PolitiqueAccord du 31 décembre 2016. La Cenco doit rejoindre...

Accord du 31 décembre 2016. La Cenco doit rejoindre le Cnsa !

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Aucune logique ne justifie dans le chef de la Cenco, d’une part, la revendication de l’application intégrale de l’Accord de la Saint Sylvestre et, de l’autre, son absence de l’institution chargée justement de cette application…

La Cenco a le vent en poupe. De New York à Brazzaville en passant par Bruxelles et même Rome, on ne parle que répression de la Marche du 31 décembre 2017. Des Nations Unies, Jean-Pierre Lacroix, chef du département des opérations de maintien de la paix à l’ONU, a déploré « les entraves dont les équipes de la MONUSCO qui patrouillaient le 31 décembre ont fait l’objet de la part des forces de sécurité nationale ». Nikky Haley va ajouter : « Suivre des rapports de telles brutalités et cruautés contre des civils innocents et des enfants dans le plus sacré des lieux est vraiment horrifiant». De Bruxelles, Didier Reynders a fait la déclaration selon laquelle « Face à des événements aussi tragiques, la responsabilité individuelle des auteurs et de ceux qui n’ont pas respecté l’accord du 31 décembre est engagée”. Et de Brazzaville où il a conduit une délégation auprès du Président Denis Sassou N’Guesso, l’abbé Donatien Shole a déclaré : «Nous avons pris l’initiative de rencontrer le président Sassou pour partager avec lui notre conviction de la mise en œuvre complète de l’Accord du 31 décembre (…) dans la perspective d’arriver aux élections comme prévu dans le calendrier électoral qui a été publié afin d’obtenir des élections libres et transparentes»…

Les condamnations vont s’enchaînant. Mais, curieusement, ce que la Cenco elle-même ne dit pas, ce qu’elle fait partie du Cnsa, institution chargée entre autres d’« Assurer le règlement d’éventuelles divergences nées de l’interprétation de l’Accord entre les parties prenantes et concilier leurs points de vue à cet égard».

La question pertinente est de savoir pourquoi l’unique composante de la Société civile à être

nommément citée dans l’Accord n’y siège pas alors que sa présence et sa participation aux travaux sont de nature à contribuer activement à la réalisation de toutes les attributions au demeurant clairement définies dans ce texte.

La réponse plausible est qu’à l’instar de l’Udps pour la primature et du G7 pour la présidence du Cnsa, la Cenco n’a pas voulu associer son nom à ce qui était prévisible depuis les travaux du centre interdiocesain en décembre 2016, à savoir l’impossibilité d’organiser la présidentielle dans les délais fixés dans l’Accord, entendez au plus tard le 31 décembre 2017.

L’Udps, le G7, Rassop et une partie de la Cenco se voyaient mal entériner l’attribution 8 consistant à « Apprécier consensuellement le temps nécessaire pour le parachèvement desdites élections avec le Gouvernement et la CENI ».

Raison pour entraîner les Chrétiens dans la rue ?

Maintenant que la Cenco, par la volonté du cardinal Monsengwo, remet l’Accord au centre du débat politique et diplomatique, une séance d’évaluation de l’application de cet instrument devient incontournable.

C’est, du reste, dans cette perspective que le G7 sollicite de Rassemblement une harmonisation du langage, même si, pour la consommation populaire, il met en exergue la gestion de la Transition Sans Kabila. «Nous devrions aussi convenir des éléments de langage à tenir quant à ce », a souligné Pierre Lumbi dans la lettre du G7 au président de Rassemblement, l’objet étant «Position du Rassop sur l’Accord du 31 décembre 2016».

Il n’est pas exclu que la Cenco conditionne sa participation au Cnsa par l’octroi d’un poste plus important que celui – non défini – auquel elle est destinée.

Effectivement, le poste réservé à la Médiation catholique n’est pas défini bien que la Cenco soit d’office membre de cette institution d’appui à la démocratie.

Est-ce cependant une raison pour entraîner les Chrétiens dans la rue ?

Manipulation de l’opinion…

Au fait, lorsqu’on analyse les causes profondes des manifestations organisées au cours de l’année 2017 au nom de l’Accord du 31 décembre 2017, tout indique qu’elles servent à couvrir les erreurs stratégiques commises pendant les négociations.

Que les raisons évoquées soient la nomination du Premier ministre issu de Rassemblement ou du président du Cnsa sinon la mise en œuvre des mesures de décrispation, ces erreurs sont au rendez-vous.

Il est, juste un exemple, anormal que la Cenco – avec toute l’expertise dont elle dispose pour des questions judiciaires, d’isoler les dossiers Eugène Diomi Ndongala, Moïse Katumbi et Jean-Claude Muyambo de la «Commission des Hauts Magistrats» pendant qu’au point V.1. il est bien dit que « Les parties prenantes au présent Accord prennent acte de la mise sur pied effective d’une Commission de Hauts Magistrats pour un examen minutieux, au cas par cas, des dossiers des prisonniers politiques et d’opinion, des bénéficiaires de la dernière loi d’amnistie mais qui ne sont pas encore libérés, des exilés et réfugiés politiques repris dans la liste en annexe ».

La formulation de cette disposition englobe tous les cas, dont les «plus emblématiques». A ce moment-là, la Cenco devait laisser à cette structure la responsabilité de l’application des mesures de décrispation.

Pour autant qu’elle ait cherché, autre exemple, à jouer un grand rôle dans la mise en œuvre intégrale de l’Accord, elle se devait de prendre sa place dans le Cnsa dont les 8 missions, pour rappel, sont :

1. Assurer le suivi du chronogramme de mise en œuvre de l’Accord.

2. Réaliser des évaluations régulières du processus électoral, au moins une fois tous les deux mois, avec la CENI et le Gouvernement ;

3. Communiquer régulièrement sur l’état d’avancement de la mise en œuvre de l’Accord ;

4. Formuler des recommandations respectivement aux Parlement, au Gouvernement et à la CENI pour la bonne exécution de l’Accord ;

5. Assurer le règlement d’éventuelles divergences nées de l’interprétation de l’Accord entre les parties prenantes et concilier leurs points de vue à cet égard ;

6. Se concerter avec le Gouvernement et la CENI afin d’harmoniser les vues quant à la réussite du processus électoral ;

7. Elaborer son Règlement Intérieur sous réserve de sa conformité à la Constitution

8. Apprécier consensuellement le temps nécessaire pour le parachèvement desdites élections avec le Gouvernement et la CENI ».

Autrement, elle viole l’Accord…

Le non-sens consiste, dans le chef de la Cenco, d’une part, de fuir ses responsabilités clairement définies dans l’Accord de la Saint Sylvestre, et, d’autre part, de réclamer par voie des manifestations publiques – dont la Marche du 31 décembre 2017 – l’application intégrale du même accord, mais en le limitant au volet partiel de la «Décrispation politique».

La Cenco, entraînée par le Clc et l’archevêque de Kinshasa, a été menée dans l’aveu de la manipulation de l’opinion. Avec pour conséquence, comme relevé dans l’Editorial, «Monsengwo le sait : plus rien ne sera comme avant ! »

A l’exception peut-être de la Belgique de Didier Reynders, plusieurs capitales des pays membres de l’Onu, de l’Union africaine et de l’Union européenne ne peuvent que se demander pourquoi la Cenco a résolu de mettre les gens dans la rue alors qu’elle avait mieux à faire en prenant sa place au sein du Cnsa.

De cette institution, voici ce que dit exactement le secrétaire général de l’Onu à la suite des événements du 31 décembre 2017 : «Je note avec satisfaction que le Conseil national de suivi de la transition a décidé de rechercher une solution à ce problème fondamental et de contribuer à la création de conditions politiques propices à la tenue d’élections crédibles ».

Ayant pratiqué la politique de la chaise vide, la Cenco doit rejoindre le Cnsa

Autrement, elle viole l’Accord…

Omer Nsongo die Lema

@omernsongo

E-mail :

omernsongo@gmail.com

www.congo30juin.com

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