et la stabilité de la RDC et de toute la sous-région » pendant qu’elle cautionne ceux de l’Opposition radicale, voilà une bonne raison de confirmer ce qui est connu de l’opinion publique : par leur volonté, certains Evêques de la Cenco pratiquent l’instrumentalisation de «la Vierge Marie » en «Reine de la Paix» pour un camp précis.
C’est en soi curieux qu’ils se focalisent sur les déclarations découlant de la thèse de Jean-Cyrus Mirindi pour un troisième mandat du Chef de l’Etat et s’abstiennent de rappeler celles du Président de la République le 26 janvier et de son cabinet le 9 mai 2018 faites dans le sens de renouveler pour la énième fois l’engagement de respecter la Constitution dans toutes ses dispositions.
Il y a là discrimination avérée. Une discrimination à la base de beaucoup de désagréments constatés dans la gestion de l’opinion par rapport à l’enjeu électoral.
Effectivement, si la Cenco avait réellement de la considération pour l’Accord du 31 décembre 2016, son accord, elle se serait investie sérieusement dans la mise en place du Cnsa. En s’y abstenant, elle a agi à la manière des Pharisiens cités en Luc 11:46 (lire EDITORIAL intitulé « Cenco et Luc 11 :46 »).
Ils chargeaient leurs semblables de fardeaux lourds à porter, sans les en soulager !
Omer Nsongo die Lema
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